The Thaumaturge

En 2024, l’éditeur de jeu polonais 11 Bit Studios m’a déjà conquise avec Indika, et revient en force en cette fin d’année en distribuant The Thaumaturge, le nouveau jeu du studio Fool’s Theory. À noter que ce dernier travaille actuellement en collaboration avec CD Projekt Red sur le remake de The Witcher 1, autant vous dire qu’ils sont attendus au tournant. Surtout que Fool’s Theory, depuis sa fondation en 2015, aime donner une expérience singulière au joueur à travers sa narration et les choix que ce dernier doit faire lors de son aventure. Est-ce le cas encore cette fois ? Déjà sortis sur PC en début d’année, nous avons dès à présent la chance de pouvoir tester The Thaumaturge sur console. 

Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur.

Raspou’Tintin Chez les Soviets

Dans l’univers du Thaumaturge, la population est exposée à des “Failles”, à savoir attirer à soi, souvent de manière involontaire, des entités maléfiques à cause de défauts et autres faiblesses existentielles, comme des traumatismes par exemple. Certaines personnes se retrouvent alors possédées par ces “Salutors” et se voient contraintes de recevoir l’aide d’un Thaumaturge afin de se “soigner”. Wiktor Szulski, notre héros, Thaumaturge de son état, entre alors en scène et va revêtir la casquette d’enquêteur, puis de chasseur, afin de trouver et “capturer” les “Salutors sauvages”, bien souvent les plus problématiques et non désirés.

Mais ce n’est pas si simple car Wiktor possède lui-même une Faille, sa fierté, qui peut se trouver être un avantage comme un défaut selon les situations. Le rôle de Wiktor est donc d’enquêter sur ces entités mystérieuses à l’aide de son propre Salutor, Oupyr, afin de retrouver le propriétaire de cette menace, à savoir une personne possédant une faille assez profonde pour avoir attiré ce démon. Une fois identifié, il se charge alors de la soigner. Tout cet univers foisonnant prend place à Varsovie, en 1905, dans un contexte géopolitique particulier, vu qu’il s’agit de la Révolution Russo-Polonaise. C’est dans cette ambiance que nous évoluons, tantôt avec notre sœur Ligia, tantôt avec des figures plus connues telles que Raspoutine.

Salutors, Attrapez-les Tous !

Avec sa vue isométrique 3D, The Thaumaturge pourrait être défini comme un point and clic des temps modernes, avec une touche de combats en tour par tour. En effet, tout au long de notre aventure, nous allons sillonner Varsovie et interagir constamment avec des objets (mais pas que…). Comme ces objets gardent une trace des émotions des personnes qui ont été en contact avec, ils font partie intégrante du gameplay, car nous serons constamment à la recherche d’indices ou lieux importants à l’aide de notre perception lors de nos recherches. Que ce soit lors d’enquêtes, où nous devrons inspecter méticuleusement une zone à l’aide de notre perception, ou encore, tout simplement, en nous baladant dans les différents lieux, en ramassant tantôt une gazette, tantôt un magazine de mode, tantôt une note laissée négligemment sur un banc…

Mais cela ne s’arrête pas là, car nous aurons aussi la possibilité de trouver des lieux emblématiques, de les admirer, voire de les dessiner. C’est un véritable voyage en Pologne que The Thaumaturge nous permet de faire, afin de découvrir et de vivre cette culture. Mais en plus d’être un point un click, The Thaumaturge est également un RPG car nous avons la possibilité d’obtenir des points de thaumaturgie à dépenser dans un arbre de compétences liées à nos différents Salutors. Mais nous reviendrons plus tard sur cet aspect. Lors de nos enquêtes, il arrivera que ces dernières soient liées à des Salutors qu’il conviendra de traquer, combattre et apprivoiser pour bénéficier de leurs compétences par la suite.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’à l’instar des signes de sorceleur, les Salutors correspondent à un type de pouvoir. En effet, selon notre évolution dans l’un des types de pouvoir, nous aurons accès à des dialogues ou skills lors des combats. L’un va être plus axé sur le cœur quand l’autre sera plus axé sur les actes, par exemple. On pourrait d’ailleurs penser qu’en diversifiant autant les Salutors et le panel de pouvoirs qui y sont associés, le gameplay gagne en diversité, mais en fait, pas tellement. C’est indéniable que l’un ou l’autre des Salutor va apporter sa touche, et qu’un combat que l’on ne gagnait pas avant, va être remporté grâce à l’acquisition de ce dernier, mais concernant le gameplay et les possibilités, elles restent très limitées et c’en est même un peu répétitif si l’on enchaîne des combats plusieurs fois d’affilée.

Lors des choix que Wiktor doit faire, j’ai particulièrement apprécié avoir accès à l’historique du dialogue qui vient d’avoir lieu afin de pouvoir le relire et adapter si nécessaire le choix à faire. Choix qui pourra également être fait sous l’influence d’un Salutor, si nous avons assez de points de thaumaturgie avec ce dernier. Il nous sera alors possible de manipuler la personne pour l’amener à faire ce que nous pensons être le plus adaptés à la situation. Mais, nous pouvons aussi choisir de répondre en accord avec la faille de Wiktor, la fierté, pour le meilleur et pour le pire… Si les conversations dégénèrent, un combat en tour par tour est lancé.

Nous retrouvons un ATH classique du genre avec, sur le dessus, l’ordre de passage des différents protagonistes, ainsi que l’action qu’ils prévoient d’effectuer. Sur la gauche, la possibilité de sélectionner un Salutor, et au-dessus de chaque ennemi, un deck lié aux pouvoirs du Salutor choisi. Chaque carte permet de faire des dégâts, qui seront immédiats mais légers, ou appliqués en décalés mais plus forts, enfin, nous avons la possibilité de donner un état passif à la cible, par exemple saignement, qui va ôter 4 points de vie pendant 3 tours. Cet état passif peut également être appliqué par nos ennemis à Wiktor. Attention à toujours bien garder un œil sur ces derniers.

Chaque cible, ainsi que Wiktor, possède sa jauge vitale ainsi que celle de concentration, qui peut être perçue comme l’équivalent du bouclier dans d’autres jeux. En effet, cette jauge fait office de protection, et offre des avantages propres à chaque ennemi. Il en est de même pour le “Trait”, autre bonus que l’ennemi possède, donc selon la concentration ou le Trait de ce dernier, un type de Salutor sera mieux adapté qu’un autre. Il conviendra alors de sélectionner le plus adéquat selon la situation. En guise de soin, certains de nos Salutors ont des capacités que l’on pourrait qualifier de vampiriques, qui vont nous remettre un nombre de points de vie prédéfini lors de la sélection de l’action. Et… C’est à peu près tout. À l’issue de chaque combat, Wiktor récupère l’intégralité de ses points de vie et de concentration.

Un Violon sur l’Effroi

The Thaumaturge est un régal pour les yeux ! Tout est fouillé, détaillé, que ce soit sur les étals des marchands, les affiches sur les murs, ou encore les intérieurs. Malheureusement, nous n’avons pas la possibilité de bouger la caméra, celle-ci est fixe et nous permet simplement de zoomer ou dézoomer sur Wiktor. Cependant, en étant trop proche de lui, j’avais du mal à voir la direction dans laquelle je me dirigeais, donc je l’ai laissée la plus éloignée possible.

J’aurais aimé avoir plus de flexibilité à ce niveau, à la façon d’un Baldur’s Gate 3 par exemple, qui permet de se mettre un peu plus à hauteur du personnage lors de l’exploration, ou à défaut pouvoir faire des rotations dans la zone d’action. Cependant, cette vue éloignée permet également de mieux voir la délimitation de la zone. En effet, chacune est délimitée par un “brouillard” qu’il est impossible de franchir.

J’ai cependant noté quelques soucis de textures et du clipping à certains moments, mais rien d’alarmant. Bien qu’étant discrète, la musique de The Thaumaturge ne laisse pas indifférent. Subtil mélange entre celle de The Witcher 3, avec ses violons pleins de tristesse, et ceux de Vampyr, plus nerveux, le cocktail est molotov, enfin… explosif. Je l’ai trouvée mélancolique, avec des tonalités rappelant les musiques folkloriques des balkans, mais également plus joyeuse et moderne, lors des combats par exemple, avec une mélodie au piano et aux cordes assez rythmées. Malheureusement, cette dernière est toujours la même lors de chaque type de combat, peu importe son ampleur (on aurait pu imaginer un thème différent lors de la capture d’un Salutor secondaire, par exemple, ou encore différencier les simples bagarres de rue et les captures de Salutor), et peuvent devenir lassantes au bout d’un certain temps, alors que les mélodies lors des phases d’exploration sont beaucoup plus variées.

Lors des dialogues, il y a peu de bruits ambiants et la musique est particulièrement calme, douce et posée. Je dois d’ailleurs admettre que c’est plutôt reposant et que ça participe à faire l’identité du jeu. Cela permet de se focaliser sur les dialogues et les choix que l’on devra faire. Autre petite touche qui fait son effet : l’écran d’accueil qui change selon le dernier Salutor capturé

C’est Normal en Russie

J’ai tout de suite été happée par le jeu, qui m’a rappelé, outre la musique, Vampyr que j’avais adoré ! Wiktor Szulski n’est pas sans rappeler Jonathan Reid sous certains aspects. On retrouve aussi quelques inspirations qui m’ont fait penser à The Witcher 3, ou encore, dans une moindre mesure, Red Dead Redemption 2. L’ambiance des rues de Varsovie est parsemée de détails, qu’ils soient cosmétiques ou historiques, chaque PNJ que l’on va croiser aura une petite phrase qui va s’afficher au-dessus de lui et donner ainsi le ton, ou une information sur ce qu’il fait, ou encore le lieu où l’on se trouve. Nous retrouverons également de nombreux lieux emblématiques de la ville sous forme de photographies, points de vue, gazettes, le tout à collectionner.

En parlant de collectibles, ces derniers sont vraiment nombreux et participent à la découverte des différentes zones, mais aussi du contexte politique dans lequel évoluent les protagonistes. Wiktor se promène d’ailleurs avec beaucoup de plaisir dans ces rues animées à la recherche d’expériences qu’il pourra ensuite croquer dans son carnet à dessins, à l’instar d’Arthur Morgan. Ainsi, ce sont de véritables arrêts dans le temps que le jeu nous propose à travers ces différentes facettes de la culture polonaise. Par exemple, nous avons accès aux différentes zones grâce à un déplacement rapide. Pour ce dernier, nous devons nous rendre à des endroits particuliers, comme des calèches, ou une gare de tramways par exemple. Belle façon d’intégrer dans le gameplay différents aspects des villes de l’époque.

De plus, nous aurons également la possibilité de changer les tenues de Wiktor, chez un tailleur, ou encore de le coiffer ou le raser selon nos préférences chez un coiffeur. Ces quelques détails ne sont pas sans rappeler une nouvelle fois Red Dead Redemption 2, qui a également des systèmes similaires concernant les voyages rapides et le style d’Arthur, le protagoniste. Il n’y a pas à proprement parler de rythme jour-nuit dans The Thaumaturge, mais il est cependant possible d’attendre un moment de la journée en particulier sur des bancs spécifiques, comme lorsque le Géralt de The Witcher 3 va méditer. En effet, certaines quêtes vont nécessiter un moment particulier de la journée, et certaines ne seront disponibles qu’à certains moments également. Il ne faut pas hésiter à sillonner les différentes zones aux différents moments de la journée si l’on ne veut pas rater l’une ou l’autre quête.

Concernant les doublages de The Thaumaturge, ils sont tout simplement parfaits et en accord avec le jeu. J’ai testé la version anglaise, qui est déjà de grande qualité, mais également la version polonaise, qui, à mon sens, la surpasse. En effet, cette version nous plonge d’autant plus dans les confins de Varsovie et l’immersion n’en est que plus grande.

Par contre, concernant les sous-titres et la traduction, je mets toujours tout en français et là… grosse déceptionBeaucoup d’erreurs de traduction ou d’orthographe se retrouvent tant dans les dialogues que dans des titres ou textes de collectibles. J’espère qu’un patch sera apporté, car c’est le genre de détails qui attire l’attention lorsqu’on les a remarqués et nous sortent de l’immersion pourtant très aboutie et réussie. 

Pour conclure…

The Thaumaturge est pour moi une belle découverte. C’est un véritable voyage à Varsovie que nous propose le studio Fool’s Theory. Malgré des combats répétitifs et des soucis de traduction, le lore est passionnant, les collectibles sont intéressants et sont, pour la plupart, un petit bout d’histoire et de culture. La vraie bonne idée reste d’y faire apparaître des figures emblématiques telle que Raspoutine. J’ai adoré fouiller le moindre recoin à la recherche d’indices, de nouvelles tenues, ou de me rendre aux différents lieux de rendez-vous pour que Wiktor puisse faire un croquis dans son carnet. Découvrir les différents Salutors, et les histoires des différents intervenants était aussi passionnant. 

La  note  de la  rédaction

4/5

Les notes de la rédaction

Les points positifs

Original et Créatif 

Immersion dans Varsovie 

Sens du Détail (historique, cosmétique,…) 

Lore Intéressant

Les points négatifs

Combats Répétitifs et peu Diversifiés 

Soucis dans la Traduction Française 

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