Hirayasumi – Tome 1

Dans cette nouvelle série de tranches de vie, cosy et zen, Keigo Shinzô propose une critique de la société à travers les problématiques de différents personnages, de façon douce et posée, qui vont s’entremêler. On suit calmement la vie de différents protagonistes, sans tension, et on observe simplement leur vie. Hirayasumi est une safe place, une parenthèse de calme. 

Hiroto Ikuta, 29 ans, freeter (employé à temps partiel), a reçu en héritage une petite maison de plain-pied que lui a léguée une vieille dame avec laquelle il s’était lié d’amitié.

Lézard Noir

Solitude et Liberté

Le tome 1 de Hirayasumi pourrait se diviser en 2 parties : la première avec la relation entre Hiroto et la vieille dame, madame Hanae, et la seconde avec l’arrivée de sa cousine, Natsumi. En effet, Hiroto rend visite à cette vieille dame de 83 ans avec qui il s’est lié d’amitié, le lundi et le jeudi pour prendre le repas du soir avec elle. Il se trouve que notre héros se sent à l’aise avec les mamies, mais dès qu’il est question d’adresser la parole à une jolie femme, il perd tous ses moyens. Il travaille à temps partiel, ce qui n’est pas courant au Japon, dont l’une des valeurs est la dévotion au travail. De plus, il vit seul et n’a pas de petite amie.

Madame Hanae n’a pas eu d’enfants, ni de conjoint et vit seule également. En effet, bien qu’elle le cache, la solitude semble d’ailleurs lui peser avant sa rencontre avec Hiroto. Tous deux semblent combler leur isolement grâce à ces repas partagés en la compagnie l’un de l’autre. Malheureusement, un soir, elle décède, non sans avoir légué sa maison à Hiroto. En parallèle, nous faisons également la rencontre du meilleur ami du protagoniste, Hideki, qui a un style de vie opposé à celui de notre héros : marié, futur papa, boulot traditionnel,…, tout ce qu’on attend d’un citoyen modèle. Cependant, ce dernier semble envier la liberté d’Hiroto. Ce portrait dépeint une critique des conventions sociales, ce que mon côté rebelle a particulièrement apprécié.

Rejoint par Natsumi, sa jeune cousine qui vient d’arriver à Tokyo pour poursuivre des études d’art, ils entament sous le même toit une vie à la fois paisible et mouvementée !

Lézard Noir

Choc de Générations

L’arrivée de Natsumi est un vent de fraîcheur ! Au départ, on ressent un décalage entre la jeune fille et Hiroto. En effet, cette dernière est insensible aux remèdes ancestraux qui ont été transmis par Madame Hanae à Hiroto, ce qui blesse ce dernier car depuis la disparition de la vieille dame, ils ont pour lui une valeur sentimentale. Dans cette seconde partie de Hirayasumi, on va surtout se focaliser sur la jeune fille, avec des sujets propres à cet âge là, comme par exemple la difficulté à s’intégrer dans un nouvel établissement, la peur du regard des autres et les jugements qui l’accompagnent, ou encore la difficulté à créer du lien et se lier d’amitié.

Le rêve de Natsumi est de devenir mangaka, mais pour elle, ce métier est encore en proie à certains préjugés. En effet, dans son esprit, être mangaka c’est être une otaku (= geek), et c’est honteux. Elle n’assume pas son amour pour le manga, alors qu’elle semble douée pour ça. Il est particulièrement chouette d’avoir deux générations qui vivent sous le même toit, car cela permet à toutes les tranches d’âge de s’identifier à l’une des intrigues. En parallèle, nous faisons la connaissance de Yomogi, une agente immobilière qui, contrairement à Hiroto, passe son temps à travailler sans s’octroyer de moments de détente, et oublie de vivre.

Hirayasumi est un Bel Ouvrage

L’édition de Hirayasumi est très soignée avec une couverture sans rabat détachable. De plus, les pages en couleurs sont de couleurs pastels, avec un effet délavé ce qui renforce la douceur du manga. Par certains aspects, notamment l’aspect tranquille, les scènes de vie simples, la mise en avant de la nourriture, ou encore, les beaux paysages, le style de Hirayasumi pourrait se comparer avec des mangas de Jiro Tanigushi ou Yuki Urushibara. Les dessins sont un peu différents de ce que l’on a l’habitude de voir dans le manga. Le trait est un peu plus spontané, moins fini, ce qui apporte du dynamisme et rend les visages légèrement caricaturaux. Quelques belles images pleine planche viennent ponctuer la lecture de manière agréable.

Mon Avis sur Hirayasumi – Tome 1

J’ai beaucoup aimé que Hirayasumi aborde des sujets de société plutôt sensibles pour le Japon, mais pas que, comme la transmission. En effet, entre le travail à temps partiel ou, au contraire, travailler à temps plein, voire plus, mais aussi, le regard des autres, il y a de fortes chances que l’on se sente concerné par l’une ou l’autre des thématiques abordées. Les personnages que l’on va suivre de près, ou de loin, vont s’inspirer mutuellement pour surmonter les épreuves quotidiennes de la vie.

On sent que Keigo Shinzo n’a pas pour but de construire des intrigues sur le long terme, et ne laissera jamais un moment de tension durer trop lontemps. Cela peut être une qualité comme un défaut selon votre envie du moment. Finalement, le crédo de ce manga reste un bon « Carpe Diem », ce qui mine de rien est toujours bon à rappeler à notre époque. L’aspect calme, reposant et positif du manga m’a rappelé d’autres mangas avec une ambiance similaire, comme ceux de Yuki Urushibara, ou bien encore « Escale à Yokohama » de Hitoshi Ashinano, des ouvrages « feel good » et campagnards où un chapitre équivaut à une seule situation. Et le petit plus qui fait toujours plaisir : la petite note avec une recette toute simple. 

Pour conclure…

Nous avons là une petite pépite, tant par l’écart qu’elle créée avec les valeurs habituelles japonaises, que par le style général du manga. L’idée de créer des intrigues sur différentes tranches d’âges ajoute encore une plus value, surtout que l’ensemble est enrobé d’une belle dose de sincérité et de douceur de vivre. Le récit véhicule des valeurs positives et particulièrement intéressantes pour la génération de trentenaires ou plus. Les graphismes sont largement à la hauteur de la qualité du récit, le trait est léger, spontané, et reflète parfaitement la “zenitude” du manga.

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