Alone in the Dark

Sorti initialement en 1992 sur PC, Alone in the Dark, considéré par beaucoup comme le premier survival horror de l’histoire, revient en force grâce à Pieces Interactive et THQ Nordic. C’est donc une toute nouvelle adaptation du chef-d’œuvre de Frédéric Raynal qui nous est proposée ici et qui arrive pour hanter nos PC, PS5 et Xbox Series le 20 mars 2024. Pas tout à fait un remake, mais pas vraiment un reboot non plus, Alone in the Dark 2024 avait de quoi intriguer, et ce dès son annonce à la Gamescom 2022. Après plusieurs reports, il est désormais temps de pousser la porte du manoir de Derceto et de découvrir les sombres abominations qui le peuplent. Toc toc !

Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur.

Bayou, say me !

Dans cette itération 2024 d’Alone in the Dark, nous avons donc le choix, comme dans le jeu original, de choisir entre Edward Carnby et Emily Hartwood qui débarquent au manoir de Derceto en Louisiane avec le but avoué de ramener avec eux Jeremy Hartwood. En effet, la jeune femme a reçu une lettre inquiétante de son oncle et compte bien le sortir, de force s’il le faut, de l’asile où il est interné. Pour cela, elle s’est adjoint les services d’un détective privé et c’est en sa compagnie qu’elle va se présenter devant les portes du manoir. Une fois le choix de votre avatar réalisé, vous allez vous trouver devant une première difficulté, vous introduire dans la demeure dont la porte reste obstinément close malgré vos appels.

C’est donc après un passage par le jardin et la cave que vous allez pouvoir déverrouiller l’entrée à votre compagnon, juste avant que l’un des membres du personnel ne vous apprenne que Jeremy est porté disparu et que les aides soignant sont à sa recherche. C’est donc à vous qu’il appartiendra de faire toute la lumière sur cette étrange disparition, ainsi que sur les événements inquiétants ayant lieu aussi bien à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique que dans la psyché de l’oncle Jérémy. Si le choix du personnage principal n’a pas réellement d’importance sur le déroulement de l’intrigue (à quelques détails prêts), il est cependant vivement conseillé de faire les deux scénarios pour bien comprendre toutes les subtilités de l’affaire.

En effet, une fois passé la porte de Derceto vous vous séparerez bien vite de votre acolyte (que vous ne croiserez plus qu’occasionnellement par la suite), et vous vous rendrez compte très vite que l’attitude des résidents envers vous ne sera pas franchement la même suivant votre identité. Un passage vous plongeant dans le passé d’Edward et d’Emily sera même totalement différent et apportera son lot de surprises bienvenues pour ceux qui enchaîneraient les deux intrigues.

Soyons honnêtes, les graphismes (que nous avions pu entrevoir au détour des trailers) font datés, mais la direction artistique donne un cachet authentique au titre de THQ Nordic et se révèle parfaite pour nous mettre dans l’ambiance de cette Louisiane du début du XXᵉ siècle. De la même façon, la bande son jazzy qui accompagne votre aventure est très plaisante et sait devenir oppressante à souhait quand les ennemis sont dans les parages, même si les divers bugs de déclenchement des sons ne vous aideront pas à déterminer si vous risquez votre peau ou pas.

Alone in the Park

Comme de bien entendu, les références au titre de 1992 et à ses deux suites sont légion, que ce soit au niveau des protagonistes, dans les dialogues ou les documents et même dans certains items. Si les développeurs ont voulu partir sur une trame scénaristique totalement nouvelle, ils ont quand même tenu à prendre l’avis du créateur original afin de ne pas dénaturer la licence à laquelle ils voulaient rendre hommage. Et c’est plutôt réussi puisque l’on se plonge très rapidement et entièrement dans les eaux marécageuses du Bayou en compagnie du détective et de l’héritière des Hartwood, aidé en cela par le doublage inspiré de David Harbour (Stranger Things, Hellboy, Gran Turismo), Jodie Comer (Free Guy, Le Dernier Duel) et des PNJ en général (il est à noter que le doublage français est également excellent).

Votre but, pour résoudre le mystère du manoir de Derceto sera donc de l’explorer en long, en large et en diagonale tout en résolvant divers casses-tête qui vous permettront d’en apprendre plus sur le lore ou de trouver des indices pour résoudre de nouvelles énigmes. Celles-ci bien qu’assez classiques, devraient vous donner du fil à retordre sans être non plus bloquantes dans votre progression, sauf peut-être pour trouver la combinaison du coffre de la Pregzt Compagny qui vous obligera à considérer l’indice en anglais, sans vous occuper de sa traduction française (ce qui pourra poser un problème aux non-anglophiles). À chaque nouveau document écrit récupéré, vous pourrez l’entendre être lu par le personnage l’ayant écrit, un petit ajout bien sympathique qui permet de deviner plus facilement l’état d’esprit de son auteur.

C’est un fait établi, vous ne quitterez pas Derceto de toute votre aventure, et pourtant vous allez être amené à voyager dans des environnements divers et variés grâce à un talisman qui vous ouvrira des portes sur des réalités alternatives de lieux existant dans vos souvenirs ou dans la tête de Jeremy. Ces mondes peuplés de créatures abominables vous emmèneront des profondeurs d’un temple égyptien enseveli, aux rues embrumées de la Nouvelle-Orléans en passant par un sinistre cimetière, le tout en pleine nuit évidemment.

Si Alone in the Dark n’est pas aussi solide techniquement que ce qu’on pourrait attendre d’un AA de 2024, il n’en reste pas moins que les alentours sont superbes et donnent envie d’en découvrir toujours plus, et ce malgré une caméra particulièrement difficile à placer correctement, qui vient souvent se placer derrière les éléments du décor pour vous bloquer la vue. Quand cela se produit en exploration passe encore, mais en combat…

L’horreur c’est les autres

En effet, si Alone in the Dark fait la part belle à la recherche d’indices et à l’investigation, il n’est pas pour autant dépourvu de combats, surtout contre les immondices apparaissant régulièrement sur votre chemin. Son aîné était considéré comme le premier des survival horror (terme inventé par Capcom pour catégoriser le premier Resident Evil) et cette appellation prend ici tout son sens tant les affrontements risquent de vous rendre chèvre. Doté d’un personnage aussi lent que peu maniable, il risque de vous arriver fréquemment de vous retrouver coincé par les ennemis alors que votre avatar doit péniblement recharger son arme.

Ces dernières sont au nombre de quatre : un pistolet, une mitraillette, un fusil et une arme blanche qui s’avère être destructible. Pour ne rien arranger, la caméra vient encore jouer les troubles fêtes, vous bloquant facilement contre un mur ou tout autre obstacle que vous n’auriez pas vu dans la panique. En plus des munitions et autres boissons de soin, vous pourrez également récolter au cours de votre périple des objets à lancer comme des cocktails molotov, des bouteilles ou des briques. Cependant, l’impossibilité de les stocker, associé au fait qu’une fois l’objet en main vous ne pourrez avancer qu’à un rythme d’escargot, rend leur usage pour le moins immédiat et donc plus que facultatif.

À certains endroits vous pourrez par ailleurs vous déplacer silencieusement pour éviter d’avertir les monstres de votre présence, mais c’est souvent peine perdue et il vous faudra nettoyer la zone afin de continuer d’avancer de façon sereine. Toutefois, si le bestiaire n’est pas très diversifié, il est en tout cas assez réussi avec des antagonistes à même de vous donner des sueurs froides rien qu’à l’idée de les croiser. Certes, ni Edward ni Emily ne sont des guerriers aguerris formés au combat, mais, à défaut d’un protagoniste plus agile, on aurait aimé pouvoir agir sur les armes afin d’en diminuer le temps de rechargement ou d’augmenter le nombre de balles dans le barillet. Heureusement, pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec le système de combat, il existe un mode facile qui devrait vous simplifier un peu la tâche.

L’appel de Derceto

Il est peut-être utile de mentionner avant toute chose que mes parents ont acheté Alone in the Dark en 1992 pour y jouer sur l’ordinateur familial (mon père tout du moins). C’est donc à l’époque que j’ai découvert ce qui reste dans mes souvenirs comme le plus grand traumatisme vidéoludique de mon enfance. Oh pas à cause de son histoire ou de ses monstres, non… mais par rapport au fait que je n’ai jamais réussi à passer le premier chien qui vous assaille dans le grenier malgré de multiples essais de ma part. Mon expérience avec Alone in the Dark se résume donc à sa scène d’intro, la sélection du personnage, la cinématique du début avec le combat et enfin la cinématique de game over.

C’est bien décidé à prendre ma revanche que j’ai attaqué ce Alone in the Dark 2024 et j’ai été très agréablement surprise par la proposition faite par les développeurs suédois de Pieces Interactive. Je dois avouer que l’ambiance lourde du titre, ses références continuelles à Lovecraft et au vaudou ainsi que ses multiples énigmes à élucider ont bien marché sur moi, tout comme les apparitions de monstres qui n’ont pas manqué de me faire sursauter à intervalles réguliers. Si ce nouveau Alone in the Dark n’est pas vraiment un jeu d’horreur, il n’en est pas moins un jeu d’ambiance horrifique très réussi, à la narration passionnante et qui ne pêche que par de nombreux bugs nuisant à l’immersion et à la rigidité de ses combats.

J’ai même pu me challenger un peu avec les énigmes en désactivant le “mode moderne” dans les options de jeux, me privant ainsi d’une aide supplémentaire à la réflexion. Heureusement, car lors de mon second run, enchaîné après le premier, je me suis aperçue que la plupart des solutions aux casse-têtes étaient communes aux deux intrigues, ce qui bien que logique m’a un peu laissé sur ma faim. Cela étant, je ne regrette pas une seule minute de ces quelque 16 heures qu’il m’a fallu pour boucler le voyage d’Emily et d’Edward. Une durée de vie qui pourra paraître courte, mais qui permet une parenthèse bienvenue entre deux titres plus conséquents.

Pour conclure…

Alone in the Dark s’offre donc un revival réussi avec cette itération concoctée par Pieces Interactive et THQ Nordic. Malgré un aspect technique un peu vieillot, une caméra capricieuse, un système de combat manquant de finesse et de maniabilité et divers bugs en cours de partie, Alone in the Dark arrive à nous embarquer en Louisiane dans les années 1920, au cœur d’un manoir aussi inquiétant que ses locataires. Le plaisir de l’exploration est là, tout comme celui de la résolution des nombreuses énigmes qui parsèment votre quête. Bien que ce AA reste somme toute classique dans ses mécaniques, c’est un bien bel hommage au jeu original que nous délivrent là les développeurs et rien que pour ça je leur tire mon chapeau !

La  note  de la  rédaction

3-5/5

Les notes de la rédaction

Les points positifs

Une réalisation un peu datée, mais la direction artistique colle bien à l’ambiance du récit

Les références aux divers épisodes de la saga sont un bonheur pour les fans

Une intrigue totalement remaniée qui contentera autant les fans de la première heure que les nouveaux venus

Les textes des documents, lus par des voix off, sont un plaisir à écouter

Des énigmes assez fines et parfaitement amenées

Les points négatifs

Un problème de visibilité global dû à une caméra au placement loin d’être optimal

Des personnages trop lents et lourds lors des combats et à la maniabilité plus que discutable

Beaucoup de bugs qu’ils soient visuels, sonores ou de collision

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