Street Fighter 6

Ecran titre de "Street Fighter 6"

Après un épisode V au lancement totalement désastreux, tant en termes de contenu que de technique, Capcom était attendu au tournant par les fans de leur jeu de baston emblématique : Street Fighter. Sept ans plus tard, l’éditeur a l’air d’avoir pris bonne note des désidératas des joueurs. Faisant table en marbre du passé, Street Fighter 6 montre les poings et les dents, dans ce nouvel opus disponible depuis le 2 juin 2023 sur PC, PS4, PS5 et Xbox Series, et il semble que les combattants de rue ne soient pas revenus pour faire de la figuration, mais bien pour marquer de leur empreinte l’histoire du jeu de baston. On a voulu participer au match, le combat était gagné d’avance.

Ce test a été réalisé sur une version PS5 avec un accès en avance pour pouvoir vous le proposer.

Toujours le roi de la Street ?

Alors que l’éditeur japonais lorgne clairement vers l’Esport et les professionnels de la discipline, il affiche en parallèle la volonté, déjà initiée avec Street Fighter IV, mais mise à mal avec le volet suivant, de rassembler autour de la manette (ou du stick) tous les profils de joueurs qu’ils soient novices ou expérimentés. Pour cela il pousse le curseur très loin avec trois types de contrôle de personnages différents (mais nous y reviendrons plus en détail), deux modes solos et un lieu d’échange entre les combattants du monde entier, le tout réalisé avec le moteur RE Engine maison qui fait encore une fois des merveilles.

Chun-Li VS Cammy dans "Street Fighter 6"

On y retrouve avec joie une partie du casting qui nous suit depuis de nombreux épisodes comme Ryû, Ken, Chun-li, Guile, Dee Jay, Zangief, Honda, Blanka, Cammy et Dhalsim, ceux que l’on connaît moins comme Luke et Juri et on découvre les petits nouveaux comme Marisa, JP, Lili, Kimberly, Manon et Jamie. Un casting de base de 18 combattants attrayant, haut en couleur et au charisme certain, notamment chez les nouveaux venus dont le design n’est pas sans rappeler l’audace dont avait fait preuve le mythique Street Fighter III concernant son chara-design. Si vous souhaitez en savoir plus sur chaque guerrier, je vous conseille d’ailleurs d’aller faire un tour sur le site officiel du titre qui est assez détaillé sur le sujet.

le menu de "sélection des personnages"

Lors des matchs, les traînées de couleurs accompagnant le déclenchement de l’Overdrive sont du plus bel effet et on ressent parfaitement l’impact des coups, que ce soient les siens ou ceux de l’adversaire. Niveau sonore là encore, c’est une réussite, car malgré l’absence de thèmes forts dans la bande son, qui a au moins le mérite de coller à l’ambiance des divers environnements, le sound design est efficace soulignant de façon subtile la réalisation de certaines parades et autres attaques spéciales.

Cammy en plein "Drive Reversal"

Petite nouveauté de cet opus, il est désormais possible de choisir de faire des matchs commentés, que ceux-ci soient techniques lorsque l’on sélectionne Jeremy “Vicious” Lopez, Steeve “TastySteve” Scott, Kosuke Hiraiwa ou Aru ou d’ambiance avec Thea Trinidad, H.E. Demon Kakka, Hikaru Takahashi ou James “jchensor” Chen. Une petite option bien sympathique, les commentaires étant sous-titrés en 13 langues, de quoi rendre les affrontements encore plus vivants, d’autant que les explications de Gameplay fournies par les présentateurs ne sont pas aussi obscures et complexes que l’on aurait pu le craindre.

Venez comme vous êtes

ecran titre du "Battle Hub"

Le premier grand mode de ce Street Fighter 6, c’est le Battle Hub, une sorte de grand hall d’interaction sociale online entre joueurs de Street. La foule vous inquiète ? Pas de soucis puisque cet environnement ne peut pas contenir plus de 100 avatars simultanément, pas de quoi se noyer dans la masse donc. Les réjouissances au programme de ce mode en ligne sont variées, vous pourrez décider de personnaliser votre avatar avec des items disponibles dans la boutique, de faire un tour au game center pour relancer l’un des classiques de l’arcade made in Capcom, comme, au hasard… Final Fight tiens !

Le bornes d'arcade vous permettrons de jouer aux vieux classiques de chez "Capcom"
Le hub est un lieu de rencontres dans "Street Fighter 6"

Entre deux prises de selfies, vous pourrez ajouter les différents joueurs rencontrés, les suivre et visionner leurs matchs afin d’analyser leur façon de se battre, un moyen intelligent de développer une communauté et de tisser des liens avec autrui qui pourrait éventuellement déboucher sur quelques amitiés au-delà du titre, sait-on jamais.

Pleins de joueurs du monde entier n'attendent que de vous rencontrer dans "Street Fighter 6"

Il est également possible de s’installer à l’une des nombreuses bornes parsemant le Hub pour y défier et y affronter d’autres joueurs en mode classé ou amical, voir en mode Combats Extrêmes où, en plus des attaques de votre ennemi, vous pourrez sélectionner des conditions d’affrontement parfois abusées ainsi que des obstacles dingues comme un taureau déchaîné, des éléments tombant du ciel et autres joyeusetés, qui feront de votre match un bordel sans nom et un défouloir jouissif. Enfin, un comptoir des évènements est aussi de la partie afin de vous permettre de participer à divers tournois et autres opérations spéciales.

The World Warrior Tour

Ecran titre du mode "World Tour"

Le mode World Tour est le mode solo principal de Street Fighter 6, qui a pour point de départ la ville de Metro City dans laquelle Haggar a laissé son poste de maire à Cody Travers (référence quand tu nous tiens !). Après vous être créé un avatar qui vous plaît, et on ne peut pas dire la personnalisation est assez poussée pour vous permettre de réaliser un guerrier unique, vous voilà téléporté dans un monde semi-ouvert tel que l’a popularisé la série Yakuza (enfin, Like a Dragon comme on dit maintenant), mais en bien plus petit et limité. Ici, votre mission, si vous l’acceptez, sera de trouver et de devenir l’élève des protagonistes du jeu afin d’acquérir leurs techniques et leurs coups spéciaux, que vous pourrez par la suite panacher pour vous fabriquer de toute pièce le combattant qui vous ressemble.

Les options pour créer son avatar sont nombreuses dans "Street Fighter 6"
il y a même un "arbre de compétences"
Les "vêtements" que vous achetez modifient les stats de votre avatar

Bien entendu, un semblant d’histoire vient vous donner un prétexte pour vous lancer dans l’aventure, même s’il faut bien avouer que celle-ci est loin d’être passionnante, tout comme les différentes missions qui jalonneront votre parcours. De plus, les attaquants qui se rueront sur vous dès que vous mettrez un pied en ville sont légion et il est difficile d’avancer si l’on combat tous ces adversaires belliqueux et ce n’est pas le peu de variété dans leur design qui va arranger le sentiment de redondance que vous ressentirez à ce moment-là. Vous passerez donc beaucoup (trop) de temps à esquiver tout ce petit monde afin de pouvoir ne serait-ce que remplir une mission. C’est également le mode qui souffre le plus techniquement, les environnements étant sujets à de nombreux bugs d’affichages et autres ralentissements.

Votre avatar peut prendre le style de votre personnage préféré, ici "Chun-Li"
Les références à "Final Fight" sont nombreuses
Les missions du "World Tour" sont souvent inintéressantes

Mais ne soyons pas trop durs, puisque ce mode a tout de même le mérite d’exister et rien que pour rencontrer les différents “Maîtres” dans leurs habitats naturels, il vaut le coup de s’y intéresser. Malheureusement, il est impossible de se balader réellement autre part que dans la ville principale, les autres parties du monde n’étant bien souvent qu’un décor sans aucune profondeur, ni aucune action réalisable. Je suis tout de même curieuse de voir son évolution au cours des prochains mois avec l’implémentation des personnages de la première saison comme nouveaux mentors.

Chun-Li toujours aussi classe dans "Street Fighter 6"

Final Fighting Ground

Ecran titre du mode "Fighting Ground"

Last but not least, le mode Fighting Ground réunit les principaux modes de combat des opus précédents. On y retrouve les matchs en ligne, disponibles depuis une interface bien plus intimiste qu’en passant par le Battle Hub, le mode Entraînement, le mode Arcade et le mode combat en local, idéal pour une soirée apéro-Street entre amis. Bien entendu, le mode Combats Extrêmes est également disponible ici afin d’épicer encore plus vos rencontres. Mais revenons un peu plus avant sur le mode Arcade et le mode Entraînement qui sont au cœur de ce mode.

Le mode "Arcade" permet d'en apprendre plus sur les divers combattants
C'est via des "Artworks" assez jolis que l'histoire des guerriers nous est révélée
Les jets de peintures accompagnant les Drive sont magnifiques

Dans le mode Arcade il sera question de vous confronter à l’IA dans une série de combats (5 ou 12 au choix), entrecoupés de niveaux bonus et permettant d’en apprendre plus sur l’histoire des divers guerriers via quelques artworks assez jolis en début et en fin de série et de débloquer des artworks supplémentaires en récompense. Toutefois, n’espérez pas vraiment avec un background complet, tant les renseignements dispensés sur les protagonistes sont ténus. En ce qui concerne le mode entraînement, tout comme les divers tutoriels présents dans le jeu, ceux-ci sont parfaitement exécutés, extrêmement bien intégrés, clairs et très complets permettant une appréhension simple et efficace des coups des combattants, quel que soit votre niveau ou le type de contrôle avec lequel vous jouez.

Les divers "tutoriels" sont très bien amené et offrent des bases solides aux joueurs
"Manon" le mannequin français qui pratique le judo est une des nouvelles recrues

Des réflexes Haggar-der

Maintenant que nous avons passé en revue les divers moyens de se taper dessus, il est temps de parler de ce qui constitue le noyau de Street Fighter 6, à savoir son Gameplay. Celui-ci est centré essentiellement sur le Drive et sur la gestion de sa jauge en combat. Celle-ci est située sous la barre de vie du personnage, est constituée de six barres et permet de déclencher des attaques spéciales et des contres. Elle se vide également en étant touché par certains types de coups et se restaure au fil du temps ou après avoir frappé son adversaire.

L'"Overdrive"
Le "Drive Parry"
Et une attaque "Super" une

On distingue ainsi le Drive Impact (attaque lourde qui projette l’ennemi et coûtant une barre de sa jauge à l’attaquant), le Drive Parry (qui permet de parer automatiquement les attaques tant qu’il est actif), le Drive Reversal (qui bloque une attaque tout en contre attaquant dans la foulée), le Drive Rush (sorte de dash rapide) et l’Overdrive qui remplace les coups spéciaux de type EX des précédents Street Fighter. Bien gérer sa jauge de Drive est donc primordial pour remporter le round, d’autant que l’arrivée à zéro de la jauge fera passer votre guerrier en mode “Burnout”. Outre le fait de prendre une posture fatiguée et de clignoter en gris, tout combattant victime du Burnout se verra handicapé lors dans sa défense, ce qui est potentiellement fatal face à un adversaire en pleine possession de ses moyens.

Le mode Burnout qui diminue la défense dans "Street Fighter 6"

Il est important de noter que la jauge de Drive est indépendante de la jauge de Super (qui sont au nombre de trois), ce qui vous permettra en d’alterner entre vos Super attaques et celles du Drive. Au-delà de ces attaques puissantes, des coups et des choppes plus traditionnelles sont disponibles pour chaque guerrier. Voyons maintenant plus en détails les différents types de commandes disponibles et qui font la force du titre de Capcom en proposant une accessibilité maximale pour tous les profils de joueurs existant. Pour les vétérans, et pour ceux qui ne jurent que par la jouabilité avec les six boutons standards pour contrôler leur combattant, les contrôles “Classique” devraient leur permettre de retrouver d’emblée leurs marques.

Les couleurs des trainées de peintures sont propres à chaque personnage dans "Street Fighter 6"
L'attaque Super de Chun-Li dans "Street Fighter 6"

Le système de contrôle “Moderne” quant à lui propose une prise en main simplifiée avec seulement trois boutons pour les coups générique, un bouton pour déclencher les Drive et un pour les attaques Super, ainsi qu’un bouton d’aide aux combos qui assiste le joueur en automatisant les combos lorsqu’il est maintenu. Enfin les contrôles “Dynamiques”, eux, se résument à trois boutons d’actions automatiques, le guerrier alternant les attaques et les combos de lui-même en fonction de la position de l’adversaire. Si les commandes “Moderne” peuvent être un bon compromis pour des joueurs rebutés par la complexité des contrôles à mémoriser, le mode “Dynamique” est clairement réservé aux joueurs occasionnels, ayant envie de tâter de la manette de passage chez un ami, mais guère plus. D’ailleurs ce dernier n’est utilisable que dans certains modes du Fighting Ground, et ne peut être sélectionné pour les combats classés.

Marisa est un choppeuse efficace dans "Street Fighter 6"

Je crois que je me suis mis à dos Ken !

Il fut un temps où je jouais énormément aux jeux de combat et comme tout le monde j’ai mes sagas fétiches comme SoulCalibur, Tekken et autres Rival Schools. Cependant, je reconnais volontiers avoir complètement lâché le genre depuis quelques années, n’ayant plus le temps de m’investir dans un Gameplay trop technique et souvent très chronophage. Cependant, quant au détour d’une allée à la Japan Expo 2022, j’ai pu avoir une petite démonstration des nouveaux types de contrôles, j’ai compris qu’avec Street Fighter 6 j’allais peut-être enfin pouvoir me relancer dans ce genre que j’affectionne sans franchement y exceller. Et surtout j’allais enfin pouvoir m’essayer à une licence que j’ai toujours pensée hors de ma portée en termes de jouabilité.

A part Metro City, les autres endroits du monde sont plat et sans interactions possibles dans "Street Fighter 6"
Les contres font parti du combat dans "Street Fighter 6"

C’est donc avec espoir que je me suis lancée sur le jeu. Je mets fin au suspens, j’ai adoré reprendre la manette pour incarner ces personnages iconiques, mais également les nouveaux. Distribuer des mandales avec style, en utilisant le mode de commande “Moderne” (oui le mode “Classique” est vraiment trop complexe pour moi, et le “Dynamique”… Quand même on a sa fierté !) est un kif sans nom à chaque nouveau match. Après un passage obligé par les différents tutoriels et modes d’entraînements, j’ai trouvé les personnages qui correspondent à ma façon de jouer, à savoir Juri et Manon. J’ai par ailleurs fait un bon passage dans le World Tour, et si la perspective de voir votre avatar créé de toute pièce côtoyer les grands maîtres de la baston était plus qu’alléchante, dans les faits c’est nettement moins glamour.

"Haggar" l'ancien maire de Metro City

Ici, il est question de se balader dans un Metro City à la mode Yakuza, sans en avoir les qualités. Si j’ai adoré chercher dans la ville toutes les références à l’histoire de Capcom, Final Fight et aux autres Street, j’ai trouvé pénible de devoir se déplacer dans cette ville où l’on ne peut pas faire trois pas sans être provoqué en duel, et la nuit c’est encore pire. On passe son temps à courir et à esquiver afin de pouvoir avancer dans ses missions qui sont bien souvent anecdotiques, entre deux rencontres avec une figure connue du jeu. Pareillement, le fait de pouvoir mixer les coups et styles des différents combattants via son avatar était une idée séduisante et je ne me suis pas faite priée pour essayer de me customiser un système de combat avec les coups de mes guerriers préférés.

J'ai une bonne bouille dans "Street Fighter 6" non?
Il est difficile de faire trois pas sans être attaqué de toute part à "Metro City"

J’en ai vite vu les limites quand j’ai voulu reprendre le contrôle des personnages en question, j’ai eu du mal à reprendre les réflexes de leurs coups, tant je m’étais habitué à jouer avec le patchwork de coups de mon avatar. Je dois également avouer que le Battle Hub m’a énormément intimidé au début, et que j’ai eu beaucoup de mal à m’y lancer tant la perspective de confronter mon niveau à ceux d’autres joueurs que je ne connais ni d’Eve, ni d’Adam, m’angoissais. Puis j’ai fait le premier pas et je dois reconnaître que les joueurs avec qui j’ai pu échanger sont assez bienveillants, et j’espère que cela continuera comme ça.

Luke VS Marisa dans "Street Fighter 6"

Cela étant dit, Capcom a réussi à me réconcilier avec une franchise que je pensais totalement inaccessible et j’ai trouvé exactement ce que je recherche d’un jeu de baston dans Street Fighter 6, à savoir un fun immédiat, des combats spectaculaires ainsi qu’une jouabilité accessible et rien que pour m’avoir offert cela, je vous tire mon Kimono… euh non mon chapeau !

K.O. dans "Street Fighter 6"
Pour conclure…

Avec Street Fighter 6, Capcom réalise un double exploit, celui de faire oublier le lancement désastreux de Street Fighter V, mais également de contenter tous les joueurs, qu’ils soient de vieux briscards du genre ou des nouveaux venus de la discipline. Avec l’ajout de nouveaux types de contrôles comme les commandes Dynamique et Moderne, en plus de la maniabilité classique habituelle, les développeurs ont rendu Street Fighter 6 abordable par tous, quel que soit le niveau d’investissement que l’on est prêt à mettre dans le jeu. Comprenant un contenu assez dantesque, même si assez inégal suivant les modes, Street Fighter 6 semble faire consensus et s’ouvre un avenir radieux fait d’ajout de combattants et autres évènements spéciaux. En attendant l’arrivée de quatre nouveaux personnages (A.K.I., Rashid, Ed et Akuma), ainsi que l’ouverture du Capcom Pro Tour 2023, prévu pour cet été, le temps est désormais à l’entraînement pour les mordus de la castagne.

La  note  de la  rédaction

4/5

Les notes de la rédaction

Les points positifs

Les nouveaux modes de contrôles disponibles qui ouvrent l’accès au jeu à tous

Le Drive qui booste bien les affrontements en les rendant plus fun

Le casting assez savoureux de cet épisode, que ce soit au niveau des vétérans ou de petits nouveaux

Un Gameplay qui s’adapte au profil des joueurs que l’on recherche de la profondeur ou un plaisir sans prise de tête

Les points négatifs

Le mode World Tour qui est techniquement en dessous des autres modes

Le mode histoire des différents combattants dans lequel on n’apprend quasiment rien sur eux

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