Unicorn Overlord

Annoncé en septembre 2023 lors d’un Nintendo Direct, Unicorn Overlord est le nouveau et ambitieux projet du studio Vanillaware, déjà connu pour des titres comme Odin Sphere, Muramasa et 13 Sentinels (pour ne citer qu’eux). Avec un concept créé il y a une dizaine d’années par Takafumi Noma, l’ambition du studio japonais était claire, proposer au joueur un tactical RPG 2D de qualité, avec en prime cette direction artistique si particulière des productions Vanillaware. Lancé à la conquête de la PS4, PS5, Nintendo Switch et Xbox Series depuis le 8 mars 2024, Unicorn Overlord est désormais une réalité, et il nous a fallu un peu de temps pour rassembler nos troupes et être en mesure de vous livrer notre ressenti sur ce dernier. C’est à présent chose faite !

Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur.

Le Secret de la Licorne

L’histoire de Unicorn Overlord prend place dans le monde de Fevrith et plus exactement sur les terres de Cornia. Trahie et acculée par un général de son armée nommé Galvius, la reine Ilena décide de prendre les armes pour défendre sa terre menacée par l’usurpateur. Avant de lancer l’assaut, elle convoque son fidèle chevalier Joseph et lui ordonne de fuir avec son jeune fils, le prince Alain, sur l’île de Palevia. Elle lui confie également l’anneau de la Licorne pour qu’il le remette à Alain quand il sera adulte. Pendant que Joseph s’exécute et emmène le prince, la souveraine se sacrifie en tentant d’arrêter le félon, mais ce dernier est le plus fort et tue la reine Ilena.

Suite à son accession au trône, Galvius parvient à soumettre toutes les autres provinces de Fevrith sous sa bannière (Drakengard, Bastorias, Elheim et Albion) créant ainsi l’empire Zénoïrien. Dix ans plus tard, Alain a bien grandi en compagnie de Lex, son compagnon d’entraînement, et de Scarlett, prêtresse de l’église locale. Mais quand l’empire décide de s’attaquer au refuge du prince, ce dernier y voit le signe qu’il est temps pour lui de retourner sur le continent pour y reprendre son trône. La bataille promet d’être féroce pour débarrasser les terres de Fevrith du joug de Galvius. Comme vous pouvez le constater, l’histoire n’est pas vraiment d’une originalité folle, surtout quand on la compare au titre précédent du studio 13 Sentinels : Aegis Rim.

Pour autant, démarrer avec un synopsis simple, mais assez efficace pour nous donner un but concret à atteindre dans l’aventure, présente ici l’avantage de ne pas nous assommer d’informations avec un scénario trop difficile à suivre au risque de perdre les joueurs. En effet, plutôt que de se concentrer sur le prétexte à lancer Alain dans l’action, Unicorn Overlord est plutôt axé sur ses personnages, leurs motivations, leurs origines et leurs relations. Tout cela nous est présenté sous la forme de cinématiques assez courtes pour ne pas plomber le rythme du jeu, mais avec la direction artistique made in Vanillaware toujours aussi chiadée, on ne veut pas en perdre une miette.

Et ce, d’autant plus que le sound design (avec des voix soumises à écho dans certains lieux) et la musique épique en diable (les chœurs chantés sont de toute beauté), signée Mitsuhiro Kaneda via le studio Basiscape, complètent avec brio ce tableau plus que flatteur pour les yeux et les oreilles.

Licorne d’abondance

Au-delà du fait de livrer bataille, Unicorn Overlord nous propose également une grosse partie exploration du monde, où il sera question de chercher des ressources afin de reconstruire, dans les zones pacifiées par l’Armée libératrice, les villages détruits par la guerre. Une fois les ressources fournies pour ce faire, vous pourrez placer l’un de vos hommes à la tête du village et même accéder à une taverne qui vous permettra de renforcer les liens entre vos alliés en partageant un repas avec eux. C’est ainsi que vous débloquerez des conversations spécifiques entre les divers protagonistes, une mécanique qui rappelle ce qui avait été fait dans Fuga : Melodies of Steel 1 et 2.

Mais votre exploration ne se limitera pas à chercher des ressources puisque le monde de Fevrith recèle nombres secrets, ruines et autres cimetières à explorer pour y dénicher armes et autres items. Parcourir les routes des différentes régions vous permettra également de monter en compétence avec des quêtes annexes vous amenant à vous frotter à des adversaires aux motivations plus ou moins douteuses. Ce sont ces quêtes qui font tout le sel du jeu, à mon sens, car non seulement elles vont vous permettre de rencontrer de potentiels alliés, mais surtout (pour certains ennemis) elles vous mettront dans la position de choisir, une fois la victoire remportée, entre l’exécution et la grâce des vaincus. Un dilemme parfois cornélien, notamment quand vous choisissez d’épargner un homme alors que tous vos alliés veulent sa mort.

Si vous pouvez vous contenter de faire l’aventure en ligne droite, il est toujours intéressant de se promener un peu pour étoffer ses troupes, même si à quelques exceptions près, le recrutement de vos combattants sera soumis à un choix de votre part. Développer les relations entre les protagonistes n’est pas vraiment anodin puisque cela peut déboucher sur une sorte de mariage, que vous pouvez contracter avec n’importe quel que soit son sexe ou son espèce. Rien que pour cette partie-là, vous aurez de quoi faire en visitant chaque recoin de Fevrith, mais si on y inclut les combats, là on passe dans une autre dimension !

La taca-taca-taca-tac-tactique des gens d’armes

Unicorn Overlord est donc un tactical RPG en 2D, ce qui implique de fait de nombreuses couches de gameplay à maîtriser avant de pouvoir tirer le meilleur parti de ses unités. Que vous soyez un néophyte du tactical ou un vétéran du genre, Vanillaware a pensé à tout avec cinq niveaux de difficulté (dont un déblocable une fois le jeu fini) qui devraient vous fournir un challenge à la hauteur de vos attentes. Si vous êtes un nouveau venu, pas de panique, le tutoriel est vraiment extrêmement bien fait, avec des règles expliquées au compte-goutte, ce qui laisse le temps de les comprendre et de les intégrer un minimum avant de passer à la suivante. Lors des combats, vous allez donc vous mettre dans la peau d’un chef d’orchestre chargé de commander des unités que vous avez préalablement constituées.

Le déploiement de vos unités ainsi que l’utilisation de leurs compétences (une compétence pour chaque guerrier de l’unité) dépendra de l’utilisation de points de bravoure, toute action en coûtant minimum un. Une fois vos troupes en place, votre but sera très souvent de prendre le fort adversaire tout en empêchant les ennemis de capturer votre base. Pour cela, vous indiquerez à vos troupes où elles doivent se rendre et quelle est leur cible. Une fois ceci fait, vous n’aurez plus qu’à attendre que vos combattants croisent un contingent ennemi pour que la lutte commence. Le combat se déroulera de façon automatique et vous ne pourrez alors que regarder l’affrontement et le résultat des tactiques que vous aurez paramétrées pour vos soldats. Il est bien entendu possible de passer directement le combat sans le regarder ou d’en accélérer la cadence, mais c’est vraiment dommage vu le soin apporté aux animations.

Chacune de vos unités pourra contenir de 2 à 5 soldats, suivant le niveau d’upgrade atteint, chacun pouvant appartenir à différentes classes comme des archers, des voleurs, des anges, des chevaliers, des paladins, des ecclésiastiques, des sorcières, j’en passe et des meilleurs, la subtilité venant de la combinaison de ces diverses catégories afin de sortir l’escouade la plus propice à chaque bataille. Vous l’aurez compris, c’est ici votre capacité de planification qui sera votre atout principal, chaque équipe pouvant être modifiée à n’importe quel moment au cours du jeu, puisque ce seront les tactiques, équipements et statistiques de vos personnages qui détermineront la victoire ou la défaite.

Vous ne resterez pas pour autant inactif une fois l’assaut lancé, car il sera primordial d’ajuster vos ordres au fur et à mesure de votre avancée. Chaque campagne vous fera gagner de l’argent et des ressources, mais aussi des points de renommés, et des médailles nécessaires à l’évolution de votre armée. Un système assez difficile à expliquer sur le papier, mais qui se prend en main très facilement une fois dans le bain.

La morale de l’histoire

Depuis que je me suis plongée avec bonheur dans Persona 5 Tactica, plus attirée par le fait de retrouver les voleurs fantômes que par la perspective d’expérimenter un jeu de stratégie, j’ai commencé à regarder d’un peu plus près du côté des tacticals RPG. J’avais déjà essayé de me plonger dans Final Fantasy Tactics, il y a quelques années, sans jamais réussir à accrocher au concept. Cependant, galvanisée par ma dernière expérience, j’ai attaqué Unicorn Overlord pleine de motivation, mais également de crainte envers un gameplay que j’imaginais trop complexe à maîtriser pour une débutante comme moi. S’il est vrai que le système de jeu aux multiples couches de gameplay est complexe à souhait, je n’ai par contre jamais été mise en difficulté, le titre de Vanillaware nous laissant le temps de comprendre et d’expérimenter chaque règle avant de nous exposer la suivante.

L’apprentissage des mécaniques se fait ainsi de manière tellement fluide que j’ai très vite pu avancer sereinement dans l’intrigue, tout en essayant des stratégies de plus en plus réfléchies au fur et à mesure de ma reconquête. Je suis bien consciente que la base de l’intrigue principale n’est pas la plus originale qui soit, mais son apparente simplicité nous permet de rentrer plus vite dans le vif du sujet, sans nous retrouver noyé dans un lore trop dense d’entrée de jeu. Et ce quitte à développer le background de son univers et de ses héros par la suite. Les divers choix moraux devant lequel nous met Unicorn Overlord en décidant, ou non, d’exécuter un ennemi, m’a fait beaucoup tergiverser, d’autant que l’on ne sait qu’après coup ce qui a amené notre adversaire à prendre parti pour le camp adverse.

Bercée par les musiques et émerveillée par la direction artistique somptueuse du jeu, j’ai fini par enchaîner les heures, presque sans m’en rendre compte. Je n’ai même jamais passé, ni même accéléré, aucun des combats automatiques (un exploit pour l’impatiente notoire que je suis !) de ma campagne, fascinée de voir mes troupes obéir à des stratégies que je ne me savais même pas capable d’élaborer. Il arrive de temps en temps que la découverte d’un titre soit un moment charnière de votre vie de gamer et je n’ai pas peur de dire que la découverte d’Unicorn Overlord fait partie de ces titres capables de s’imposer à vous comme une nouvelle référence. Pour moi du moins, c’est une évidence !

Pour conclure…

N’ayons pas peur des mots, Unicorn Overlord est MA nouvelle référence en matière de tactical RPG, tant la proposition concoctée par Vanillaware représente la quintessence de ce que doit être un représentant de ce genre si complexe et parfois si excluant pour les non-initiés. Sans même parler de sa direction artistique et de sa composition musicale absolument magistrale, la facilité avec laquelle Unicorn Overlord nous plonge dans ses différentes couches de gameplay tout en nous proposant la découverte d’un univers riche peuplé de héros tous charismatiques et au background fouillé confine au génie. Cela reste un avis subjectif, mais en ce qui me concerne, aucune fausse note ne s’est fait entendre tout au long de cette partition que j’ai jouée avec bonheur du début à la fin de la reconquête de Fevrith en compagnie du Prince Alain. Autre certitude, que vous soyez un habitué des tacticals ou que vous n’en ayez jamais fait, il serait tout simplement criminel de passer à côté. Vous voilà prévenus !

La  note  de la  rédaction

5/5

Les notes de la rédaction

Les points positifs

Un style graphique, typique de Vanillaware, absolument magistral et une musique enchanteresse pour habiller le tout

Un gameplay très fouillé, mais qui sait rester accessible, même pour les novices du genre

Le background des personnages, tous aussi intéressant les uns que les autres

Les divers choix moraux auxquels le jeu nous confronte apportent un enjeu encore plus profond à notre quête

L’équilibre entre stratégie et exploration est parfaitement dosé et empêche tout sentiment de lassitude

Les points négatifs

C’est une excellente question… À laquelle je n’ai aucune réponse !

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