Tandis que la franchise Persona (spin-off de la série Shin Megami Tensei), fêtera bientôt ses 30 ans d’existence, sa popularité auprès du public occidental ne faiblit pas, comme en témoigne l’accueil critique du dernier épisode numéroté : Persona 5. Devant l’attachement des joueurs pour Joker et sa bande, il n’était donc pas étonnant que le studio Atlus décide de remettre en scène ses personnages emblématiques, d’abord dans un jeu de rythme (Persona 5: Dancing in Starlight), puis dans un musô (Persona 5 Strikers) pour finir avec un tactical-RPG nommé Persona 5 Tactica. C’est de ce dernier, sorti le 17 novembre 2023 sur Nintendo Switch, PS5, PS4, Xbox One, Xbox Series et PC, dont nous allons vous parler dans les lignes qui suivent.
Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur.
Si tu veux la paix, conquiers-la !
Persona 5 Tactica prend place entre la fin de Persona 5 et le trimestre bonus inclus dans la version Royal. L’année scolaire se termine pour les Voleurs Fantômes qui vont bientôt devoir se séparer. Mais avant la date fatidique, ils décident de tous se retrouver au café Leblanc, en l’absence du patron, pour profiter de leurs derniers moments ensemble. Tandis que la disparition d’un député, probable futur premier ministre, est annoncée à la télévision, nos amis se retrouvent transporté dans un royaume en guerre où une poignée de rebelles tentent de résister à la souveraine des lieux : Marie. Obnubilée par l’organisation de son mariage parfait, la reine utilise ses pouvoirs pour hypnotiser et s’aliéner les ados masqués, à l’exception de Morgana et de Joker.
En mauvaise posture, ils ne doivent leur fuite qu’à l’intervention d’Erina, la cheffe des rebelles. De retour au café Leblanc (qui s’avère dans ce monde être la planque de l’armée rebelle), Erina propose une alliance à Joker. En échange de son aide dans son combat contre Marie, elle compte l’aider à délivrer ses amis de l’emprise de la tyrannique gouvernante. Cependant, cette lutte pour le sauvetage de leurs alliés et contre l’oppression de la reine va très vite se révéler n’être que la face visible de l’iceberg, quand ils vont faire la rencontre de Toshiro Kasukabe, le député disparut, incarcéré dans les geôles de Marie. Voilà donc en substance le début des aventures des Phantom Thieves, qui s’il paraît assez simpliste de prime abord, ne l’est en fait pas tant que ça !
Comme son illustre aîné, Tactica se plaît à nous emmener au fil d’un récit qui va se complexifier au fil des heures, délivrant au joueur des réflexions assez pertinentes sur les conséquences violentes d’une rébellion et sur le bien fondé de la lutte armée par rapport à une passivité permettant la protection du peuple, ménageant même de véritables moments d’émotions. Cela passe bien évidemment par un nombre de textes et de dialogues assez conséquents à lire, mais qui ne rappellent que fort peu de choses sur les événements de Persona 5 auxquels ils font sans cesse référence. Si pour les initiés cela n’est pas du tout un problème et permet de se jeter à corps perdu dans l’histoire, pour les profanes, c’est un peu plus délicat, ceux-ci risquant d’être perdus sans les informations essentielles à posséder comme les liens entre les divers protagonistes et leurs histoires personnelles.
Pour les plus acharnés, des mémos sont disponibles avec un nombre important d’informations sur tout un chacun, mais je vous déconseille vivement de jouer cette carte si vous avez prévu de plonger dans Persona 5 par la suite, tant leur contenu en dévoile sur l’opus originel. Un spin-off qui, s’il fera le bonheur des aficionados de Persona 5, risque bien de laisser les nouveaux venus sur le bord de la route, ce qui serait dommage tant Persona 5 Tactica possède d’atouts dans sa manche.
La tactique du Voleur Fantôme
Pour ce retour de nos lycéens préférés, et contrairement au spin-off Strikers qui reprenait fidèlement la direction artistique de l’épisode originel, Persona 5 Tactica se distingue par des graphismes très colorés et des personnages “chibis” mignons tout plein. Cela peut dérouter à première vue, surtout si comme moi, vous adoriez les graphismes de Persona 5. Toutefois, on s’y habitue assez facilement, d’autant que les héros et leurs nouveaux alliés n’y perdent absolument pas en charisme, bien au contraire. Le tout étant en prime habillé de morceaux musicaux tirés du jeu fondateur, ainsi que de nouvelles partitions signées Toshiki Konishi qui avait déjà œuvré sur la bande son de Persona 5. La chanteuse Lyn Inaizumi est également de retour pour des performances vocales fantastiques, un vrai plus pour les fans, comme pour les autres.
En ce qui concerne les nouveaux environnements dans lesquels vont évoluer les adolescents, ils prennent la forme de plusieurs royaumes, bien distincts les uns des autres et qui sont gouvernés par des personnages qui confinent au ridicule dans leurs obsessions. Chacun de ces univers est agréable à visiter et donne lieu à des petites subtilités de gameplay qui permettent de renouveler le challenge en même temps que l’intérêt. Bien entendu, tout l’habillage des menus est fidèle à l’opus de base et l’on retrouve avec bonheur la chambre de velours et ses processus de fusions de Personas. Affichant désormais un petit look Steampunk, Lavenza et la chambre de création vous permettront la traditionnelle fusion de Persona, que ce soit par deux, ou même par trois créatures.
Bien que n’ayant plus accès à la boutique d’airsoft d’Iwai pour vous fournir en armes de poing, vous pourrez compter sur Lavenza pour pallier cet épineux problème, avec une boutique digne des plus grands armuriers. Elle pourra même forger des armes ayant un pouvoir supplémentaire en utilisant des Personas comme matériel de base. Vous devrez donc réfléchir judicieusement comment utiliser vos créatures pour obtenir des armes efficaces tant le nombre de Persona acquis au cours des niveaux descend assez vite lors des fusions de toutes sortes.
Joker réveille les mous
Contrairement à Persona 5 où seul Joker pouvait utiliser le pouvoir de différentes créatures en combat, dans Persona 5 Tactica chacun de vos alliés pourra être équipé, en sus de sa Persona de base, d’un deuxième monstre qui lui octroiera des pouvoirs supplémentaires (à l’exception d’Erina qui ne fait pas partie de la bande). C’est donc affublé d’une arme à feu et d’un set de pouvoir évolutif (via les Persona secondaires) que vous vous lancerez dans la bataille par équipe de trois, sur un échiquier équipé de divers obstacles pouvant servir de protection plus ou moins efficaces. Pour affronter vos ennemis, vous devrez ainsi sélectionner trois de nos héros, Joker n’étant pas un personnage sélectionné obligatoirement.
Il vous appartiendra de déterminer le trio ayant les compétences les plus à même de vous faire remporter la bataille, le but ici étant d’avoir huit personnages les plus complémentaires possibles pour pouvoir pallier toutes les situations. Le fait que les affrontements soient en général assez courts est un vrai plus pour ne pas engendrer de lassitude, et surtout lorsqu’il est question de recommencer le niveau. De ce fait, les combats sont parfaitement rythmés et dynamiques, ce qui pousse à expérimenter toujours plus pour obtenir des résultats optimaux. Bien que simplifié par rapport à un tactical-RPG classique, le système de combat de Persona 5 Tactica n’en fourmille pas moins de subtilités qui amènent encore plus de profondeur aux affrontements.
Ainsi, une attaque directe sur un ennemi (ou certaines attaques de vent) l’enverra valser quelques cases plus loin, ce qui vous permettra de potentiellement les regrouper pour, en vous plaçant en triangle autour d’un adversaire à terre, lancer une attaque groupée dévastatrice. De même, lors de la réalisation d’un coup critique, vous aurez la possibilité de réaliser une action supplémentaire. Ce “One more”, déjà présent dans Persona 5, peut créer des chaînes d’actions essentielles pour remporter les combats en un minimum de tours. Vous n’aurez également pas forcément intérêt à jouer vos personnages dans l’ordre où le jeu vous le proposera, et la possibilité de passer de l’un à l’autre pour effectuer des actions vous laissera la possibilité d’affiner vos plans de bataille.
Persona non rata
J’ai un affect assez particulier avec Persona 5, qui est le titre qui m’a ouvert au JRPG quand ceux-ci m’avaient toujours plus ou moins rebuté de par leurs nombreux combats et la crainte de ne pas avoir la patience de m’y investir assez pour les finir. Avec la production d’Atlus, j’ai passé pas moins de 133 heures en compagnie des Voleurs Fantômes à explorer jusqu’au moindre recoin du Metaverse. Vous comprendrez alors aisément ma joie à chaque nouvelle annonce d’un spin-off reprenant cet univers qui m’a tant marqué. Persona 5 Strikers m’avait enchanté, Persona 5 Tactica, lui, m’a littéralement bluffé. Je m’étais déjà bien essayé au tactical-RPG avec Final Fantasy Tactics, mais la complexité du système de combats m’avait rebuté, à tel point que j’en étais arrivée à me dire que, malgré mon amour du “triturage” de méninges, ce genre n’était clairement pas fait pour moi.
Cependant, l’appel de Lavenza fut le plus fort et je ne regrette absolument pas de m’y être lancée, d’autant que les niveaux de difficultés m’ont permis de faire un court passage en mode facile le temps de prendre confiance en moi, avant de relancer le jeu en normal. En tant que grande joueuse de Persona 5, je n’ai absolument pas été perdue dans le scénario et c’est comme si je n’avais jamais fait de pause entre l’opus original et son spin-off. De même, les longues phases de dialogues, qui ne sont pas toutes essentielles, il faut bien le dire, ne m’ont pas dérangé tant les interactions entre les personnages sont un des fondements des Personas.
Les divers buts à atteindre (réussir le niveau en moins de tant de tours, ne pas prendre plus de X fois des dégâts, etc.) pour compléter les niveaux à 100 % sont parfois très ardus à réussir et vous demanderont plusieurs essais avant de déterminer le trio parfait et la stratégie la plus efficace à adopter. Un vrai casse-tête que l’on se surprend à vouloir résoudre envers et contre tout, ce qui peut grandement augmenter la durée de vie du jeu, qui passe alors de 35 d’heures environs à bien plus, suivant votre capacité d’analyse de la situation et des tactiques à adopter.
Il reste cependant un énorme point noir à Persona 5 Tactica, c’est celui de devoir une nouvelle fois dire au revoir à nos héros une fois le titre bouclé. Heureusement, cette séparation n’est pas pour tout de suite si comme moi vous vous êtes mis en tête de le platiner et d’essayer les différents niveaux de difficulté disponible.
Si Persona 5 Tactica n’est pas aussi épique que le titre duquel il est issu, il reste tout de même une excellente introduction à ce genre complexe qu’est le tactical-RPG. À l’instar de Mario + The Lapins Crétins, Persona 5 Tactica a le mérite de simplifier et de rendre accessible les règles parfois ardues du genre tactical pour que tous puissent s’y essayer, même les néophytes. Si une connaissance préalable de l’intrigue de Persona 5 est presque indispensable pour apprécier pleinement Tactica et ne pas se retrouver exclus lors des longues phases de dialogues, la direction artistique, la musique ainsi que les combats hyper dynamiques représentent à eux seuls un alibi valable pour se lancer dans cette nouvelle production signée Atlus. Et puis, soyons honnêtes, retrouver Mona, Joker, Panther, Fox et toute la bande, ça ne se refuse pas !
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Une direction artistique originale et toute mignonne qui n’enlève rien au charisme des Voleurs Fantômes
C’est un plaisir de retrouver les musiques emblématiques de Persona 5, ainsi que des morceaux inédits tout aussi épiques
Le système de combat, extrêmement bien réalisé, qui met le tactical à la portée de tous, même des néophytes
Une histoire toujours aussi prenante et passionnante
Les points négatifs
Ceux n’ayant pas connaissance des événements de Persona 5 risquent de ne pas tout comprendre à l’intrigue et de passer à côté du jeu
Devoir une nouvelle fois dire au revoir à la bande des Phantom Thieves à la fin de la partie