En 2021, le studio japonais CyberConnect2 sortait sa première production auto éditée : Fuga : Melodies of Steel, qui avait su séduire son public avec une intrigue riche en émotions. Moins de deux ans plus tard, le 11 mai 2023, sa suite Fuga : Melodies of Steel 2 débarque sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox Series, Xbox One et Nintendo Switch. Ce deuxième chapitre d’une trilogie d’ores et déjà annoncée arrive-t-il à la cheville de son aîné ? Nous avons embarqué à bord du Tarascus pour répondre à cette question.
Ce test a été réalisé sur une version PS5.
J’en ai acier !!
Fuga : Melodies of Steel 2 est donc la suite directe du premier épisode, ses évènements prenant place juste un an après la victoire de Malt et sa bande contre le général Hax et l’Empire Berman. Convoqués à Pharaoh, la nouvelle capitale de Gasco depuis la destruction de Paresia, par les hautes instances de l’armée, les enfants, à l’exception de Wappa (partie en voyage) et de Jin (accaparé par son usine), ont la surprise de se retrouver devant le Taranis remis sur ses chenilles via sa capacité d’auto-régénération. Le lieutenant Muscat leur explique que les ingénieurs chargés d’étudier le char sont dans l’incapacité d’y entrer et ont émis la théorie que seule la présence des enfants pouvait déverrouiller la porte de la forteresse roulante, ce qui ne manque pas de se produire dès que ceux-ci s’approchent.
Mais tandis qu’Hanna, Mei, Boron, Socks et Britz sont entrés dans la machine, laissant le reste de la bande en grande discussion avec le président de Gasco accompagné de sa fille Vanilla, celle-ci se verrouille et se met à attaquer sans aucune distinction, semant la mort et la destruction sur son passage. Déterminés à sauver leurs amis prisonniers du Taranis, Malt et consorts, guidés par Vanilla dont le père vient d’être tué par un tir du char, se rendent dans un deuxième hangar où ils retrouvent également le Tarascus qu’ils croyaient avoir détruit. Les voilà donc embarqués sur le char Berman, désormais contrôlé par Hax dont une partie de l’âme est devenue l’IA du vaisseau, à la poursuite du véhicule armé qui semble agir de sa propre initiative.
Accompagnés de Vanilla, bien décidée à venger son père, qui s’est glissée à bord, les enfants ne peuvent que s’interroger sur les raisons de ce désastre. Qui est ce mystérieux garçon qui contrôle leurs amis ? Que cherche-t-il ? Autant de questions auxquelles les enfants vont devoir trouver des réponses, même si celles-ci, ainsi que leurs conséquences risquent bien de les marquer à jamais. C’est avec ce synopsis intriguant que vous allez (re-)partir en voyage avec toute la bande du premier épisode. Toute ? Oui ! En effet, bien que Fuga : Melodies of Steel 2 détecte la présence d’une sauvegarde du titre précédent sur la console (vous accordant quelques petits bonus comme les anciennes tenues des enfants, un jukebox et des items), l’histoire reprendra comme si vous aviez réussi à finir le premier jeu avec tous les enfants encore en vie (et donc d’avoir eu la bonne fin).
Vous pourrez ainsi attaquer Fuga directement par cet épisode, d’autant qu’un résumé en image est présent à l’écran titre pour vous mettre au parfum des péripéties passées. Cependant, je vous le déconseille vivement, car votre partie serait alors tronquée de la charge émotionnelle de votre passif avec les héros, et il est vrai que l’intrigue de Fuga 2 ne révèle sa maestria que si un lien existe entre vous et vos avatars, conditionnant par la-même votre implication dans le jeu et les mésaventures de cette bande de gamins.
Hax la menace
S’il y a bien une chose qui n’a pas changé entre Fuga : Melodies of Steel et sa suite, c’est sa superbe direction artistique, rappelant par certains côtés les dessins de la série animée italo-japonaise de 1981, Sherlock Holmes, et dont le Chara design est toujours signé Yusuke Tokitsu. Nos jeunes héros ont grandi durant cette année de paix et arborent désormais des looks un peu plus matures, même si on les reconnaît sans problème au premier coup d’œil. Le tout étant toujours assorti d’une bande son magistrale qui alterne les musiques mélancoliques et enjouées, reflet des états d’âmes des bambins vengeurs.
Car ne l’oublions pas, comme ils sont au centre du Gameplay, il sera plus qu’important de leur permettre de développer leurs liens d’amitié les uns avec les autres. Pour cela, les interludes seront primordiaux puisqu’en faisant interagir les personnages entre eux, leur affinité évoluera ce qui débloquera des “attaques duo”, ces puissantes attaques spéciales dont la jauge se remplira au fur et à mesure des actions menées en combat par le duo. Mais ce n’est pas tout puisque nous retrouvons les différentes activités déjà présentes sur le Taranis comme la cuisine, la pêche à la ferraille, l’exploration de ruines, le lavage du linge, l’atelier ou le dortoir. Le carnet fait également son grand retour, même si dorénavant, contenter seulement cinq des enfants permettra de gagner de l’expérience.
Si auparavant nous n’incarnions jamais vraiment aucun des gamins lors des phases en villes, c’est désormais Malt qui sera notre avatar lors de ces dernières, ainsi que lors de phases de dialogues avec les habitants. Car le plus vieux, et le leader de la petite bande, semble avoir les mêmes capacités qu’avait Jeanne dans l’opus précédent : pouvoir revenir dans le passé si ses choix devaient coûter la vie à ses camarades, ce qui exclut donc les game over. Il devient donc ici le pilier du groupe et nous devrons à chacune (ou presque) de ses interactions avec autrui choisir une réponse qui développera son empathie ou sa résolution (et les compétences de leader qui vont avec) sachant que, plus Malt développe son empathie plus il sera touché émotionnellement par les évènements.
À l’inverse, plus sa résolution prendra le dessus, plus il deviendra impatient et prompt à se laisser emporter par sa colère. De quoi rajouter une couche supplémentaire de dilemmes, d’autant que vous serez bien souvent d’accord avec les divers choix de réponses proposés. Il est d’ailleurs évident que Fuga : Melodies of Steel 2 possède plusieurs fins différentes conditionnées par les choix faits au cours du jeu. Mais ne vous inquiétez pas, si la fin obtenue ne vous convient pas, un new game + vous permettra de repartir à l’assaut de Gasco avec un certain nombre d’avantages qui devraient vous faciliter la vie.
Taraniscus
Mais Fuga : Melodies of Steel 2 n’est pas qu’un jeu narratif, puisque le chemin des enfants sera, de nouveau, parsemé de combats. Entre les interludes et autres rencontres en villes, le joueur pourra suivre la progression de l’Exo-Taranis sur un parcours prévisualisant toutes les embûches qui attendent la troupe. À vous de déterminer le trajet du char, qui conditionnera le niveau de difficulté du jeu (route sûre = facile, route normale = normale, route dangereuse = difficile). Chaque embranchement vous laissant la possibilité d’adapter cette dernière, en fonction du moral des petits soldats et de l’état du tank. Si auparavant les phases de progression du Taranis étaient un peu longues, il est désormais possible de multiplier sa vitesse de déplacement par deux ce qui réduit le temps entre chaque affrontement.
Autre ajout intéressant, Gasco ayant éclaté en une multitude d’îles flottantes, les dirigeables sont à présent des moyens de locomotion incontournable et à certains endroits de vos parcours, vous pourrez faire appel à leur service pour larguer du ravitaillement (PV, PC ou les deux) à un endroit précis du trajet, bombarder une position ennemie, ou vous emmener à un autre endroit du parcours, que ce soit pour prendre une autre jonction ou accéder à une zone impossible à atteindre autrement. Lors des confrontations avec des chars ennemis ressuscités, on retrouve la timeline d’actes (popularisée à l’époque par Grandia avec son Initiative Bar) montrant l’ordre d’action des personnages, héros comme ennemis.
Chaque adversaire est sensible à une (ou plusieurs) des armes du blindé, qui, si elle le touche, retardera son tour d’attaque. Jusqu’ici rien de neuf sous le soleil, puisque sans surprise le mode Héros (qui octroie une capacité spéciale différente chez chaque enfant) et les compétences sont toujours disponibles pour vous aider à remporter le combat. Se déclenchant aléatoirement, les compétences de leader de Malt, dispensant des avantages comme aveugler un ennemi pour lui faire manquer son attaque ou encore rassembler tous les alliés pour qu’ils puissent agir avant l’ennemi, sont autant d’aides à la victoire, même si, soyons honnêtes elles ne se produisent pas souvent.
Canon des Âmes ou Managarm ?
Autre point novateur, l’Exo-Taranis, fusion du Taranis et du Tarascus, possède donc les armes des deux chars, ce qui implique qu’il possède le Canon des Âmes (qui détruit n’importe quel ennemis d’un seul coup en échange de la vie d’un des bambins), mais également le Managarm. Ce dernier, un peu moins puissant que le mortel Canon des Âmes, est tout de même capable de réaliser une attaque dévastatrice en échange d’une partie de l’énergie d’un des gamins qui sera alors inconscient pour le reste du combat. Si l’utilisation de cette arme est moins définitive, elle ne pourra être utilisée qu’une seule fois par affrontement et vous retirera toute chance d’empocher l’expérience promise aux vainqueurs. Il vous faudra donc être stratège dans son activation, même si cela tranquillise un peu les traumatisés du Canon des Âmes comme moi.
Du coup, me direz-vous, il est encore plus facile d’éviter de perdre un de ses enfants dans l’arme diabolique ? Eh bien malheureusement non, puisque comme c’est un ersatz de Hax qui sert d’IA au char d’assaut, celui-ci déclenche automatiquement l’utilisation du canon quand les points de vie de l’Exo-Taranis deviennent trop bas. Vous avez alors 20 actions pour détruire votre adversaire avant la mise à feu, au risque de voir l’une de vos ouailles passer de vie à trépas. Un stress supplémentaire qui s’ajoute quasiment à chaque combat de boss, tandis que le reste du temps les conflits sont assez aisés à gérer, pour peu que vous soyez un peu tacticien.
Les Mélodies du bonheur
Lors de la Japan Expo 2022, j’ai eu la chance de rencontrer en interview M. Hiroshi Matsuyama, le président de CyberConnect2, alors que la sortie de Fuga : Melodies of Steel 2 venait tout juste d’être annoncée. Je l’avoue humblement, si j’avais déjà entendu parler de Fuga et que j’avais déjà une énorme envie de le découvrir, je n’avais encore pas trouvé le temps d’y jouer à l’époque et, suite à cette interview, je me suis lancée dans ce qui reste l’une de mes plus grandes aventures. Il est toujours difficile de décrire une expérience qui vous a transcendé à ce point, tant on craint de ne pas être en mesure de restituer son ressenti avec précision.
Avec Fuga premier du nom, j’ai pleuré, j’ai ri, j’ai été émue, j’ai eu peur et j’ai stressé de concert avec cette bande de gamins, obligés de prendre les armes pour sauver leurs proches. À mon grand désarroi, je ne suis pas parvenue à tous les sauver, ayant un peu mésestimé l’importance de développer les liens entre les enfants. Et si j’ai pu me rattraper lors d’un run ultérieur, je me suis juré avec Fuga : Melodies of Steel 2 de ne pas réitérer la même erreur. C’est donc avec une vive émotion que j’ai lancé ce test en espérant qu’il serait au moins aussi bien que son prédécesseur, ce qui m’aurait déjà comblé. Je suis tout de suite rentrée dans le titre, retrouvant instantanément mes marques en même temps que ma petite bande qui a bien grandi dans l’année qui sépare les évènements des deux productions.
Les ajouts de Gameplay qui ont été faits rendent Fuga : Melodies of Steel 2 encore plus profond que le dernier épisode en y incorporant un aspect encore plus stratégique que dans le premier. Le moindre de nos choix va avoir de multiples répercussions sur le destin de ces enfants, notamment sur les réactions de Malt qui devient ici un pivot central du récit, et j’ai souvent passé de très longs moments à m’interroger sur quelle réponse donner avant de me décider. Du coup, j’ai beaucoup augmenté mon temps de jeu : alors qu’il ne faut qu’une vingtaine d’heures pour en venir à bout, moi j’en ai mis plus de trente !
J’ai une nouvelle fois vécu une aventure passionnante, qui m’a fait ressentir autant d’émotions que dans le premier Fuga, et je peux le claironner haut et fort, j’aime cette saga d’amour ! Ce qui tombe bien puisque Fuga est une trilogie et qu’il me reste donc encore un épisode à découvrir. Mais… Et après ?
Alors que Fuga : Melodies of Steel nous avait déjà émerveillés par sa richesse et sa propension à nous embarquer aux côtés de ces gamins innocents, lancés malgré eux dans une guerre, Fuga : Melodies of Steel 2 réussit l’exploit de faire encore mieux que son aîné. En mettant Malt l’aîné des enfants au centre de l’intrigue, il rend l’immersion et l’empathie encore plus forte, sans compter le stress de voir le canon des âmes risquer de se déclencher automatiquement lors des combats. De plus, chacune de vos réponses ou de vos actions influera directement sur le destin de l’Exo-Taranis et de ses occupants, ce qui confère un aspect encore plus stratégique au jeu. En bref, comme dans le détail d’ailleurs, Fuga : Melodies of Steel est un chef-d’œuvre, qui ne souffre que d’un défaut : sa date de sortie, trop proche de The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom, qui la rend limite confidentielle. Et franchement, c’est plus que regrettable !
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Une bande son absolument fabuleuse
Un chara-design époustouflant
Le gameplay du premier épisode encore amélioré
Une histoire prenante et émouvante
Des choix à faire qui comptent énormément dans le déroulement du jeu
Les points négatifs
Sa date de sortie, trop proche de celle de Zelda : Tears of the Kingdom qui l’invisibilise totalement
Une expérience tronquée si l’on n’a pas joué au premier