Avec l’arrivée de The Legend of Heroes : Trails through Daybreak chez nous, après les sorties de Trails of Cold Steel III et IV au mois de février, les fans de JRPG peuvent à nouveau se réjouir ! Bien que le décalage entre les sorties japonaises et occidentales soit encore considérable, il serait regrettable de ne pas profiter de cette aventure tant la saga de Falcom demeure incontournable. En outre, en posant les premières pierres d’un tout nouvel arc, Trails through Daybreak ne mettra aucunement de côté les nouveaux venus. Que de raisons de se réjouir, donc.
Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur.
Mieux vaut tard que jamais
The Legend of Heroes: Trails through Daybreak (The Legend of Heroes: Kuro no Kiseki en version originale) se positionne comme le onzième opus de la saga Trails, inaugurant un arc situé dans la république de Calvard (sur le continent fictif de Zemuria), un territoire encore inexploré jusqu’ici. Initialement sorti sur PlayStation 4 au Japon en septembre 2021, cet épisode s’est ensuite invité sur PlayStation 5 en 2022, ainsi que sur d’autres régions asiatiques. Une version Windows, traduite en chinois et coréen, a également vu le jour, tout comme un portage PC au pays du soleil levant en mars 2023. Alors qu’une suite, intitulée The Legend of Heroes: Kuro no Kiseki II: Crimson Sin, est disponible au Japon depuis 2022, la version européenne et américaine de Trails through Daybreak sort officiellement le 5 juillet 2024 sur Nintendo Switch, PS4, PS5 et PC (via Steam). Il était temps !
Le bureau de la légende
Le scénario de cet épisode s’ancre dans la République de Calvard, un pays en pleine reconstruction économique après une période de conflits. La capitale, Edith, est le cœur vibrant de cette nation, où modernité et tradition s’entrelacent dans un tableau complexe de prospérité et de tensions sociales. C’est dans ce contexte que le joueur fait la connaissance de Van Arkride, un jeune homme au caractère bien trempé, gourmand comme pas deux, un peu bad boy sur les bords et qui opère sous la bannière du “Bureau des Solutions ARKRIDE : Affaires compliquées uniquement”. En clair, il est un Spriggan, une fonction qui combine ici les rôles de chasseur de primes et de détective privé, en s’attaquant aux missions que personne d’autre n’ose entreprendre, parfois à la limite de la légalité.
Un jour, Van reçoit la visite d’Agnès Claudel, une lycéenne déterminée qui, après avoir consulté les notes de son arrière-grand-père (un scientifique émérite), a pris connaissance d’une déclaration alarmante : le monde prendra fin si tous les Genesis ne sont pas récupérés avant une date donnée. Pour accomplir cette mission et mettre la main sur ces mystérieux artefacts, Agnès engage notre Spriggan, et va même collaborer à ses côtés (tout en assurant sa vie scolaire en parallèle). Une quête qui va bouleverser la vie de Van et l’entraîner dans une aventure aux ramifications insoupçonnées. Au fil de leur périple, ce duo improbable sera rejoint par différentes figures haute en couleur : Feri Al-Fayed, une jeune mercenaire du clan Khruga, Aaron Wei, une tête brûlée qui ne mâche pas ses mots, ou encore Risette Twinings, une employée d’une société militaire privée, dont le sang-froid n’a d’égal que ses grandes compétences.
D’autres alliés se joindront à eux en cours de route, chacun apportant ses propres compétences et histoires personnelles, enrichissant allégrement l’intrigue. Mais ici l’idée n’est pas de tout vous révéler, ce qui serait criminel vu les grandes qualités du scénario et des rebondissements qui y sont liés. Précisons tout de même que cette recherche des Genesis met rapidement nos amis en conflit avec Almata, un groupe terroriste redoutable dont les intentions menaçantes vont fortement déstabiliser la République.
Venez comme vous êtes
Les Trails, et toutes les productions qui s’y rattachent, forme un univers à la richesse vertigineuse. Quiconque ose s’y aventurer est, la plupart du temps, happé par ce lore qu’alimente Falcom (Ys, The Legend of Nayuta Boundless Trails, …) depuis des années. Y rentrer comme cela, sans quelques connaissances au préalable, peut faire peur. Par exemple, votre serviteur a commencé son voyage avec les différents épisodes des Trails of Cold Steel, et ce fut une joie de chaque instant. Cela fait beaucoup d’épisodes à arpenter, sachant qu’une centaine d’heures (en moyenne) s’avère nécessaire pour en voir une bonne partie à chaque fois.
À ce titre, The Legend of Heroes: Trails through Daybreak s’avère une porte d’entrée idéale pour commencer. Cette itération se détache des opus précédents, tout en intégrant bien sûr des références subtiles qui raviront les vétérans de la saga. Ces derniers seront heureux de retrouver certains personnages familiers des arcs Cold Steel, Sky, et Crossbell. Toutefois, ces têtes bien connues sont présentes de manière discrète, jouant des rôles secondaires sans éclipser les nouveaux protagonistes. Cette inclusion astucieuse maintient un équilibre entre l’hommage aux anciens titres et la mise en avant des nouveaux personnages. Passer à côté de ces clins d’œil n’a finalement rien de frustrant, car cela n’entache en rien les enjeux qui sont exposés dans cette nouvelle épopée.
Située dans la République de Calvard, une région fréquemment évoquée, mais jamais explorée auparavant, l’histoire de Daybreak ouvre donc une autre perspective sur cet univers, tout autant séduisante pour les nouveaux venus que pour les habitués. À plus forte raison que The Legend of Heroes: Trails through Daybreak opte pour un casting restreint comparé à la multitude de personnages traversant l’arc Cold Steel. Cela permet de ne pas trop s’y perdre, tout en octroyant à chaque protagoniste une attention accrue.
Classique, mais pas que
Si l’on prend un peu de hauteur afin d’adopter une vision macro de la chose, la boucle de gameplay de Trails through Daybreak est plus ou moins la même qu’un Trails of Cold Steel. Chaque chapitre plonge les joueurs dans une journée à Edith, avec ses quartiers animés et ses nombreux habitants, sans oublier une multitude d’interactions et de quêtes secondaires qui se trouvent portées de main. À mesure que l’intrigue se dévoile, des zones inédites vous tendent les bras, avec le risque d’y faire des rencontres délicieusement dangereuses. Les événements de liaison, propres à consolider la camaraderie entre les différents acteurs de l’aventure, sont aussi de retour. Ces moments permettent aux protagonistes de tisser des liens entre eux pendant leur temps libre.
Ce système, apprécié des fans de longue date, offre des interactions amusantes et des scénettes tantôt tordantes, tantôt touchantes. Cela donne également des augmentations de statistiques pour les personnages concernés. Toujours bon à prendre ! En revanche, et contrairement aux précédents Trails, les mini-jeux sont peu présents. Cette absence va peut-être laisser un vide pour les joueurs qui aiment se divertir entre les missions principales. Pas de panique, The Legend of Heroes: Trails through Daybreak introduit néanmoins quelques nouveautés, notamment via son système d’alignement dynamique. Inspiré des statistiques sociales de la série Persona, ce mécanisme repose sur les choix du joueur entre trois axes : la Loi, le Chaos et une voie intermédiaire appelée Gris. Les quêtes secondaires jouent un rôle clé dans ce système, permettant aux joueurs d’accumuler des points dans ces statistiques.
Certaines quêtes annexes sont associées à des valeurs spécifiques, et il est possible de voir quelles statistiques seront affectées avant d’accepter une mission. Ce mécanisme introduit une composante stratégique dans les interactions, permettant de prendre des décisions qui ouvrent des chemins distincts. Bien que l’alignement n’ait pas d’impact direct sur l’intrigue principale ni sur sa conclusion, il facilite la formation d’alliances avec diverses factions, chaque choix entraînant des événements et dialogues uniques. Cette souplesse permet aux joueurs d’explorer diverses possibilités sans être confinés à un seul alignement moral, créant ainsi une expérience personnalisée. En outre, cela enrichit considérablement la personnalité de Van, révélant des facettes plus nuancées de son caractère.
Le meilleur des deux mondes ?
La plus belle innovation de Trails through Daybreak vient de son système de combat, car celui-ci permet de passer sans effort des combats en temps réel (à la manière d’un action-RPG, en assénant des coups d’épée et en effectuant des roulades) aux affrontements au tour par tour (comme le faisait la franchise jusque-là). Les joueurs ont la liberté de choisir le mode de combat qui correspond le mieux à la situation. Une simple pression sur un bouton permet de basculer instantanément entre les combats 100% action et les combats au tour par tour. Cette flexibilité permet de gérer les ennemis faibles rapidement, puis de passer à une approche plus tactique contre des adversaires plus redoutables.
Dans les deux cas, il est important d’affaiblir la jauge de fatigue de l’ennemi pour l’assommer, afin de lui infliger des dégâts plus massifs. Le mode de combat RPG traditionnel reprend peu ou prou les principes des titres précédents. Jusqu’à quatre personnages peuvent participer simultanément aux bastons, avec la possibilité de changer à tout moment pour un autre personnage non sélectionné initialement. Cette fonctionnalité est particulièrement utile lorsque l’un des membres de l’équipe se trouve en difficulté, à court de points de magie (PE) ou de points de compétence (PC).
Un nouveau principe de lien a été aussi implémenté lors de ces phases de castagnes, avec une double attaque quand deux personnages sont proches l’un de l’autre. On retrouve avec joie la fameuse frise dynamique indiquant l’ordre dans lequel les héros et monstres vont agir, mais ici elle est située au haut de l’écran et se montre moins lisible que celle qui ornait le champ de bataille dans les Trails of Cold Steel (avec sa timeline verticale hérité de Final Fantasy X). Par contre, on apprécie grandement la liberté de mouvement offerte aux personnages, qui ne sont plus contraints de sacrifier leur tour pour se déplacer avant de placer un coup ou une quelconque action sur un vil gredin.
Gemmes, à la folie
Si Trails of Cold Steel avait son système Quartz (des simili-Materias à la Final Fantasy VII), Trails through Daybreak met en avant un système de Gemmes. Le principe reste quasiment le même avec différents types de joyaux à collecter ou à fabriquer, et qui peuvent être liées à un élément spécifique et des capacités particulières. Ces jolies petites pierres rutilantes peuvent être insérées dans l’une des quatre lignes de personnalisation disponibles pour chaque personnage. Par exemple, les gemmes rouges, qui représentent l’élément du feu, sont bien utiles pour les personnages extrêmement offensifs.
On peut aussi caler une Gemme de feu dans la section dédiée à la défense pour se protéger des attaques qui font usage de flammes. On peut passer de longues minutes pour pousser la personnalisation assez loin, ou demander un ajustement automatique selon ses préférences (attaque, défense, équilibre entre les deux, etc.). Même constat avec les équipements et tout ce qui s’y rattache, le jeu vous laisse la main ou vous assiste au maximum. En général, les options de confort, l’une des marques de fabrique de la saga, sont très nombreuses.
Les voyages rapides, l’accélération de l’action, une boutique d’items disponible à portée d’ordinateur portable et d’autres fonctionnalités visant à rendre l’expérience aussi fluide que possible selon vos préférences sont toujours présentes. Cependant, pour être pointilleux, il y en avait tout de même davantage dans Trails of Cold Steel. Par exemple, il n’est désormais plus possible de couper les séquences accompagnant la plupart des attaques (y compris celles émanant des antagonistes). On pinaille un peu, mais qui aime bien châtie bien !
Modeste, mais robuste
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les nombreuses couches de gameplay et la richesse offerte aux joueurs. Cependant, nous préférons vous laisser le plaisir de la découverte. Un mot sur la réalisation quand même : ceux qui connaissent les productions Falcom savent qu’il ne s’agit pas ici de délivrer des graphismes dignes d’un triple ou quadruple A. En tant que petit artisan, le studio japonais propose toujours une esthétique plus modeste, mais qui ne manque pas de charme pour autant.
Le design général est à nouveau de haute volée, que ce soit pour les personnages ou les décors. L’ensemble est très fluide la plupart du temps, et la partie musicale ne déçoit pas non plus. Falcom s’est forgé une solide réputation en matière de bandes-son, et The Legend of Heroes : Trails through Daybreak ne fait pas exception. Même si j’ai trouvé que les thèmes marquants étaient moins nombreux qu’auparavant, laissant place à des mélodies d’ambiance plus jazzy. Il n’empêche que cela correspond parfaitement au métier et au caractère de Van, donc tout va bien.
En ce qui concerne le doublage, il est, comme toujours, d’excellente qualité, que ce soit en japonais ou en anglais. Cependant, il est surprenant de constater qu’au sein d’une même scène, certains dialogues sont doublés tandis que d’autres ne le sont pas, créant des transitions parfois déconcertantes. On s’y habitue après quelques heures de jeu, mais il faut admettre que cela peut désorienter au début. Rien de rédhibitoire, néanmoins.
Et voilà, un nouveau RPG de grande qualité signé Falcom ! Avec l’inauguration d’un tout nouvel arc, The Legend of Heroes : Trails through Daybreak s’adresse aussi bien aux vétérans qu’aux nouveaux venus. Une histoire captivante, des personnages attachants, un gameplay solide et des musiques de grande qualité vous attendent. Malheureusement, les textes ne sont pas traduits en français, il faudra donc se contenter de l’anglais. Cependant, si la langue de Shakespeare ne vous fait pas peur, foncez !
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Un nouvel arc très accueillant
Deux modes de combats pour le prix d’un
Des mécaniques de jeu toujours aussi bien huilées
Un casting resserré, mais très attachant
Une générosité de contenu ahurissante, une fois encore
Les points négatifs
Gameplay limité en mode Action-RPG
Adieu les nombreux mini-jeux
Bande-son plus timorée qu’à l’accoutumée
Pas de traduction française