Pour le pire – Tome 10

Réglé comme une horloge, le tome 10 de Pour le pire vient de pointer le bout de sa lame pile six mois après son dernier volume. C’est donc le 20 mars 2024 que nous avons eu le plaisir de retrouver Arata, toujours à la recherche de sa femme, qui s’est évaporée après avoir vu le secret de sa naissance révélée. C’est accompagné de l’avocat de la jeune femme que le travailleur social va se lancer sur la piste de sa serial killeuse d’épouse pour un jeu du chat et de la souris qui promet de connaître son lot de révélations.

Cette critique a été réalisée avec un exemplaire fourni par l’Éditeur.

Faites entrer le clown

Le clown de Shinagawa avait défrayé la chronique lors de son arrestation : cette tueuse en série corpulente, déguisée en clown, avait découpé et caché les corps de ses victimes… Pour aider l’enfant d’une victime à retrouver la tête de son père, Arata Natsume, assistant social, va la rencontrer. Mais contre toute attente, une frêle et fragile jeune fille arrive en face de lui. Est-elle vraiment un monstre sanguinaire ? Pour le savoir, Arata va devoir se livrer à un jeu dangereux en se prétendant amoureux d’elle… Une héroïne serial killer, mythomane, psychopathe mais néanmoins sensible et attendrissante… Comme Arata, vous succomberez vite aux charmes venimeux de cette héroïne hors du commun, et suivrez avec intérêt cette enquête qui n’est pas sans rappeler Mindhunter. Et comme toujours, les traits de Nogizaka sculptent avec réalisme toute la beauté et la noirceur de l’âme humaine !

Glénat

C’est par une affaire de meurtre en série que commence Pour le pire. Bozo Shinagawa, inculpée pour le meurtre de trois hommes dont les corps ont été retrouvés incomplet, croupie en prison. C’est alors qu’Arata Natsume, dans la trentaine, exerçant en tant que travailleur social et aux méthodes peu conventionnelles intervient. Ayant traversé lui-même une enfance tumultueuse, il se trouve dans l’incapacité de refuser son aide à Takuto Yamashita, un adolescent dont le père est tombé sous les coups de la tueuse en série grimée en clown.

Takuto, dans l’espoir de retrouver la tête de son père toujours portée disparue, décide d’entamer une relation épistolaire avec la meurtrière en prenant l’identité d’Arata. Cependant, Shinju Shinagawa, désormais condamnée à mort, refuse de continuer le dialogue à moins de rencontrer son correspondant en chair et en os. Dans ce contexte, Arata se substitue à Takuto pour rencontrer Shinju et obtenir de cette dernière la cachette de la tête de sa troisième victime. À sa grande surprise, lors de leur rencontre en prison, Arata découvre une jeune femme charmante de 21 ans, mince et intelligente, loin du portrait de l’obèse attardée décrite dans la presse.

Malgré ses tentatives pour la retenir, Shinju finit par mettre brutalement fin à l’entretien, poussant Arata à lui proposer le mariage en désespoir de cause, invoquant des sentiments qu’il prétend éprouver pour elle. Dorénavant unis pour la vie et au terme d’un procès aux nombreux coups de théâtre, Shinju voit sa condamnation à mort annulée et profite d’un vide juridique pour s’enfuir avec son mari. À présent en cavale, le couple va faire toute la lumière sur l’identité du père biologique de Shinju, mais peu après, la jeune femme disparaît.

Sister Act

Arata Natsume, employé aux services d’aide à l’enfance, la trentaine et célibataire, prend contact avec Shinju Shinagawa. Cette détenue de 21 ans est condamnée à mort pour le meurtre de trois hommes, parmi lesquels le père d’un enfant dont il a la charge. Au cours de leurs entrevues au parloir, Arata demande Shinju en mariage, un coup de bluff qui les conduit de fil en aiguille à se marier pour de vrai. Et grâce à Arata, sa condamnation à mort en première instance est annulée. Tous deux profitent alors de son transfert au pénitencier pour s’enfuir ensemble. Mais suite à une révélation stupéfiante sur l’identité de son père, Shinju disparaît…

Glénat

Avec sa disparition à la fin du volume 9 de Pour le pire, Shinju a laissé seuls Arata et maître Miyamae qui n’ont d’autre choix que de s’interroger sur la prochaine étape de la fugitive. À bord d’une voiture empruntée par l’avocat à une de ses connaissances, Arata tente de se mettre à la place de sa femme pour la localiser. Persuadé qu’elle va chercher à contacter Sana Suo, la sœur de sa première victime, qui la hait plus que tout, Arata se demande si son épouse n’aurait pas opéré un retour aux sources en se rendant dans le vieil appartement qu’elle occupait avec sa mère.

Arrivé sur les lieux, le trentenaire va entendre Shinju chanter et avant qu’il ne puisse dévoiler sa présence, Sana arrive sur les lieux. Rejoint par Miyamae, Arata reste caché et se prépare à écouter la discussion qui va avoir lieu de l’autre côté du mur. Mais est-il prêt à entendre ce que cache réellement la mort du frère de Sana ? Rien n’est moins sûr… 

Lisez un extrait de Pour le pire – Tome 10 ici !

Arata les faux semblants

Décidément, au fil des tomes, Taro Nogizaka n’a de cesse de me surprendre. Il faut dire que placer une confrontation en plein milieu d’une cavale était déjà assez étonnant, mais que celle-ci représente à elle seule les trois quarts du volume, c’est encore plus osé. Entendons-nous bien, loin de nuire au rythme du récit ou à la tension inhérente à la cavale de nos héros, cette parenthèse immobile est riche en enseignements de toute sorte, que ce soit pour nous ou pour Arata. Concernant ce dernier, il est intéressant de constater qu’il arrive désormais assez bien à entrer dans la tête de sa femme, au point d’arriver à la retrouver quand elle lui fausse compagnie, et à deviner certains des sentiments dont la principale intéressée n’a même pas conscience.

C’est sûrement pour cela que le mangaka coupe les lecteurs des pensées d’Arata durant tout le temps où il écoute l’entrevue entre Shinju et Sana, la sœur d’Eisuke, première victime du clown de Shinagawa. Ainsi, nous n’avons pas accès aux réflexions d’Arata pendant la discussion entre les deux femmes, comme si ce dernier laissait son statut de narrateur principal à sa femme pour lui permettre d’entrer dans la lumière en dévoilant une partie de son âme à son interlocutrice. Cela étant, je dois avouer que je reste perplexe quant au besoin de Shinju de clarifier les choses avec Sana en lui racontant qui était vraiment son frère et les motivations qui l’ont amenée à le tuer.

Le fait-elle réellement pour permettre à Sana de tourner la page, où essaie-t-elle plutôt de trouver une échappatoire pour Arata ? Je l’ignore, mais une chose est certaine, si la tueuse explique les raisons de son geste pour le meurtre d’Eisuke, cela n’explique toujours pas pourquoi elle s’est rendue coupable du meurtre de deux autres hommes. Je pense sincèrement que d’ici au point final de Pour le pire, d’autres surprises nous attendent et que nous sommes encore assez loin d’avoir une vision précise du tableau que dessine, sous nos yeux ébahis, Taro Nogizaka. À suivre donc avec la sortie du volume 11 de Pour le pire encore non daté à ce jour.

Pour conclure…

C’est un tome 10 un peu particulier que nous a concocté Taro Nogizaka, puisque la confrontation entre Sana, la sœur d’une des victimes de Shinju, et la tueuse en fuite est au centre de ce volume. C’est donc un tête-à-tête, riche en révélations de toutes sortes, qui nous a tenu en haleine jusqu’à la dernière page. Car loin d’impacter le rythme du récit, cette petite pause dans la fuite de nos héros offre au lecteur une plongée plus profonde au sein des souvenirs et de la psyché de Shinju. Maintenant que le dénouement est proche, le douzième et ultime tome de la série vient de sortir au Japon, on a encore plus envie de savoir la suite, même si on en redoute l’épilogue, vu les dernières décisions prises par le couple.

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