À première vue, Micro Mages pourrait sembler être un simple hommage aux consoles 8 bits, un « trip nostalgique » réservé aux fans d’une époque révolue. Pourtant, ce jeu a bien plus à offrir, et c’est là sa véritable force. Conçu par Morphcat Games en 2019 pour fonctionner sur une authentique console NES après une campagne Kickstarter couronnée de succès, le jeu tient dans la limite de 40 ko de mémoire — un exploit technique impressionnant qui témoigne de la maîtrise de ses créateurs. N’oublions pas non plus une version numérique sur Steam et Itch.io, permettant de toucher un public beaucoup plus large. Aujourd’hui, l’aventure continue puisque Morphcat Games s’est associé à Implicit Conversions pour un portage sur PlayStation 4 et 5.
Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur.
NES-qu’un simple hommage ?
Micro Mages s’appuie sur les fondamentaux d’un platformer classique, avec une progression verticale qui oblige le joueur à grimper tout en évitant obstacles et ennemis, tandis que la caméra reste la plupart du temps en mouvement ascendant. Cette mécanique génère une pression subtile, encourageant une progression continue et dynamique. À cela s’ajoute un level design méticuleux, influencé par les hits nippons de l’ère 8/16 bits, mais enrichi par une jouabilité moderne qui répond aux standards contemporains. En effet, la maniabilité est extrêmement agréable et l’école japonaise plane au-dessus du titre de Morphcat ! Il est crucial de noter cela, car certains jeux néo-rétro échouent à reproduire cette fluidité (parfois même en se montrant plus rigides que les classiques de l’époque comme nous l’avons vu dans le cas de Demons of Asteborg ou Golden Force par exemple).
Les références aux grands classiques de l’archipel sont omniprésentes, et se manifestent même lors de certaines phases de boss : les Makaimura (Ghosts ‘n Goblins et ses suites), les cute games de Taito (tels que Bubble Bobble, Rainbow Island, Parasol Stars) ou encore Space Invaders (pour rester chez Taito) sont évoqués de manière subtile et astucieuse. C’est un véritable régal pour les puristes, tout en restant accessible pour les joueurs moins familiers avec ces références.
Micro mais costaud
En termes de mécaniques de bases, nos petits mages disposent de différents pouvoirs, dont le Shooting Spell, qui peut être chargé pour lancer un Mega Spell, infligeant davantage de dégâts. Ce sort est non seulement puissant, mais il apporte également une certaine flexibilité dans la manière dont les ennemis sont combattus, car il peut être utilisé à divers moments critiques pour prendre l’avantage. Le Recoil Jump, effectué en tirant un Mega Spell vers le bas en plein saut, ajoute une dimension stratégique à la progression, permettant de se propulser dans des zones difficiles d’accès ou d’esquiver des attaques au dernier moment.
Cette combinaison d’attaques offre un style de jeu fluide et versatile, rendant chaque confrontation intéressante. De plus, les ennemis rencontrés dans chaque niveau de Micro Mages sont suffisamment variés pour offrir un défi constant (mention spéciale à la chèvre qui fait des bulles, que vous allez adorer détester). Ces menaces sur pattes demandent bien souvent une approche spécifique, nécessitant d’adapter sa stratégie selon le type de monstre rencontré. Bref, ces petits rayons que l’on balance pour se débarrasser de tous ces antagonistes pixélisés s’avèrent très rigolo à utiliser, de telle sorte que l’on prend un plaisir quasi sadique à se débarrasser des créatures les plus enquiquinantes. La satisfaction ressentie en maîtrisant ces compétences est amplifiée par la variété des situations qui demandent parfois de réfléchir rapidement et de faire preuve d’une grande précision.
L’une des mécaniques centrales est le Wall Jump, qui permet de grimper le long des murs. Cette capacité se fond intelligemment à la structure des stages qui font, rappelons-le, l’apologie de la verticalité. La grande souplesse en termes de maniabilité, mentionnée plus haut, prend alors tout son sens durant ces phases d’escalade, où chaque saut peut faire la différence entre un succès et une chute vers le bas du niveau (mortelle si le scrolling a été plus rapide que nous). Savoir bondir de paroi en paroi est essentiel non seulement pour progresser, mais aussi pour récupérer des bonus dissimulés ou éviter les ennemis (certains bonus bien cachés demandent de fouiner un peu partout). Le Wall Jump devient ainsi une compétence cruciale à maîtriser, offrant un sentiment de satisfaction lorsqu’il est parfaitement exécuté.
Arôme magique
En mode multijoueur (jusqu’à 4 participants en local ou en ligne), une trouvaille supplémentaire fait son apparition : le Ghost Mode. Le principe est simple : tant qu’il reste au moins un joueur en vie, ceux qui ont péri reviennent sous forme de fantômes et peuvent encore participer à l’effort en gelant les ennemis et en détruisant des coffres, dans l’espoir de trouver une petite fée ou une plume de mouette pour ressusciter et revenir vraiment dans la partie. Une bonne idée (inspirée de quelques classiques du genre) qui permet de ne pas laisser les autres participants sur le carreau.
À noter qu’habituellement (pour les mages déjà vivants), la fée et la plume de mouette offrent, respectivement, un point de vie supplémentaire et la capacité de faire un saut plus ample, tout en ajoutant également un point de vie. À cette formule déjà solide, les versions PS4 et PS5 apportent en outre des bordures à l’écran large, un filtre CRT, ainsi que 40 trophées à débloquer. Le livret d’instructions virtuel et le compteur de temps ajoutent un cachet old-school tout en enrichissant ce menu déjà bien copieux. À noter par ailleurs la présence inédite de Micro Mages: Second Quest, qui offre une série de 26 nouveaux niveaux, une fois le jeu principal achevé.
Et ce n’est pas encore terminé ! Dans sa grande générosité, les développeurs dégainent un mode Blood Bonds, où la mort d’un joueur entraîne celle de toute l’équipe (idéal pour des soirées animées où la vaisselle vole en éclat), et le Hell Mode, dans lequel la difficulté devient littéralement infernale, à condition d’avoir récupéré quatre artefacts cachés au préalable. Vous l’aurez compris, les amoureux de challenges corsés en auront pour leur argent (11,99 € au moment où ces lignes sont écrites).
Sévère, mais juste
Un petit mot sur la difficulté avant de se quitter (bons amis, je l’espère). Bien que Micro Mages ne soit pas aussi impitoyable que certains classiques des années 1980 et 1990, il nécessite tout de même une bonne dose de persévérance, en particulier après avoir franchi le premier monde. Toutefois, ce n’est jamais injuste, car chaque échec est uniquement dû aux erreurs du joueur et non à une optimisation aux fraises ou à un bug malheureux. Au risque de radoter, Micro Mages jouit d’une excellente jouabilité, parmi les plus chiadées pour un jeu de cette catégorie.
La difficulté se montre progressive et les différents patterns du bestiaire sont réglés comme une horlogerie suisse. Ainsi, les mouvements des ennemis sont suffisamment simples à anticiper, permettant à ceux qui persévèrent de progresser régulièrement. Ce type de challenge rappelle à nouveau les classiques de Taito, comme Bubble Bobble ou Rainbow Island, offrant un niveau de difficulté parfaitement équilibré, tout en devenant encore plus accessible lorsqu’on y joue en coopération, que ce soit en couple ou en famille.
Avec des graphismes et des musiques qui raviront sans aucun doute les amoureux de la NES, Micro Mages ne se contente pas d’être un simple hommage. Le jeu de Morphcat Games utilise ici la nostalgie comme une fondation solide, un point d’accroche séduisant qui sert de base pour bâtir une expérience bien plus aboutie qu’un simple fan game. Micro Mages est une petite pépite, avec un gameplay d’une souplesse insolente et qui n’a pas besoin de miser uniquement sur son habillage rétro pour captiver les joueurs, quel que soit leur âge. Ce mélange subtil entre respect du passé et mécaniques modernes en fait un incontournable.
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Une jouabilité en or massif
Un concept fun et parfaitement exécuté
Jouable jusqu’à 4 (en local ou en ligne)
Beaucoup de contenu et de modes différents
Une esthétique NES qui fait mouche
Des musiques fort agréables
Un prix hyper attractif
Les points négatifs
Les plus novices devront s’accrocher un peu
Il manque éventuellement un mode facile