Pour leur troisième jeu, le studio berlinois Happy Broccoli, nous propose un jeu policier façon point and clic, différent de leurs autres productions, dans une ambiance tout droit sortie des polars et autres films d’enquêtes, mais un peu à la sauce Animal Crossing. Dans Duck Detective : The Secret Salami, nous incarnons Eugene Macquacklin, un canard détective privé, engagé pour résoudre une affaire des plus étranges dans une compagnie de bus routiers.
Ce test a été réalisé sur une version Nintendo Switch fournie par l’Éditeur.
Dé-duck-tions
En plein divorce avec sa femme, notre canard détective, accro non pas à l’alcool ou à la cigarette, mais au pain de mie (canard oblige), reprend du service. En effet, une personne inconnue fait appel à ses services par téléphone pour lui demander de résoudre une affaire de la plus haute importance : trouver qui vole les repas de midi de notre client au sein de sa petite entreprise. C’est donc avec ce peu d’informations intriguantes (on ne connait même pas le commanditeur) que l’on se rend chez Bearbus, une compagnie de bus routiers aux employés plus farfelus les uns que les autres et au caractère bien trempé. Entre Sophie la dépressive, Laura l’acharnée du travail et Rufus le boomer, notre détective en herbe ne va pas s’ennuyer. Que va-t-il découvrir dans cette simple société de transport ?
Foi de Canard
Duck Detective : The Secret Salami étant une sorte de point and clic, le gameplay va consister à analyser divers éléments dans les différentes zones de l’entreprise que l’on va explorer et les consigner dans notre cahier d’enquêteur. À partir des différents indices, nous allons devoir tirer des conclusions et résoudre les différentes énigmes qui vont se dresser devant nous. Nous allons avoir différentes façons de procéder.
La première va être, tel Sherlock Holmes, d’analyser les différents personnages, ainsi que les divers objets, par la fameuse “lecture à froid”, aidé par les vibrations de la manette. L’idée étant de récolter un maximum d’informations afin d’y trouver quelques indices. J’aime beaucoup que les informations apparaissent au fur et à mesure de nos investigations à l’aide de notre loupe. La seconde méthode d’investigation consistera à récupérer des mots clés lors d’interrogatoires, et à compléter par la suite des phrases lacunaires dans notre cahier sur la base de ces premiers. Une fois remplies, ces propositions vont se valider et devenir des hypothèses en bonne et due forme. À aucun moment du jeu nous n’aurons à faire de choix personnels, sauf à la toute fin, mais je ne vous en dévoile pas trop…
Heureusement, à tout moment on peut avoir accès aux différents indices consignés, via notre carnet, il y a même une option pour obtenir des conseils de notre détective favoris lorsque l’on est bloqué dans nos recherches, ainsi que via la map qui nous place des points d’intérêts lorsqu’un personnage peut être interrogé. J’ai par ailleurs trouvé que ces conseils n’étaient pas toujours pertinents, de plus, la barrière de la langue (le jeu est exclusivement en anglais sous-titré en anglais également) n’aide pas toujours, ce qui peut se transformer en recherches vaines à cause de l’incompréhension d’un mot… Même armés d’un logiciel de traduction, certains mots ou expressions (je pense à un en particulier, qui m’a vallu un acharnement certain sur un indice…) avaient un sens que le traducteur n’avait pas.
Petit bémol supplémentaire, lorsque l’on complète les fameuses phrases lacunaires, j’ai personnellement trouvé qu’il manquait une option pour pouvoir les réinitialiser. En effet, lorsque l’on a mis un mot à un emplacement vide, impossible de l’effacer, on ne peut que choisir un autre mot présent dans la liste, mais jamais revenir à zéro, ce qui n’est pas toujours pratique lorsque l’on veut essayer plusieurs hypothèses ou recommencer pour remettre de l’ordre dans ses idées. J’ai trouvé ce système un peu brouillon.
Commissaire Magret
J’ai testé le jeu sur grand écran et sur la Switch portable. Dans les deux cas, le jeu est vraiment très beau et ne lague à aucun moment. Cependant, de par son ambiance et son gameplay, le format de Switch portable lui donne une dimension bien plus intimiste et très agréable que l’on ne retrouve pas sur grand écran. J’ai trouvé le support de la Switch portable parfaitement adapté à Duck Detective : The Salami Bandit, et j’ai d’ailleurs fait la majorité du jeu sur ce support.
Par ailleurs, on y retrouve tous les codes du polar classique, tant par le look d’Eugène avec son long pardessus beige, sa voix grave qui parle de sujets déprimants, le temps gris, froid et pluvieux,… tout rappelle la vieille série télé Nestor Burma dans son aspect narratif et désabusé, ainsi que Les Chevaliers de Baphomet de par les touches de loufoquerie qui jalonnent notre enquête. Côtés graphismes, le jeu est un jeu en 2D, avec des aplats de couleurs tel un dessin animé. Eugène se présente sous la forme d’un personnage en 2D (façon Paper Mario) qui va se retourner lorsque l’on change de direction.
Dans un style naïf, à la façon d’une BD en ligne claire, les différents PNJ sont tous très expressifs et les différentes zones sont remplies de détails. L’aspect mignon, coloré et enfantin de l’univers où prend place notre investigation m’a réellement rappelé la poésie kawaï qui peut se dégager d’un Animal Crossing par exemple, avec ces petits animaux tous mignons qui nous parlent parfois de choses très sérieuses, voire très cyniques. Ce mélange de film noir et d’animé « pour enfant » crée une direction artistique très agréable et décalée juste ce qu’il faut, afin de nous donner envie de rester longtemps à jouer, dans le confort et l’amusement.
Façon Duck Ellington
L’une des premières choses qui attire notre attention lorsqu’on lance Duck Detective : The Secret Salami, c’est la bande son. Jazzy, berçante et lancinante, elle est parfaitement en adéquation avec l’ambiance polar générale mais aussi avec le style du jeu, qui demande de la réflexion. Les doublages sont également très justes, avec Eugène qui a une voix grave, posée, presque ténébreuse, et les autres personnages qui sont beaucoup plus excentriques. L’humour, tantôt noir et grinçant, tantôt absurde, nous aide à cerner les différents personnages et à donner une vraie personnalité au jeu.
Lors des temps de chargement, nous profiterons d’anecdotes sur les canards toutes plus absurdes les unes que les autres… Ce qui ajoute une couche à l’ambiance générale du jeu. Cependant, comme précisé plus haut, Duck Detective : The Secret Salami est entièrement en anglais, sous-titré en anglais également, ce qui peut poser certains problèmes de compréhension pour des expressions plus spécifiques. Ainsi, tous les jeux de mots seront également dans la langue de Shakespeare, ce qui peut ajouter une autre couche de difficulté lors de la résolution d’énigmes. Je me demande d’ailleurs s’il sera un jour traduit et comment seront transcrits les différents jeux de mots…
Duck Detective : The Secret Salami est une totale réussite. Sans prétention, ce petit point and clic like à la personnalité bien marquée saura attiser votre curiosité vis-à-vis de cette affaire judiciaire hors du commun. La direction artistique trouve le juste milieu entre le mignon et l’hommage aux romans noirs, et la difficulté de progression est vraiment bien dosée. Les différentes façons d’avancer dans nos déductions permettent un certain renouveau tout au long du jeu afin de ne pas se lasser, et ce malgré le fait que nous restons tout au long de l’enquête dans un huis clos de bureaux d’une petite entreprise. J’espère qu’un second opus verra le jour !
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Musique
Ambiance
Style Point and Clic
Humour
Les points négatifs
Jeu en Anglais Uniquement
Ne pas pouvoir réinitialiser les phrases lacunaires