Promise Cinderella – Tome 1

Il y a quelques semaines, je vous faisais découvrir Les noces des Lucioles, la deuxième série de la mangaka Oreco Tachibana, arrivée au catalogue de l’éditeur français Glénat le 16 octobre 2024. En simultané est également paru la première œuvre de l’autrice japonaise et celle qui l’a rendue célèbre : Promise Cinderella. Dans ce premier tome disponible depuis le 16 octobre 2024 donc, nous découvrons un shōjo bien loin de la simple histoire d’amour. Suivez-nous, nous allons vous faire découvrir tout ça.

Cette critique a été réalisée avec un exemplaire fourni par l’Éditeur.

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Hayame menait une vie tranquille, jusqu’à ce que son mari la trompe et demande le divorce. Fuyant le domicile conjugal, elle se retrouve à la rue. C’est là qu’elle tombe sur Issei, un lycéen aisé et tordu, qui lui propose un marché inattendu… Cette rencontre va bouleverser sa vie !

Autre titre phare d’Oreco Tachibana, Promise Cinderella fait la part belle aux comportements bien trempés et à la détermination à toute épreuve. Avec plus de quatre millions d’exemplaires vendus au Japon, cette série, complète en 16 tomes, a su rapidement trouver son public.

Glénat

Promise Cinderella nous présente Hayame, 27 ans, mariée et dotée d’un sens de la justice extrêmement aiguë. Alors qu’elle se trouve dans le train, elle aperçoit une bande de lycéens en train de s’en prendre à un de leur condisciple en lui faisant porter leurs sacs. Révoltée par ce traitement, Hayame se dresse contre le meneur de la bande et réussit à lui donner une leçon. De retour chez elle, elle confronte son mari dont elle est au courant de la liaison avec une autre femme. Ce dernier, au lieu d’accepter que sa femme passe l’éponge comme elle semble prête à le faire, demande le divorce. Voilà donc notre héroïne à la rue avec ses maigres économies, qu’elle se fait subtiliser quasiment instantanément.

À court de ressources, elle s’installe dans un parc dans lequel elle recroise le jeune tyran, nommé Issei, qu’elle avait corrigé dans le métro peu de temps auparavant. Sans personne vers qui se tourner, Hayame s’enfonce petit à petit dans la déprime et dans la misère. Mais, tandis qu’elle paraît prête à sombrer dans le désespoir, Issei l’emmène chez lui pour lui proposer un marché. Afin de gagner de l’argent et de bénéficier de son hospitalité, elle va devoir se prêter à un jeu. Bien qu’hésitante, Hayame va relever le défi. Issei qui espère se venger de l’affront qu’elle lui a fait subir risque bien d’en voir sa vie complètement chamboulée.

Lisez un extrait de Promise Cinderella – Tome 1 ici !

La vie n’est pas un long fleuve tranquille

Je vous avais déjà bien évoqué le parcours d’Oreco Tachibana quand j’avais traité Les noces des Lucioles et je ne vous ferais pas l’affront de revenir dessus. Pour autant, il est assez étonnant de voir comment l’artiste a adapté son style entre ses deux intrigues qui sont très différentes l’une de l’autre. Certes, il est toujours question d’une histoire d’amour entre deux héros que tout oppose, que ce soit la condition sociale, le caractère ou la vision du monde, pour autant les thématiques abordées sont totalement différentes, de même que le ton employé par l’autrice.

Si on y retrouve l’humour qui caractérise la mangaka, arme dont elle se sert pour ne jamais tomber dans le drame pur et dur malgré des thèmes assez complexes, Les noces de Lucioles convoque un dessin très fin, doux, presque onirique, quand les graphismes de Promise Cinderella suintent l’énergie et le dynamisme emmené par son héroïne et son mental d’acier. J’ai d’ailleurs beaucoup pensé à la série Too Beat lors de ma lecture, tant Hayame m’a rappelé Hideo, avec ses galères, sa droiture et sa capacité à attirer les ennuis.

Cela n’en a pas l’air, mais dans les faits cela change tout ! En effet, même si l’on sait que les deux œuvres sont de la même artiste, le ressenti au fil des pages est très différent, à tel point que l’on pourrait facilement croire à deux auteurs distincts. Je l’ai déjà dit, mais c’est à mon sens le signe qu’Oreco Tachibana, bien qu’aux prémisses de sa carrière, n’en possède pas moins le talent pour aller très loin. Un parcours que l’on va suivre de près et que l’on peut d’ores et déjà prédire comme florissant.

Défie-moi si tu peux !

Alors que dans ma jeunesse j’étais rebutée, et c’est toujours le cas d’ailleurs, par les histoires d’amour compliquées du type “je t’aime, moi non plus”, il faut bien dire que le mélange des genres est désormais de mise et brouille efficacement les codes des romances d’aujourd’hui. Résultat, je me surprends à lire de plus en plus de shōjos et, finalement, j’aime assez les propositions qui m’y sont faites, que ce soit dans une amourette fantastique entre une fille Kaijû et un garçon populaire (Kaijû Girl Carameliser), ou entre deux lycéens que tout oppose, l’un ayant des envies de meurtres qu’il refoule au plus profond de lui (The Dangers in my Heart).

Dans le cas de Promise Cinderella, je dois avouer que j’étais vraiment sceptique quant à la capacité de cette intrigue à m’embarquer dans son univers très terre à terre, mais le contraste du duo formé par Hayame et Issei a suffi à me convaincre. De fait, Hayame par sa position de victime du destin, à la justice chevillée au corps, attire de suite la sympathie, quand Issei, sale gosse de riche, méchant, égoïste et imbu de lui-même, est d’emblée antipathique. Pour autant, les deux protagonistes principaux sont aussi irritants l’un que l’autre, Hayame par son intransigeance et son relatif immobilisme face aux événements et Issei par sa façon d’être.

Cependant, la sauce prend et l’association de ces deux êtres, que véritablement tout oppose, réussit le tour de force de nous les rendre attachants, d’autant que l’on s’aperçoit très vite qu’Issei cache au fond de lui bien plus que l’on ne pourrait en soupçonner de prime abord. La romance sous-jacente laisse alors place à une remise sur les rails orchestrée par Hayame et sa vision, assez violente, de la rédemption. C’est drôle, frais et surprenant, tout comme les défis auxquels Issei confronte la jeune femme. Bien qu’ils ne soient pas dangereux au sens littéral du terme, on sent que le jeune rancunier en a encore sous le coude pour faire de la vie de sa victime un enfer et je suis curieuse de voir jusqu’où il compte aller, avant qu’Hayame n’arrive à lui faire comprendre qu’il n’a pas besoin d’écraser les autres pour exister en tant qu’humain.

La psyché des personnages est ici finement analysée et retranscrite, nos héros mettant ainsi le lecteur face à un miroir déformant de nos propres travers, tout en nous amenant à nous moquer de ces derniers. Pour autant, l’émotion n’est pas en reste avec quelques moments plus intimistes où les masques tombent et où nous entrevoyons enfin la véritable personnalité et les traumas d’Issei et Hayame, un duo en quête du bonheur. Le chemin promet d’être encore long puisque la série s’est conclue en 16 tomes au Japon, mais nous allons suivre ça un pas à la fois en commençant avec le tome 2 de Promise Cinderella dont la sortie est prévue pour le 22 janvier 2025.

Pour conclure…

Promise Cinderella, malgré son titre, n’est pas une revisitation du mythe de Cendrillon, quoique… Avec une héroïne qui fui le domicile conjugal et qui se retrouve seule et sans ressources et un jeune riche qui compte bien en profiter pour se venger, le premier tome pose les bases d’une relation dont un jeu est le ciment. Abordant de manière fine et parfois comique les travers de ses personnages, Oreco Tachibana arrive une nouvelle fois à nous entraîner sur les traces de ces deux âmes que tout oppose, mais que le destin va frapper pour mieux les rapprocher. Un prometteur et singulier mélange des genres qui nous fait dire, vivement le 22 janvier et la sortie du tome 2 de Promise Cinderella.

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