
C’est au mois d’avril, à la faveur de d’un de leur live Twitch que les éditions Glénat avait annoncé en grande pompe l’arrivée de Promenons-nous dans l’espace dans leur catalogue. Ce manga de Inuhiko Doronoda, régulièrement en tête des ventes dans l’archipel nippon et déjà récompensé à de nombreuses reprises, nous plonge dans le quotidien morne et délicat de Yamato, adolescent en échec scolaire et dont la vie personnelle n’est guère plus reluisante. Mais sa rencontre avec Keisuke Uno, camarade de classe au comportement pour le moins atypique, va lui donner une nouvelle vision du monde et l’envie de commencer à changer. Disponible en librairie depuis le 17 septembre 2025, Promenons-nous dans l’espace tome 1 est devenu, dès sa première lecture, une série incontournable, qui en prime nous est arrivée dans un superbe kit presse.
Cette critique a été réalisée avec un exemplaire fourni par l’Éditeur.
Vie scolaire et vie galère
Ensemble, nous irons plus loin.
En difficulté scolaire depuis des années, Yamato Kobayashi se donne des airs de mauvais garçon et enchaîne les petits boulots en dehors des heures de cours, sans jamais tenir sur la durée.
Jusqu’au jour où Keisuke Uno est transféré dans sa classe…
Pris de panique lorsqu’on lui parle avec trop d’insistance, incapable de faire plusieurs choses à la fois, ce lycéen pas comme les autres peine à gérer les aspects les plus “normaux” de la vie quotidienne, mais il s’accroche grâce à une multitude d’astuces qui lui permettent d’avancer.
Kobayashi, qui se reconnaît en Uno, tente alors de changer, lui aussi…
Glénat

Dans Promenons-nous dans l’espace, Yamato kobayashi est ce qu’on pourrait appeler un voyou. En échec scolaire, il sèche les cours, enchaînant les petits boulots sans grande conviction. Mais tout est sur le point de changer avec le transfert d’un nouvel élève dans sa classe, Keisuke Uno. Très vite considéré comme bizarre du fait de ses réactions peu communes, le lycéen ne perds cependant pas son enthousiasme et commence à intriguer son camarade, lui-même en difficulté.

En effet, que ce soit dans le cadre de son travail ou du lycée, Kobayashi souffre de problèmes de compréhension qui lui valent les moqueries et les remontrances de ses pairs. Toutefois, afin d’éviter que cela se remarque, il préfère se complaire dans une attitude de délinquant, voire fuir quand cela devient trop pénible. Après avoir découvert les difficultés d’Uno dans sa vie quotidienne, Yamato est bluffé par le courage dont il fait preuve pour toujours continuer à avancer et décide alors d’arrêter de se voiler la face pour lui emboîter le pas…

Dans la lune et au-delà
Promenons-nous dans l’espace ou Kimi to Uchuu wo Aruku Tame ni en version originale est sorti de l’esprit de la mangaka Inuhiko Doronoda, dont c’est la première série. Et il faut bien reconnaître que pour une première œuvre, la dessinatrice à le don de taper juste et fort. Entre des graphismes simples, mais terriblement efficaces où chaque personnage à un visage très expressif et une narration qui n’est jamais dans la caricature malgré les thèmes abordés parfois assez lourds, l’intrigue transpire l’espoir et la joie de vivre. Une justesse dans la représentation de ses héros qui tient au coeur de son autrice comme elle l’a évoquée dans une interview publiée sur le site de Glénat. Il est souvent compliqué de parler d’un ouvrage aussi bouleversant, sans tomber soi-même dans le piège d’enchaîner les superlatifs, mais c’est bien ce qui vous attend dans le paragraphe suivant. Vous voilà prévenus !

Lisez un extrait de Promenons-nous dans l’espace – Tome 1 ici !
Intéractions géniales
Quand j’ai découvert le titre et même le synopsis de Promenons-nous dans l’espace tome 1, je n’avais alors pas réellement conscience de ce que j’allais avoir entre les mains, ni à quel point ce manga allait me remuer jusqu’au plus profond de mon être. Si depuis quelque temps, certaines histoires ont su m’émouvoir aux larmes comme Luca Vétérinaire Draconique et Beast King and Medecinal Herb, il faut bien reconnaître que ce ne sont pas les récits les plus réalistes qui soient. D’ailleurs, en général, je fuis comme la peste les scénarios sans éléments fantastiques ou énigmes à résoudre, tant voir représentée la vie réelle dans une œuvre de fiction m’ennuie au plus haut point. Certes, il m’est arrivée de faire des exceptions dans le cas de romances comme Promise Cinderella ou The Dangers in My Heart, mais cela reste très à la marge de mes lectures favorites.

Et pourtant, Promenons-nous dans l’espace m’a entraîné loin, dans une épopée qui m’a fait passer par toute une pléiade de sentiments. Il faut dire que les sujets abordés par Inuhiko Doronoda résonne particulièrement en moi, puisque cela fait quinze ans maintenant que je vois mon fils se débattre avec les mêmes difficultés que Keisuke, qui, bien que ce ne soit pas verbalisé dans le manga possède toutes les caractéristiques d’un autiste Asperger. Et quelque part je comprend le choix de la mangaka de ne pas nommer la neuroatypie d’Uno, puisque dans la postface de Promenons-nous dans l’espace elle explique que l’histoire prend place il y a une quinzaine d’année et je me rappelle très bien qu’à cette époque l’autisme était une neurodivergence encore inconnue du grand public.

Il n’est donc pas étonnant que Keisuke soit décrit comme “perché” et ayant besoin d’astuces pour interagir avec les autres, sans que sa différence ne soit nommée car je le pense non diagnostiqué. De son côté Yamato cache ses difficultés de compréhension derrière une attitude de voyou. Il se sent bête de ne pas arriver à comprendre des consignes simples et a honte de son intelligence limitée et de son manque de connaissance, pour autant jusqu’à sa rencontre avec Uno il préfère la fuite, enchaînant les petits boulots et autres activités sans jamais durée sur la longueur. C’est dans les interactions de plus en plus fréquentes entre ces deux personnages que naît la magie de Promenons-nous dans l’espace, que malgré la catégorisation de son autrice comme un drame humain, je me refuse à considérer comme tel.

Il est vrai que la vie est difficile, tant pour Yamato que pour Keisuke, mais l’entraide qui ressort de leur amitié et la motivation à avancer qu’ils représentent l’un pour l’autre, me rend plus optimiste qu’autre chose. Bon c’est vrai que les choses se compliquent souvent dès que l’on sort de leur duo, notamment avec Saku, jaloux que Kobayashi devienne proche d’Uno alors qu’ils se connaissent depuis l’enfance. Pour autant, ne sachant réellement comment venir en aide à son ami, il le complait dans un rôle d’abruti dont Yamato veut désormais sortir, épaté par la faculté d’Uno a toujours avancer malgré ses difficultés.


J’ai vraiment été touchée par Promenons-nous dans l’espace tome 1 et je n’ai qu’une envie, continuer ma lecture pour retrouver ces héros attachants dans leur vie quotidienne. Mais pour cela il va me falloir attendre la sortie du tome 2, dont la date de parution n’a, malheureusement, pas été encore dévoilée.
Soyons clair Promenons-nous dans l’espace tome 1 est un ovni dont la lecture devrait être reconnue d’utilité publique. Avec ce manga, Inuhiko Doronoda dépeint avec justesse les difficultés de certains d’entre nous à s’adapter à un moule social pour lequel ils ne sont tout simplement pas fait. Par la rencontre entre Uno et Kobayashi, elle met en place une amitié sincère basée sur la compréhension et une envie d’avancer ensemble malgré les différences. Au fil des pages, la magie se diffuse et les sentiments se renforcent pour le lecteur qui va parfois verser une larme en même temps que les héros. Promenons-nous dans l’espace est une histoire d’une humanité indéniable qui nous a enchanté et dont on ne souhaite qu’une chose : savoir la suite. Mais pour cela il va falloir s’armer de patience avant la sortie encore non datée du volume deux de Promenons-nous dans l’espace.




