Maintenant que l’été est bien installé et que la chaleur est là, rien de tel qu’une petite virée à l’ombre des arbres dans la montagne. Et ça tombe bien, puisque c’est exactement ce que nous propose Kunitsu-Gami : Path of the Goddess, le dernier jeu de Capcom qui mêle action et tower defense. Annoncé lors du Summer Game Fest de 2023, ce titre original qui va vous faire utiliser vos méninges a débarqué sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series le 19 juillet 2024. Devant les différents trailers disponibles, notre cœur avait déjà flanché et nous n’avons pas résisté à nous lancer à l’assaut du mont Kafuku en compagnie de Soh et Yoshiro.
Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur.
Elle descend de la montagne à Yokai
Kunitsu-Gami : Path of the Goddess commence alors qu’une mystérieuse brume noire se répand sur le mont Kafuku, y semant la corruption et ouvrant des passages avec le monde des Ikoku, des démons issus de l’avidité de l’âme humaine. Yoshiro, prêtresse de la déesse de la montagne, n’a que le temps de quitter son sanctuaire pour assister impuissante à son altération. Décidée à se battre, elle invoque alors Soh, son guerrier spirituel, mais devant la puissance de la menace, il est vaincu et ses pouvoirs sont dérobés par les Ikoku, ces derniers ayant déjà subtilisé tous les masques des divinités ancestrales de la montagne.
Afin de purifier complètement l’endroit, la miko et son protecteur vont devoir descendre le mont Kafuku tout en purifiant les villages sur leur passage et en délivrant les habitants. Ils devront également récupérer les masques volés et ce n’est qu’une fois le pied de la montagne atteint que la grande voie vers le sommet leur sera de nouveau ouverte pour compléter le rituel et chasser définitivement la corruption. Voilà donc ce que sera votre mission durant les quelque quinze heures de jeu nécessaire pour venir à bout de l’aventure. Et le temps presse, car la corruption qui a gagné la montagne affecte pareillement Yoshiro à laquelle est liée la forme physique de Soh. Cependant, Kunitsu-Gami : Path of the Goddess possède d’autres atouts à faire valoir comme la magnificence de sa direction artistique, qui, en s’inspirant exclusivement du folklore shintoïste traditionnel, arbore une esthétique d’une grande finesse.
Celle-ci est renforcée par le Kagura, la danse cérémonielle shintoïste, dont sont tirés les mouvements des personnages, ce qui leur confère une grâce certaine, que ce soit lors des combats ou lors des rituels de purification menés par Yoshiro. De même, la bande originale qui vous accompagne tout au long de votre descente possède des accents qui évoquent immédiatement la musique traditionnelle japonaise avec son cortège de clochettes, ce qui orne le titre de Capcom de la plus belle des façons.
L’homme au masque de bois
Dans Kunitsu-Gami : Path of the Goddess, vous incarnerez donc Soh, qui aura la lourde tâche de guider et de protéger la miko pour qu’elle purifie votre chemin, tout en planifiant au mieux la bataille contre les assauts nocturnes des Ikoku. De quoi se sentir investi instantanément de cette mission divine, d’autant que la mise en contexte du jeu est très rapide (quelques brèves cinématiques associées à de courts textes d’explications) et que l’on est très vite lancés au cœur de l’action. Les personnages étant tous muets, aucune interaction ne viendra développer le lore de Kunitsu-Gami, et même si nous n’aurions pas déploré d’en apprendre un peu plus, cela permet finalement de se concentrer plus efficacement sur les actions à mener pour contrer les hordes démoniaques. Un choix judicieux de la part des équipes de Capcom qui misent sur l’efficacité du gameplay pour harponner les joueurs.
Ici tout repose sur la complémentarité de vos actions durant le temps qui vous est imparti, de jour comme de nuit, l’alternance jour/nuit étant un élément central du gameplay. Ainsi, durant la journée, vous devrez tracer la voie à suivre pour Yoshiro, en purifiant divers sites de corruption, ce qui vous fera gagner des cristaux. Lorsque vous en trouverez, vous pourrez délivrer les villageois de leurs cocons démoniaques et leur assigner des métiers comme bûcherons, lanciers, archers, sumos, ascètes (magiciens), chaman (guérisseurs) et j’en passe. Mais tout cela se fera en dépensant les cristaux que vous avez obtenus. Il vous faudra donc choisir judicieusement vos unités en fonction du nombre de vos soldats et du terrain où aura lieu la bataille, car certains postes coûtent plus cher que d’autres.
Vous pourrez également, en les frappant avec votre sabre, purifier les animaux sauvages que vous rencontrerez sur le chemin, ce qui vous donnera des rations, capables de vous guérir, en récompense. Mais attention, ces animaux sont parfois véloces et les poursuivre pourra vous faire perdre un temps de préparation précieux. En effet, vous trouverez nombre de pièges et autres barrières bien utiles pour repousser les démons, mais la plupart seront brisées. Cependant, grâce au charpentier, vous pourrez les reconstruire moyennant un temps d’attente. Il vous faudra donc anticiper les réparations à effectuer et le placement de vos unités suivant l’emplacement de Yoshiro sur le chemin menant au portail à détruire. Mis bout à bout, vous vous retrouverez souvent à court de temps si vous n’avez pas su anticiper suffisamment, et vous n’aurez pas d’autre choix que de courir partout avec Soh afin de compenser les trous de votre défense.
Maison Ikoku
C’est une fois la nuit venue que surviennent les problèmes, avec l’ouverture de portails invoquant les Ikoku dans les différents lieux du mont Kafuku. Si dans les premiers niveaux un seul Torii (portail japonais que l’on trouve à l’entrée des temples) crache des vagues de monstres, ce nombre augmente peu à peu, obligeant à disperser ses troupes, quitte à vaquer de l’une à l’autre pour les soutenir. L’option de regrouper tous ses hommes autour de la prêtresse pour la protéger se révélant souvent peu valable. Il faut le reconnaître, les ennemis sont nombreux et outre leurs aspects parfois franchement repoussants, ils sont dotés de particularités qui rendront certaines de vos unités plus performantes que d’autres. En tout état de cause, on note une assez grande disparité entre les classes de soldats disponibles, les plus chers n’étant pas forcément les plus efficaces en combat.
On en arrive vite à n’utiliser que les soldats de base (bûcherons et archers) pendant les trois quarts du jeu en leur adjoignant occasionnellement un ou deux autres rôles suivant les besoins. En ce qui me concerne, j’ai très vite délaissé les voleurs et autres lanciers que je n’ai utilisés qu’une seule fois en cours de partie. Une fois l’aube venue, vous disposerez d’une nouvelle journée pour réparer les infrastructures mises à mal par les démons et vous préparer à un nouvel assaut ou pour arriver au Torii à purifier et remporter le niveau. Si pour une raison ou une autre, vous devez attendre une réparation ou que Yoshiro atteigne un endroit précis, sachez que vous avez la possibilité d’accélérer le temps en journée, ce qui rend les niveaux encore plus dynamiques.
Une fois le lieu où vous vous trouvez délivré des ténèbres, vous y établirez une base qui vous permettra d’augmenter les capacités de vos unités ainsi (au bout d’un certain temps) que celles de Soh. Si certaines se révèlent très utiles pour notre guerrier spirituel, d’autres sont complètement optionnelles et au final, on regrette un peu qu’il ne puisse pas évoluer plus que cela. Vous aurez également la possibilité de reconstruire vos bases afin de récupérer des récompenses assez utiles, au-delà du plaisir évident de compléter totalement une zone.
Si la structure de Kunitsu-Gami : Path of the Goddess reste la même de bout en bout, ce qui pourrait induire de la lassitude chez le joueur, des spécificités à l’intérieur même des niveaux impliquent de changer de stratégie quasiment à chaque fois. Il est incontestable que l’on ne se bat pas de la même manière suivant que l’on se trouve sur un bateau au milieu d’un lac, dans une grotte privée de lumière ou dans un marais dont le sol est empoisonné. Une formule qui maintient en haleine, d’autant que des boss sont aussi présents tout au long de notre périple pour varier encore un peu plus les affrontements et nous permettre de récupérer des masques, et donc des métiers supplémentaires pour nos soldats.
This game is Soh good !
Autant vous le dire tout de suite, je n’ai jamais joué à un tower defense de ma vie, persuadée que j’étais que les titres du genre allaient s’avérer bien trop complexes à prendre en main. Exit donc les Aegis of Earth : Protonovus Assault, SteamWorld Build, Artificer’s Tower et autres Defense Witches dans lesquels je n’ai jamais osé m’aventurer. Pour autant, la beauté des graphismes du trailer, ainsi que le fait que Kunitsu-Gami : Path of the Goddess soit estampillé Capcom, m’a convaincu de lui donner une chance. J’étais quelque peu fébrile au lancement du titre, quand j’ai vu qu’il n’y avait pas de niveau de difficulté, mais après quelques tâtonnements sur les premiers stages, j’ai fini par développer des tactiques que je ne me serais jamais cru capable d’imaginer.
Pour être tout à fait franche, sur certaines mécaniques de gameplay, j’ai dû plusieurs fois aller rechercher dans les tutoriels, quelques notions n’étant pas réellement assez bien expliquées. Il m’a ainsi fallu du temps pour comprendre comment passer d’un Tsuba (Talisman qui détermine les attaques spéciales de Soh) à l’autre et ce n’est qu’au prix de recherches que j’ai compris qu’il fallait simplement appuyer sur le bas de la croix directionnelle. Autre souci rencontré, c’est qu’il n’est possible de placer ses unités que dans un périmètre restreint autour de Soh, ce qui est loin d’être optimal quand, comme moi, vous avez besoin d’une vue d’ensemble pour organiser vos troupes. Cela vous oblige à vous y reprendre à plusieurs fois quand la menace peut arriver d’endroits assez éloignés et cela devient vite un peu frustrant.
Mais ce ne sont pas des défauts assez conséquents pour m’avoir gâché le plaisir de diriger Soh durant sa mission divine. Que ce soit durant la journée ou durant la nuit, j’ai apprécié pouvoir éprouver mes stratégies plusieurs fois sur un même niveau pour les rendre de plus en plus efficaces. Si les boss me faisaient peur au début, j’ai vite réalisé que, lorsque l’on comprend leurs patterns, les battre n’est alors qu’une question de temps. Kunitsu-Gami : Path of the Goddess est donc une porte d’entrée idéale sur l’univers du tower defense et je suis persuadée qu’il s’adresse aussi bien aux débutants qu’aux plus expérimentés. En ce qui me concerne, et malgré ces quelques petits défauts, j’ai adoré faire ce trek en compagnie de Soh et Yoshiro et je m’y relancerais avec plaisir dès que mon emploi du temps me le permettra.
Kunitsu-Gami : Path of the Goddess se révèle être une très bonne surprise en mêlant un univers traditionnel japonais avec tous les éléments d’un bon jeu d’action mêlé de tower defense. Avec une difficulté parfaitement dosée, il pourra plaire au plus grand nombre, que vous soyez des adeptes du genre ou désireux de le découvrir. Et ce ne sont pas ses quelques défauts qui viennent ternir la fête, d’autant que sa durée de vie d’une quinzaine d’heures en fait le titre idéal à caser entre deux jeux plus conséquents dont les éditeurs nous abreuvent en cette période. Une proposition à ne pas manquer, c’est une certitude.
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Une direction artistique absolument sublime et une ambiance musicale qui l’est tout autant
Une difficulté parfaitement dosée
Des défis différents à chaque étape qui renouvellent sans cesse l’intérêt
Les points négatifs
Le placement des villageois limités à une zone précise autour de Soh et qui implique souvent de s’y reprendre plusieurs fois
Certains métiers des villageois, totalement dispensables
Manque de quelques explications pour bien appréhender le gameplay