SteamWorld Build

Après avoir terminé SteamWorld Build, une question nous vient inévitablement en tête : comment font-ils ? Comment font-ils pour conserver un tel degré de qualité jeu après jeu ? Car au risque de briser tout semblant de suspens, la dernière production frappée du sceau SteamWorld est effectivement une franche réussite. Une de plus, pourrait-on dire. Disponible sur PC, Nintendo Switch, PlayStation 4 & 5, Xbox One, Xbox Series X & S, ce métissage audacieux des genres city-builder, tower defense et dungeon crawler fait mouche et se montre tout aussi captivant qu’accessible.

Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur.

Un pedigree en acier trempé

Les jeux SteamWorld, développés historiquement par le studio suédois Image & Form, partagent tous un univers distinctif : un monde steampunk post-apocalyptique, où des robots au design cartoonesque évoluent dans des environnements fleurant bon le Far West. Après des premiers pas pour le moins discrets avec SteamWorld Tower Defense en 2010 sur Nintendo DSi, cette franchise en devenir a marqué les esprits avec SteamWorld Dig en 2013 (disponible sur à peu près toutes les machines connues ici-bas). Du petit tower defense sympathique de la DSi, on passe alors à une production plus ambitieuse mixant plateforme, action, récolte de ressources.

Il faut creuser sans cesse pour s’enfoncer le plus possible dans une mine abritant autant de dangers que de merveilles. Une formule imparable qui a eu le chic d’hypnotiser votre serviteur. Suivra SteamWorld Heist en 2015 (qui va se frotter avec brio à la stratégie au tour par tour), SteamWorld Dig 2 en 2017 (digne de son illustre aîné) et SteamWorld Quest : Hand of Gilgamech en 2019 (une vision réussie du style deck-building). Après The Gunk en 2021 (qui ne rentre pas dans le lore SteamWorld), nos petits robots à vapeur reviennent donc aujourd’hui avec SteamWorld Build. Mais cette fois-ci, Image & Form n’est pas à la manœuvre, laissant le développement du dernier-né à une équipe de 40 personnes, le studio The Station en l’occurrence. 

Une intrigue bien fuselée

La trame de SteamWorld Build se déroule durant les événements dépeints par SteamWorld Dig 2, avec les petites références qui font bien plaisir. Les fans de la licence seront forcément aux anges, mais les autres ne seront pas exclus pour autant, l’histoire se tenant bien à elle seule. Un mot sur le pitch, car c’est tout de même tragique (quelque part) : la planète se meurt ! Oui, vous avez bien lu. Pas de quoi faire tourner les serviettes, mais pas de panique, car il y a peut-être une solution. Celle-ci consiste à se servir d’une technologie surpuissante et ancienne afin de construire une fusée et, in fine, d’aller voir dans l’espace si l’herbe y est plus verte.

Dès les premières secondes, nous faisons connaissance avec Jack Clutchsprocket, un bot dont la gentillesse n’a d’égale que la forte empathie dont il fait preuve, et avec sa fille Astrid, qui semble avoir des liens ténus avec une ancienne civilisation qui vivait dans les environs il y a fort, fort longtemps. Autour de ce duo attachant, SteamWorld Build met en scène toute une galerie de personnages très réussis et qui s’exprime à travers des cut-scenes qui ne le sont pas moins. 

Steam City

Le déroulé du jeu repose sur deux piliers principaux. Le premier se situe à la surface, avec une ville à bâtir de zéro et toute une myriade de constructions à mettre en place. C’est ici que la partie city-builder intervient et, à l’instar d’un Sim City ou d’un Cities : Skylines, il convient de répondre aux désidératas émanant des habitants de votre cité, tout en gérant convenablement le budget et l’emplacement des infrastructures. De la couverture énergétique (qui trouve sa source dans moult matières premières) en passant par le réseau routier, rien ne doit être laissé au hasard. Nos amis robots se doivent d’être satisfaits et chaque classe (que l’on déverrouille au fil de la progression) a ses propres bâtisses et besoins.

Ainsi, c’est à travers un système de jauges de satisfactions qu’il faudra affiner sa stratégie pour que chaque citoyen soit le plus heureux possible. C’est aussi la condition sine qua none pour accueillir de nouvelles catégories de bots. Toute cette partie gestion s’inscrit parfaitement dans le lore SteamWorld, que ce soit à travers les types de ressources à exploiter, comme le type de bâtiment à mettre en place. Sans pousser la simulation aussi loin que les dernières stars du genre city-builder (coucou Cities: Skylines !), les diverses options et paramètres demeurent assez nombreux. Rassurez-vous, tous ces éléments sont introduits progressivement, permettant même aux personnes peu familières avec ce type de proposition de se laisser aisément captiver.

Grâce à des tutoriels qui s’intègrent harmonieusement au gameplay au fil des heures, le titre reste étonnamment accessible. Ainsi, les habitués, tout comme les nouveaux venus, peuvent prendre un certain plaisir à faire grandir leur cité. Ceci étant posé, il n’est pas question de s’endormir pour autant ! Arrivé à un certain seuil de progression, on se retrouve effectivement envahi de robots mécontents, avec le risque d’une belle dette financière en prime. À ce propos, la gare de votre ville fait office d’épicentre stratégique. Ainsi, et de manière cyclique, un train se rendra en gare et ce dernier permet d’échanger des éléments issus de votre stock contre d’autres matériaux. Un bon moyen de récupérer des ressources qui viendraient à manquer, ou de renflouer les caisses.

Néanmoins, et même avec ce stratagème, SteamWorld Build se montre somme toute relativement exigeant, y compris en mode normal (quatre niveaux de difficulté étant disponibles), et il n’est pas rare de remodeler certains quartiers pour faire monter au maximum la satisfaction de nos grincheux à tête de métal.

Ça grouille de fer, mine !

Le deuxième pilier de l’expérience dispensée par SteamWorld Build provient de l’exploitation d’une immense mine. On retrouve ici, avec un bonheur certain, un lien étroit avec les deux excellents SteamWorld Dig. Concrètement, il va falloir créer différentes unités pour creuser, récolter et se protéger. L’objectif principal étant de rassembler les composants nécessaires à la construction d’une fusée, des pièces qui sont profondément enfouies. Il est important de noter que les richesses extraites du sous-sol sont également essentielles pour subvenir aux besoins de la ville située en surface, créant ainsi une interdépendance entre les activités souterraines et celles se déroulant en plein air. Les différentes strates du gameplay s’imbriquent entre elles avec une aisance insolente, et c’est là l’une des grandes réussites du titre.

Pour mettre en place tout ce petit monde dans les différents étages de la mine, il faut élaborer des “quartiers”, que l’on construit en posant des dalles spécifiques au sol. Au joueur de trouver le bon équilibre entre les dalles dédiées aux mineurs, celles aux prospecteurs et aux gardes. Ces derniers ayant pour lourde tâche de protéger vos constructions et équipements lorsque des attaques (de plus en plus fréquentes au fil du temps) sont lancées par des hordes de monstres mécaniques venues en découdre. Ces assauts, propres aux souterrains, peuvent même se multiplier simultanément dans les différents niveaux de profondeur.

En plus de vos gardes qui attaquent automatiquement (très bonne intelligence artificielle, soit dit en passant), le game design intègre un aspect stratégique de type tower defense. Cela se manifeste par la possibilité de placer divers pièges et armes pour contrer efficacement les menaces. Un joli petit clin d’œil au SteamWorld Tower Defense de 2010. Il est donc primordial de passer d’une couche à l’autre, sans oublier la ville qui continue de vivre, pour gérer au mieux toutes ses affaires. Heureusement, on peut passer par une pause active, et ce pour souffler un peu et réfléchir à tête reposée aux actions à mener. On peut aussi booster ses constructions ou ses unités avec des objets bonus, que l’on trouve ici et là sur les différentes maps.

Bref, il y a beaucoup de choses à faire, et à voir. Bien que cette farandole d’options puisse paraître complexe à appréhender sur le papier, elle s’avère naturelle et intuitive manette en main. Les transitions entre les différentes phases se font avec une souplesse exemplaire, et on ne peut que saluer The Station pour avoir réussi à créer une expérience aussi ergonomique avec un joypad. Un exploit d’autant plus remarquable pour un type d’expérience généralement mieux adaptée au PC. C’est bien simple, j’ai ici retrouvé le plaisir et la simplicité d’utilisation de la légendaire version Super Nintendo de Sim City, même si SteamWorld Build propose évidemment un game design bien plus dense.

C’est du beau boulon !

Visuellement, le jeu séduit par son charme et sa grande fluidité, notamment en mode performance. Les animations et expressions des robots sont hilarantes, complétées par une bande sonore qui s’accorde parfaitement à cette esthétique cartoonesque chiadée. La direction artistique reste fidèle à l’univers emblématique des SteamWorld, un style que j’apprécie particulièrement. Les habitués de la franchise se sentiront immédiatement à la maison, dans leurs chaussons ! L’ensemble du monde, riche et détaillé, s’anime sous nos yeux de façon harmonieuse, sans jamais devenir chaotique ou confus.

De plus, la possibilité d’explorer le moindre recoin de sa ville sous différents angles et via plusieurs niveaux de zoom souligne davantage le travail minutieux réalisé par les développeurs. En outre, les différentes maps proposées permettent de se relancer pour essayer de vivre l’aventure en tentant différentes approches. Une première campagne vous demandera entre 30 et 40 heures, même si la notion même de durée de vie est subjective ici, car tout dépend de votre gestion et de votre patience. À noter que quel que soit le terrain choisi, le scénario demeure inchangé.

Mon avis : Trop bot pour être vrai ?

Une fois encore, le label SteamWorld ne déçoit pas et s’empare d’un genre pour en faire l’un de ses meilleurs représentants. Complet et prenant, SteamWorld Build saura satisfaire celles et ceux qui se laisseront tenter. Certes, le résultat n’est pas exempt de défauts. Par exemple, les robots qu’il faut satisfaire en ville pour débloquer de nouvelles classes (indispensables pour la progression) se montrent parfois assez capricieux, et arrivé à un certain seuil, les soucis de trésorerie peuvent vite freiner votre ascension.

Dans ces cas-là, pas de panique, il peut être utile de déménager ou de détruire quelques structures pour respirer un peu (conseil : modernisez dès que possible le réseau routier, vos habitants vous remercieront quand ils auront accès plus facilement à leur établissement favori !). On pourrait aussi pester contre les attaques de plus en plus abondantes dans la mine dès que l’on approche du dénouement (et de cet insupportable son strident lorsque cela arrive), mais ce ne sont ici que quelques gouttes d’eau dans un océan de bonheur.

Pour conclure…

Contrat rempli pour SteamWorld Build, qui s’impose à la fois comme un très bon city-builder et comme un excellent SteamWorld. Les touches de tower defense et de dungeon crawler agrémentent la recette sans pour autant provoquer d’indigestion. Que vous soyez néophyte ou mordu de jeux de gestion, c’est une valeur sûre, très accueillante et qui s’adapte à tous les types de public. Une réussite incontestable.

La  note  de la  rédaction

4/5

Les notes de la rédaction

Les points positifs

Un jeu à la fois profond et accessible

Cinq environnements disponibles pour se lancer

Quatre niveaux de difficultés, dont un mode bac à sable

Un univers toujours aussi sympathique et attachant

Un prix particulièrement doux (29,99 € au moment de la sortie)

Les points négatifs

Des bots bien trop exigeants par moment !

Pas facile de retrouver certains types de structure dans la ville dès que celle-ci devient trop dense

La fréquence intempestive des bruitages liés aux attaques dans la mine, qui va faire saigner plus d’une oreille

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