Originellement sorti sur Apple Arcade en deux parties en 2021, FANTASIAN Neo Dimension vient de pointer le bout de son épée sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et PC. Disponible depuis le 5 décembre 2024, Square Enix et Mystwalker Corporation offrent aux allergiques des jeux mobiles l’occasion d’enfin découvrir ce RPG au tour par tour qui réunit deux monstres sacrés de la licence Final Fantasy, à savoir Hironobu Sakaguchi à la production et Nobuo Uematsu à la musique. Mais que vaut réellement ce titre qui se pose déjà comme un hommage aux classiques du genre ? Nous avons entamé un voyage entre les mondes en compagnie de Leo et de sa bande pour répondre à cette question.
Ce test a été réalisé sur une version PC fournie par l’Éditeur.
La tâche de Leo : part !
FANTASIAN Neo Dimension commence alors que le héros Leo se réveille, sans aucun autre souvenir que son propre nom, dans un monde entièrement mécanique. Il est entouré par deux robots qui lui expliquent que c’est lui qui les a reprogrammés, mais les explications vont devoir attendre, car les droïdes de la sécurité se lancent aux trousses du trio. Ayant réussi à s’échapper, Leo s’aperçoit qu’il a en sa possession une machine appelée “Warp Device” capable de le transporter dans n’importe quel endroit dont il se souvient. À la faveur d’un flash de souvenirs, il se retrouve catapulté dans son monde natal. Va alors commencer pour lui une longue chasse pour retrouver la mémoire et le moyen de réparer le “Warp Device” dysfonctionnel depuis le voyage.
Vous vous en doutez, je ne fais là qu’effleurer le début de l’intrigue, qui va se complexifier par la suite au fil des rencontres et des événements, tout ceci afin d’éviter tout spoiler éventuel. Sachez tout de même, que, si le choix d’un avatar amnésique (un grand classique, vous en conviendrez) laisse une plus grande part d’identification pour le joueur qui évolue alors en parallèle du héros, ce dernier n’en est que plus insipide et on peine fortement à s’y attacher. Pour ne rien arranger, le reste du casting n’est guère plus charismatique si l’on excepte peut-être Tan et l’antagoniste principal, Vam The Malevolent, dont les backgrounds sont intéressants.
Comme nous sommes ici en présence d’un RPG, FANTASIAN prend son temps pour poser les bases de son univers, trop pour son propre bien d’ailleurs, d’autant que les nombreux rebondissements sont prévisibles et ne surprennent que rarement, voir pas du tout pour qui est un habitué du genre. L’action, elle, est souvent entrecoupée de souvenirs racontés sous forme de texte joués par les voix des acteurs sur fonds de crayonnés, au demeurant très beaux. Cela étant, ces parenthèses, aussi fréquentes que longues, n’aident pas à nous immerger dans l’intrigue tant elles en cassent le rythme. Bien que les sous-titres en français ne soient pas disponibles, coupant FANTASIAN Neo Dimension d’une partie du public susceptible de se laisser tenter par l’aventure, il faut bien reconnaître que le doublage est de très bonne qualité, tant en anglais qu’en japonais.
Dio-drama
La particularité du titre élaboré par le papa des Final Fantasy provient de sa direction artistique assez particulière. En effet, tous les environnements du jeu ont été réalisés à la main en diorama. Un exploit qui mérite d’être souligné et qui apporte cette touche si spéciale aux 150 environnements que vous allez traverser. Toutefois, on peut très bien ne pas adhérer à la proposition faite ici, tant le côté grossier de la maquette filmée en gros plan ressort parfois beaucoup dans certains décors (cependant, n’oublions pas que le titre était à la base conçu pour le petit écran d’un mobile). Cela pose d’ailleurs un autre problème de taille qui impacte la maniabilité du personnage.
En effet, comme les dioramas sont filmés en plan fixe, la caméra va tourner en fonction de la position du personnage, l’effet pervers étant que l’on continue sur sa lancée avec le stick incliné vers sa destination qui a elle changée de place. Il n’est alors pas rare de retourner sur ses pas sans le vouloir, voire de tourner en rond (surtout à bord des gondoles de Vence). Une difficulté récurrente durant les quelque 60 heures que dure FANTASIAN et dont on se serait bien passé, la difficulté du jeu étant bien assez corsée comme cela.
Lors de sa première sortie sur Apple Arcade, le jeu avait un niveau de difficulté assez élevé, mais pour son arrivée sur consoles et PC, Square Enix a voulu rendre l’expérience plus accessible. Ainsi, pour cette nouvelle mouture, le mode normal s’avère un peu moins punitif, tandis que le challenge original hérité de l’Apple Arcade est devenu le mode difficile. Une bénédiction, tant le challenge est loin de se révéler simple, avec un système de combat assez tactique où la moindre erreur risque de vous coûter très cher.
Mais avant de décortiquer plus avant les affrontements, il convient d’évoquer les superbes musiques composées par Nobuo Uematsu qui accompagnent votre périple entre les mondes. Si toute la bande-son est, comme d’habitude avec le compositeur, d’un onirisme dingue, capable d’amener la touche d’émotion nécessaire à vous tirer des larmes, les relents rock de certains morceaux donnent un surplus d’originalité à l’univers, capable de lui conférer une identité propre. Une ambiance collant à la fois parfaitement à l’action, mais également à son environnement, voilà bien la marque d’un grand compositeur.
Un RPG révolutionnaire dans ses caractéristiques, mais résolument classique dans sa conception !
Nous l’avons déjà évoqué, mais FANTASIAN Neo Dimension est un pur représentant du JRPG, avec tout ce que cela comporte comme codes, à commencer par des combats au tour par tour. Il sera donc question ici d’explorer un monde où les combats se déclencheront aléatoirement, les ennemis étant invisibles. Chaque affrontement vous fera bien entendu gagner des items et de l’expérience, vos guerriers acquérant automatiquement de nouvelles techniques lors de montée de niveau. Chacun possédant des attaques spécifiques à prendre en compte dans votre stratégie. Ainsi, Ez se servira de votre stock d’items pour créer des attaques (ce qui limite singulièrement les choix), quand Kina sera spécialisée sur les sorts de soin et de soutien.
Au bout d’un certain laps de temps, un arbre de compétence sera même disponible, mais la mise à disposition de ce dernier intervient assez tard dans le jeu, ce qui est plus que dommage. Bref, jusqu’ici rien que du grand classique, mais heureusement, loin de se reposer sur ses lauriers, l’équipe de développement a innové avec l’inclusion du Dimengeon. Le Dimengeon est un appareil que possède Leo et permettant à son activation d’envoyer les ennemis dans une dimension parallèle, vous faisant éviter un certain nombre de combats lors des explorations. Mais attention, l’appareil possède une capacité de stockage limitée qui, une fois atteinte, vous fera affronter tous les adversaires piégés en un seul coup. De plus, si vous placez correctement vos attaques, vous aurez la possibilité de ramasser des bonus intéressants pour vous aider dans votre lutte.
De quoi gagner un maximum d’expérience, pour peu que l’on ne se retrouve pas submergé et il sera parfois plus malin de désactiver le Dimengeon pour ne pas voir son équipe mise en difficulté. Sachez toutefois que même si le Dimengeon est actif, les ennemis inconnus ne seront pas happés par le dispositif et il vous faudra lutter avec eux une première fois avant qu’ils ne soient piégés par la suite.
Il sera d’ailleurs très important de scanner vos adversaires afin de pouvoir jouer sur leur faiblesse en adaptant vos attaques. Ces dernières dépendront également de leur aire d’action (un seul ennemi ou plusieurs, en ligne droite ou en courbe, sur une surface plus ou moins étendue), mais aussi de la position des adversaires sur l’arène. De quoi rajouter un peu plus de complexité et de stratégie à un jeu qui très vite ne va plus vous permettre d’approximation. Un choix qui là encore ne fait pas de FANTASIAN Neo Dimension un titre à la portée de tous.
La trame des titans
Avec Nobuo Uematsu à la musique, Hironobu Sakaguchi comme producteur et Naoki Yoshida en tant que coproducteur, il était évident que FANTASIAN Neo Dimension allait susciter mon intérêt. Pourtant, je dois bien dire que dès le départ, je n’ai pas du tout accroché avec la proposition qui m’était faite, tant en termes de direction artistique qu’en termes de scénario, pour les raisons que j’ai détaillées plus haut. Cependant, je dois reconnaître que le système de combat m’a passionné au point de m’en faire oublier tout ce que je pouvais reprocher au jeu.
Quand en plus, j’ai vu qu’il était possible de remplacer la musique des combats originale par une autre tirée de Final Fantasy (FF XIV : Endwalker, FF XIV : Dawntrail, FF VII Remake, FF VII Rebirth, FF Pixel Remaster ou FF XVI), en plus des magnifiques compos d’Uematsu, j’ai fini par continuer le périple malgré tout, m’accrochant au fil des heures de jeu et des échauffourées de plus en plus complexes à remporter. Je remercie les développeurs d’avoir implémenté un mode normal, tant je ne suis pas sûre que mes nerfs auraient résisté au mode difficile qui était sa norme en 2021.
Il faut savoir que même de cette façon, la deuxième partie du jeu s’est avérée trop ardue pour moi et j’ai fini par déclarer forfait, FANTASIAN ayant réussi à user ma patience et ma bonne volonté. Si je reconnais que le titre de Mystwalker est loin d’être parfait, il a aussi de solides arguments à faire valoir pour inciter à se lancer dans l’aventure. La rencontre ne s’est pas faite avec moi, mais je ne doute pas qu’il sera capable d’enchanter les joueurs de JRPG à la recherche de challenge et d’un univers intrigant.
Concocté par deux piliers de la saga Final Fantasy, Nobuo Uematsu et Hironobu Sakaguchi, FANTASIAN Neo Dimension se veut un hommage aux JRPG de la grande époque, mais avec quelques innovations parfaitement orchestrées comme le système du Dimengeon. Doté d’une musique enchanteresse et d’une direction graphique qui ne laissera personne indifférent (qu’on aime ou pas d’ailleurs), le titre peine à faire oublier de nombreux défauts comme une mise en place trop poussive de l’intrigue et des problèmes de maniabilité due à la caméra. Ajoutez à cela une difficulté qui devient trop corsée au bout d’un moment et l’absence de version française et vous obtiendrez un jeu qui ne sera pas fait pour le plus grand nombre, étant à réserver aux amateurs de défis ardus. Toutefois, si cela ne vous effraye pas, je vous conseille tout de même d’y jeter un œil, ne serait-ce que pour votre culture personnelle.
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Un parti pris graphique original avec de véritables dioramas en décors…
La musique de Nobuo Uematsu, toujours aussi enchanteresse
Le système de combat amené par le Dimengeon
Les points négatifs
… Mais qui ne plaira pas à tout le monde
Pas de sous-titres français disponibles
Un système d’arbre de compétence qui arrive un peu tard dans l’aventure
Les souvenirs, sous forme de texte en voix off, trop nombreux et trop longs, nuisent au rythme de l’action
Un gros souci de maniabilité de l’avatar du fait des changements de plan de caméra
Une difficulté assez corsée qui risque d’en décourager certains