Sortie initialement le 27 août 2021 sur PC et PS5, puis le 25 février sur PS4 et Xbox One, c’est le 14 avril dernier qu’est enfin parue la version Switch de Tormented Souls. Hommage revendiqué aux deux plus grandes sagas du Survival Horror que sont Resident Evil et Silent Hill, le jeu de PQube avait tout pour plaire, jusqu’à certaines critiques très bonnes dans la presse spécialisée. C’est donc avec un enthousiasme certain que j’ai mis la main sur la version Switch, me délectant par avance des frissons de peur qu’il allait me procurer. Il se trouve que le sentiment ressenti en jouant à cette version s’est légèrement transformé au fil de ma partie.
Moon Walker
Tormented Souls commence par la réception d’une lettre. Caroline Walker est tranquillement en train de se préparer quand elle reçoit une missive ne contenant qu’une photo de deux jumelles et un énigmatique texte « Tu pensais pouvoir te permettre de nous abandonner ici ? ». À la lecture du message, Caroline ressent un violent mal de tête. Il n’en faut pas plus pour la décider à se rendre à l’adresse de l’expéditeur de la lettre. Il s’agit un ancien manoir reconverti en hôpital, bordé par un lac. Et pour être sûre de ne pas avoir de problèmes, notre héroïne choisit bien évidemment de s’y rendre seule et de nuit.
Résultat des courses, à peine une botte posée dans le bâtiment, elle est assommée et se réveille on ne sait combien de temps plus tard dans une baignoire. Elle est alors nue, intubée et délestée d’un de ses globes oculaires. Avec un courage et un acharnement qui confinent à l’inconscience, la belle se lance à la découverte des lieux, au risque de perdre quelques organes de plus. Au cours de son expédition dans les couloirs de la bâtisse, complètement vide à l’exception de monstruosités humanoïdes et d’un prêtre trop serein pour être honnête, Caroline va traquer les mystérieuses sœurs et tenter de faire la lumière sur les événements étranges en cours dans le manoir.
Silent Evil
À la lecture du synopsis, vous aurez compris que le scénario de Tormented Souls n’est pas vraiment des plus inspiré. C’est un patchwork d’influences qui, mises ensemble, crée une intrigue convenue qui ne surprend jamais vraiment. L’hommage assumé à Resident Evil et Silent Hill est plaisant. On retrouve une grammaire visuelle qui renvoie aux premiers volets de la saga de Capcom, y compris le principe des « safe room ». Ici, point de rouleaux de machines à écrire mais des bandes magnétiques à trouver. D’un autre côté, les ennemis sous la forme d’humains malmenés dans leur chair (avec des implants de métal en option), ainsi que les incursions dans une version altérée de la réalité, rappellent fortement une certaine ville brumeuse. Le point fort du jeu, c’est cette ambiance pesante, servie par une musique et un sound design collant parfaitement à l’action.
On vous prévient d’entrée, les ténèbres vous tueront aussi sûrement que les lames des adversaires. À partir de là, vous devrez choisir entre vous éclairer avec un briquet ou porter une arme pour vous défendre contre les abominations arpentant les lieux. De quoi faire monter l’angoisse d’un cran. Autre sujet de stress, le titre dispense au compte goutte les bandes magnétiques nécessaires aux sauvegardes. On reste parfois très longtemps sans pouvoir enregistrer sa partie. Et si l’aventure est relativement courte (comptez une dizaine d’heure pour la terminer), prévoyez de longues sessions entre deux sauvegardes. Un vrai challenge, surtout que les munitions et les items de santé sont également distribués avec une parcimonie confinant à la radinerie.
Tout au long de son périple, cette chère Caro va rencontrer beaucoup d’énigmes à résoudre pour pouvoir déverrouiller des portes et avancer dans l’histoire. Si la plupart sont très bien trouvées, certaines sont un peu trop cryptiques et vous feront vous arracher les cheveux un long moment avant d’en comprendre le principe. Pour les moins patients, vous irez certainement regarder une soluce.
Un retour aux sources réussi pour Tormented Souls alors? En fait, pas tout à fait. Niveau gameplay d’abord, les développeurs ont voulu intégrer une surcouche point’n’click sur les énigmes et dans l’inventaire. Ce qui aurait pu être un clin d’œil agréable se transforme vite en sacerdoce sur une console sujette au joycon drift. De plus, le fait de devoir passer systématiquement par l’inventaire pour changer d’arme devient assez vite pénible. Le système de caméra fixe à la Resident Evil est aussi mal exploité. Durant la transition entre deux plans, on perd souvent ses repères. On finit par revenir plusieurs fois en arrière avant d’arriver à continuer son chemin. Imaginez un instant ce que cela peut donner dans une salle avec des monstres à vos trousses.
Retrouvez notre test complet de Resident Evil Village ici
Switch off the light
Parlons maintenant plus spécifiquement du portage Switch. Certes, le design des protagonistes n’est clairement pas au niveau des standards actuels, et le doublage peu convaincant n’arrange rien. Cela étant dit, le passage sur Switch leur fait perdre encore plus d’éclat. Les environnements superbes et inquiétants du manoir se retrouvent pixelisés, avec un aliasing très prononcé au point d’avoir un détourage disgracieux des éléments 3D du décor. Reconnaissons tout de même que c’est un peu moins flagrant en mode portable. On pourrait également parler des baisses de framerate et des textures qui s’affichent dans un second temps, mais ce n’est vraiment pas le pire. Le pire, ce sont les temps de chargements. C’est bien simple, Tormented Souls passe son temps à charger. Que ce soit entre les différentes zones, quand on récupère un item ou même dans l’inventaire, lorsque l’on veut manipuler un objet.
Impossible de s’immerger dans l’aventure tant les temps passés à attendre sont longs et très fréquents. On est très loin du souvenir que je gardais de la démo que j’avais essayée sur PS5. Qu’à cela ne tienne, j’ai voulu vérifier si ma mémoire me jouait des tours, ou s’ il y avait un réel écart entre les deux versions. J’ai donc re-téléchargé la démo sur PS5, et après en être arrivé au bout, le verdict est sans appel.
Je comprends un peu mieux les tests flatteurs que j’ai pu voir ici et là, ceux-ci ayant été réalisés sur des versions PC voire PS5. C’est bien simple, même si les défauts inhérents au jeu sont toujours présents (normal), la version PS5 est plus fluide, beaucoup plus belle graphiquement et avec nettement moins de chargements. Exit l’aliasing, les baisses de framerate et les bugs d’affichages, et mine de rien cela fait une sacrée différence manette en main.
Son nom est Monde, Im-Monde
Je n’irais pas par quatre chemins. L’attente pour Tormented Souls est à la mesure de la déception que j’ai ressentie en le découvrant dans sa version Switch. Le jeu a tout pour me plaire, des énigmes à gogo, une ambiance horrifique au poil, et une partie exploration appréciable. Pour autant, impossible de m’y investir tant la fréquence des temps de chargement m’a fait sortir de l’intrigue. J’ai trouvé le concept de devoir choisir entre éclairer son chemin et pouvoir se défendre génial et je me suis délectée des différentes références (plus ou moins subtiles) aux survivals de la grande époque. Cela renforce d’autant plus le sentiment de frustration et d’immense gâchis qui m’a taraudé tout au long de mon run. Je tiens à préciser que la note de ce test est surtout une sanction envers le portage, plus qu’envers le titre que je vais m’empresser de me procurer sur PS5.
Tormented Souls sur Switch fait partie de ces jeux qui vous laissent un goût amer, le genre de jeu qu’on a envie d’aimer mais qu’on ne peut tout simplement pas recommander. Le titre en lui-même est très intéressant par son ambiance et sa proposition, malgré quelques défauts, toutefois le portage sur Switch est une telle catastrophe qu’il génère une énorme frustration. Si vous devez vous y intéresser, investissez sur une version PC, PS4 ou Xbox, mais fuyez la version Switch. En tous les cas, avant de relancer Tormented Souls, c’est ce que je ferais sans aucune hésitation.
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Une ambiance horrifique maîtrisée.
Une musique et un sound design qui collent parfaitement à l’atmosphère.
La limitation de devoir choisir entre la lumière et l’arme qui accentue le stress.
Les environnements somptueux, à la fois baroques et glauques.
Les points négatifs
Plans de caméra fixes pas toujours optimisés.
L’absence de raccourcis obligeant à ouvrir le menu pour changer d’arme est pénible à la longue.
Une surcouche type Point’n’click qui nuit à l’ergonomie générale.
Trop peu de bandes pour sauvegarder sa progression et peu d’items de soin.
Des énigmes parfois cryptiques.
Un portage Switch désastreux techniquement.