C’était au mois de février, lors du Steam Next Fest que le studio Behaviour nous présentait en grande pompe son nouveau bébé : Meet Your Maker. Il est indéniable que les heureux parents avaient su nous conquérir avec ce jeu double-face, mêlant FPS et construction. Désormais disponible sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series depuis le 4 mars 2023, nous nous sommes relancés dans l’aventure pour tenter de mener à bien le projet Chimère. Il est temps de découvrir si le titre a évolué dans le bon sens.
Ce test a été réalisé sur une version PC.
How I Met Your Maker
Si Meet Your Maker vous promet une rencontre avec votre créateur, sachez que c’est effectivement le cas puisque, dans le jeu, vous incarnez un Gardien, sorte d’être cybernétique ramené à la vie par la chimère qui l’a créé. Mais reprenons du début. Dans un futur plus ou moins lointain, alors que la terre est complètement dévastée, une étrange maladie impossible à endiguer s’est propagée parmi la population humaine. Devant son inévitable extinction, les scientifiques ont conçu les chimères, êtres artificiels dont l’évolution serait la clé pour sauver la vie terrestre. Mais la chimère, en l’état, est incomplète et ne pourra évoluer qu’à la condition d’avoir en sa possession du matériel génétique pur.
Ce sera donc votre mission, amener ce matériel génétique (ou MatGen) à votre créatrice. Toutefois, il n’existe pas qu’une chimère et la bataille pour la précieuse ressource va s’avérer féroce. Entre les avant-postes de vos adversaires à piller et la construction de votre propre bunker pour protéger votre MatGen, vous n’aurez pas le temps de chômer. Heureusement, des clones, conseillers en armes, gardes, matériel et combinaisons seront à vos côtés pour vous aider dans votre périlleuse mission. Bien que le pitch de base soit simple, il est assez efficace pour nous lancer dans le feu de l’action en sachant pourquoi et pour qui nous faisons tout ça. Une façon de donner un sens à notre vie nouvellement acquise en ravageant les forteresses de nos concurrents. Et ça, ça n’a pas de prix…
Chimère et volution
Vous l’aurez compris, avec Meet Your Maker, nous allons évoluer dans un monde post-apocalyptique duquel les humains sont absents. C’est donc un environnement désertique, peuplé uniquement de forts remplis de pièges, qui nous attend. Certes, la direction artistique est plus que plaisante, mais avec un seul type d’environnement disponible, assez terne qui plus est (post-apo oblige), on tourne vite en rond. D’autant que si les avant-postes sont créés par les joueurs eux-mêmes (et quelques-uns par l’équipe du studio comme nous l’avait précisé le Lead Game Designer du jeu lors d’une Interview), ils se ressemblent tout de même beaucoup, non dans leur construction, mais surtout dans leur aspect. Et comme le désert, ça va bien cinq minutes…
Heureusement, un premier pack déco “Hellscape” est d’ores et déjà disponible gratuitement. Quant à l’arrivée de biomes et d’environnements différents, c’est en cours, comme l’indique la feuille de route du jeu qui annonce d’ores et déjà une mise à jour majeure gratuite pour le mois de juin 2023, ainsi que l’arrivée d’un nouveau décor nommé “Secteur 1 : Dreadshore”, qui sent bon le marais ou le monde aquatique. En ce qui concerne la musique et le sound design, ils collent parfaitement à l’ambiance et retranscrivent avec brio la tension des raids, notamment la musique qui a une légère tendance à s’emballer même quand aucun piège ou garde n’est présent. De quoi vous causer quelques montées d’adrénaline alors que rien ne vous menace. Mais comme en raid, il vous faudra être constamment sur vos gardes, c’est un excellent moyen de vous maintenir sur le qui-vive. On dit merci qui ?
Double Impact
Comme nous l’avons déjà vu, le gameplay de Meet Your Maker est double. D’un côté, il s’agit de voler du matériel génétique dans des blockhaus conçus pour notre destruction, et de l’autre d’ériger une forteresse dans laquelle les pillards ennemis vont au devant d’une mort certaine. Tout commence avec la carte du poste de commandement qui vous permettra soit de choisir vos prochaines cibles à voler, soit de gérer vos bastions défensifs. Mais voyons tout cela plus en détail.
Face, je pille…
Avant de pouvoir protéger ses propres réserves de MatGen, il convient, en premier lieu, d’en “récolter”, même si vos fournisseurs ne semblent pas prêts à vous céder leur stock si facilement. Qu’à cela ne tienne, ce sera donc à vous d’aller vous servir, tout en déjouant les pièges et en évitant les gardes du bâtiment. Pour cela, vous aurez à disposition deux armes principales (sur cinq au total), une vous permettant d’attaquer à distance comme l’électrolancier et un sabre plus adapté pour les affrontements au corps-à-corps. Vous pourrez également vous équiper de projectiles comme des bombes ou des mines générant un champ de protection, voire vous permettant de recréer un nouveau corps après votre trépas.
Car nous sommes ici dans un concept de “die and retry” où, au moindre coup encaissé, votre avatar mourra, vous obligeant à recommencer le niveau. Si vous débutez, pas de panique, vous aurez le choix entre plusieurs niveaux d’avant-poste allant de “Normal” à “Dangereux” en passant par “Brutal”. À vous de tenter de piller les postes adverses en fonction de votre habileté. Mais n’oubliez jamais que vos concurrents vont tout faire pour vous mettre des bâtons dans les roues avec des placements de pièges faisant montre d’une imagination débordante de leur part.
Vous souhaitez juste vous entraîner sans aucune pression ? Certains joueurs ont créé des avant-postes dits “Sociaux” qui ne vous rapportent aucune ressource ou expérience une fois conquis. Ils pourront toutefois vous permettre de peaufiner votre stratégie que vous ne juriez que par la rapidité pour vaincre ou que vous préfériez détruire méthodiquement tous les pièges (ce qui en prime vous rapporte des pièces détachées). L’utilisation du grappin vous procurera de la verticalité et de la rapidité en plus, et croyez-moi, ce n’est pas un gadget inutile, loin de là.
…Pile, je bâtis
Maintenant que vous possédez vous aussi des ressources, il est nécessaire de les protéger des pillards en confectionnant un blockhaus mortel sur la base d’un lieu de sépulture plus ou moins étendu. Une fois le lieu choisi, nous voilà plongé dans un menu de construction rappelant beaucoup celui de Minecraft, et qui ne devrait pas perturber les habitués du titre de Mojang. Attention cependant, vous aurez un certain nombre de contraintes à respecter dans la conception de votre avant-poste. Ainsi, vous ne pourrez pas modifier l’emplacement du MatGen et il vous faudra construire votre structure autour de ce point. De même, vous ne pourrez pas bloquer le chemin du récolteur qui devra pouvoir faire la navette entre le point de livraison à l’extérieur du bâtiment et l’emplacement du MatGen.
Pour le reste, vous avez carte blanche pour poser des pièges tous plus diaboliques les uns que les autres ou tendre des embuscades aux éventuels voleurs avec des gardes. Ceux-ci peuvent être améliorés via leur conseiller pour les rendre encore plus dangereux et vous pourrez même leur assigner un chemin de ronde déterminé. Rien que ça ! Bien entendu, vous aurez la possibilité de voler lors de la phase de construction, ce qui est bien pratique pour visualiser son œuvre dans son ensemble. Ça y est, votre bunker est prêt ? Si vous le souhaitez, vous pourrez expérimenter vous-même votre avant-poste avant de l’activer afin de vérifier lesquels de vos pièges sont les plus efficaces ou de changer ceux qui sont trop prévisibles.
Certes, comme vous connaissez leur emplacement, la partie est biaisée, mais les développeurs de chez Behaviour ont eu la brillante idée de nous permettre de voir et de revoir les raids effectués dans notre forteresse par les autres joueurs via un écran de contrôle. Nul doute qu’avec ces données le machiavel qui sommeille en vous va se réveiller, d’autant que les avant-postes ont une durée de vie limitée, ce qui vous poussera à en créer de nouveaux toujours plus inventifs pour massacrer les pillards qui auront l’impudence de tenter de vous voler.
Cette fois, c’est bon, vous voilà prêt à dévoiler votre bâtiment de mort aux autres gardiens. Il ne vous reste alors plus qu’à l’activer. Et pour ce faire, vous pourrez le passer en avant-poste “Social” (qui ne fait gagner aucune ressource et aucune expérience), “Actif” (vous ne perdrez pas de MatGen quand les voleurs le pillent), mais aussi “Sur-régime” (Vous perdez 300 MatGen par pillage réussi, mais vous gagnerez également 100 % de MatGen par pillard tué). Là encore, tout dépendra de vos préférences, engranger un maximum de matériel génétique le plus vite possible ou jouer la sécurité.
Où y’a des gènes, y a pas de plaisir…
Lorsque j’avais réalisé la Preview de Meet Your Maker, je vous avais indiqué m’être bien amusée, car j’avais joué avec mon rejeton, beaucoup plus doué que moi dans le genre FPS. J’étais donc ravie de pouvoir reprendre nos parties à deux, lui fonçant tête baissée et moi suivant prudemment derrière, prête à le ressusciter et à détruire un piège qu’il n’aurait pas vu. Seulement voilà, ce fut la douche froide quand nous avons voulu réitérer notre duo puisque, comme le jeu était gratuit lors du Steam Next Fest, je n’avais pas compris qu’il fallait que les deux joueurs soient possesseurs du titre.
Un comble, d’autant que le joueur invité ne gagne absolument rien à aider son ami, ni MatGen, ni ressources, ni expérience, ce qui à mon avis ne va certainement pas pousser les joueurs à l’entraide. C’est donc seule que je me suis lancée dans Meet Your Maker, avec mes difficultés de coordinations, ma visée aux fraises et mon motion-sickness inhérent à la vue FPS. Premier bon point, comme lors de la preview, ce dernier est toujours aux abonnés absents et j’ai au moins pu profiter de ma nullité au tir sans être malade. Bon an, mal an, j’ai tout de même réussi à piller les forteresses de mes adversaires et à leur voler les inestimables gènes, au prix de multiples essais. J’ai pour le coup beaucoup plus apprécié le mode construction en solo, me découvrant un certain talent pour la pose de pièges vicieux et mortels.
Il est évident que Meet Your Maker possède un potentiel énorme en termes de mises à jour et de contenus additionnels, mais le fait est que récolter du matériel génétique, monter de niveau et faire évoluer sa chimère semble ne mener à rien scénaristiquement parlant. Certes, cela en fait un jeu à la jouabilité infinie, mais tout de même, une évolution de l’intrigue en parallèle de celle de la chimère aurait été appréciable et appréciée, ne serait-ce que pour maintenir l’intérêt du titre qui finit par vite devenir répétitif. Si vous êtes abonnés PlayStation Plus, Meet Your Maker y est pour l’instant gratuit, et je vous invite à en profiter pour vous faire votre propre avis.
Si vous aviez pu découvrir le titre lors du Steam Next Fest, vous vous apercevrez vite que Meet Your Maker était déjà quasiment finalisé et que ce que nous avions pu en découvrir à l’époque est très proche de sa version définitive. Avec un concept toujours aussi fort, son gameplay mi-pillage mi-construction devrait séduire les amateurs de l’un comme de l’autre. Une réussite, non exempte de défauts, mais dont le principe même implique une durée de vie quasi infinie, même si sa redondance en fait plus un titre à grignoter de temps à autre. Mais après tout, l’humanité ne s’est pas construite en un jour et l’Histoire est un éternel recommencement !
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Pas de motion-sickness à déplorer en cours de partie
La partie raid et la partie construction se complètent parfaitement
Une ambiance post-apocalyptique efficace
Les points négatifs
Il n’est possible de jouer en coop’ avec un ami que si celui-ci possède le jeu
Un système de visée qui demande du temps et de l’entraînement pour être maîtrisé
Un gameplay redondant au bout d’un moment