Doug’s Nightmare

Doug’s Nightmare, dernier né du studio brésilien Undev Games, est un jeu atypique, tant dans ses graphismes que dans sa direction artistique. S’inspirant très certainement de Binding of Isaac (mêmes thématiques, même gameplay), il aborde le thème de l’anxiété chronique tout en livrant des phases de jeu addictives et jouissives, ni trop faciles ni trop compliquées, un bel équilibre en somme. Reste la D.A. qui ne plaira pas à tout le monde mais qui ne pollue à aucun moment le gameplay. Une belle réussite pour un petit jeu sans prise de tête à un prix défiant toute concurrence.

Ce test a été réalisé sur une version Nintendo Switch fournie par l’Éditeur.

Les captures présentées ne sont pas représentatives de la qualité graphique du jeu, ces dernières n’ayant pas pu être prises via la Nintendo Switch.

Banana Spleen

Doug est une banane d’un jaune éclatant aux poches sous les yeux bien marquées, et pour cause, depuis quelque temps, une sorte de “jumeau maléfique” vient lui rendre visite la nuit afin de lui rappeler combien il est un loser depuis sa plus tendre enfance, ce qui ne lui permet pas un repos bien réparateur comme il le voudrait… Les nuits où Doug pense, rumine et commence à se stresser, il parcourt des donjons à la Zelda, à la poursuite de son anxiété, matérialisée donc sous la forme d’un jumeau en négatif, une banane malade et toute grise. Cette dernière n’aura de cesse de faire apparaître des créatures toutes plus cheloues les unes que les autres afin de ralentir Doug dans l’amélioration de son estime de lui.

Couper la Poire en Deux

Action-aventure, Rogue-like, twin-stick shooter… Il est toujours difficile de qualifier ces jeux à donjons où nous tirons sur tout ce qui bouge à 360° à la ronde. C’est pourtant bien le cas ici, où cette petite banane qu’est Doug se déplace de pièce en pièce, se retrouve enfermée et doit dégommer aux poings (ou aux armes, au choix), des vagues d’ennemis aux pouvoirs très diversifiés. La mécanique de Doug’s Nightmare est bien huilée, on s’active sur le joystick de gauche afin de se déplacer, se positionner et éviter les tirs ennemis, on s’acharne sur le joystick de droite afin de viser au mieux le camp d’en face.

Nous avons la possibilité d’actionner manuellement les tirs (si nous désirons jouer la précision) ou bien de demander à Doug de canarder non-stop, il ne nous reste plus alors qu’à viser. Tout au long de nos pérégrinations, nous ramassons des petits en-cas (bienvenue) qui nous remettent de la vie ou bien des gummy-bears qui remontent notre jauge d’énergie. Une fois celle-ci bien remplie à rabord, nous avons la possibilité d’accélérer notre cadence de tir pour une courte durée.

Mais attention, si cette dernière vient à chuter trop bas, c’est notre moral qui en prend un coup et apparaît alors notre “jumeau-banane-maléfique-grisâtre-moqueuse” qui se rajoute aux ennemis déjà présents, le tuer devenant alors la seule solution pour espérer commencer à faire remonter notre puissance de tir.

Chaque fin de donjon de Doug’s Nightmare nous met face à un boss, évidemment plus grand et plus puissant que les ennemis lambda. Heureusement, nous aurons parfois la chance de recevoir de jolis cadeaux (bien emballés qui plus est) où se cachent des accessoires bien utiles comme des armes, ou bien moins utiles mais bien stylés comme des tenues alternatives. Vous l’aurez compris, le gameplay est archi-simple mais ne fait heureusement aucune erreur et le jeu se parcourt de façon très plaisante sans aucune lacune particulière, un véritable plaisir. 

T’as la Réf ?

Évoquons la direction artistique de ce drôle de jeu qu’est Doug’s Nightmare… Elle ne laissera pas indifférent tant elle dénote finalement des standards actuels. Là où la norme du moment (et ce depuis pas mal d’années) se veut soit photoréaliste, soit artistiquement très aboutie (pixel-art, illustration, design…), Doug’s Nightmare fait le choix… d’un non-choix.

En effet, le style général de Doug’s Nightmare ressemble à s’y méprendre à ce qu’aurait pu produire un dessinateur qui ne sait pas réellement faire de choix car il ne sait pas réellement dessiner tout court. C’est un peu méchant, certes, mais il s’agit là d’un choix parfaitement assumé par le studio et qui ne gâche en rien l’expérience de jeu, peut-être même au contraire. Dans un dessin fait main très simple, davantage gribouillé que dessiné, naïf et approximatif, Doug’s Nightmare pourrait rappeler les œuvres d’art à cheval entre le dessin spontané et les “craboutchas” que fait un enfant en se racontant des histoires dans la tête.

Personnellement, et c’est très générationnel j’en conviens, ce style m’a donné une bouffée de nostalgie car il m’a rappelé les productions animées de MTV de la fin des années 90 (Beavis and Buthead en tête) associé aux D.A. parfois très approximatives de l’âge d’or des plateformes en ligne de mini-jeux flash. C’est un choix artistique qui convient bien au sujet du jeu car finalement, à l’instar de ces dessins animés undergrounds, il s’agit ici de brasser du loufoque et de l’incongru afin de parler de sujets de société assez sérieux, l’anxiété et la dépréciation de soi.

Nous allons, dès lors, parcourir un monde onirique (et plus précisément cauchemardesque si on s’en réfère au titre du jeu) de pièces aléatoires (parfois en forêt, parfois dans les bas-fonds d’une ville, parfois sur ce qui semble être une autre planète, parfois même dans un temple cthulhien…) peuplées elles-mêmes de personnages… Comment dire… Peu gâtés par la nature, voire pas tout à fait terminés pour certains (au choix des champignons armés, des zombies estropiés de guerre, des sorciers bossus et encapés ou encore des mains flottantes aux pouvoirs divers et variés).

Ce carnaval visuel se permet enfin de glisser des références culturelles à la pelle, parmi lesquelles Star Wars, Lovecraft, Terminator, Roswell, Worms… Bref, l’imagerie populaire américaine dans toute sa diversité, voire étrangère comme Dragon Ball par exemple. Notons enfin, petite cerise sur ce gâteau peu ragoûtante mais finalement goûtue, une possibilité de customisation de notre banane à l’effigie de diverses personnalités (je pense avoir reconnu Elvis et Rambo). En résumé, le jeu se permet une imagerie osée qui ne plaira pas à tout le monde mais qui participe pleinement à ce côté détraqué et fourre-tout, sans prise de tête, qu’ont les créations spontanées et énergiques dans l’art.  

Bana-nuit les Petits

Reste que le jeu n’a pas que des qualités. Il possède un paradoxe bien malheureux, à savoir qu’il est à la fois très court mais relativement répétitif. Il m’aura fallu trois bonnes heures afin de le terminer en mode facile (mode qui est réellement très facile) et, heureusement diront certains, le jeu propose un mode plus difficile qui, lui, s’avère être un défi digne de ce nom ! Peut-être même un peu trop difficile pour le coup. Un meilleur dosage entre trois modes de difficulté plutôt que ce grand écart entre seulement deux modes aurait été un meilleur choix.

L’aspect répétitif du jeu est essentiellement dû à son gameplay qui consiste, très simplement, à se déplacer dans une pièce en canardant les ennemis, tout en cheminant progressivement vers un boss qui ne se distingue en aucun cas du pattern des ennemis normaux (enfin si, parfois un petit peu, ne soyons pas menteurs, mais trop peu pour s’égayer d’en rencontrer un…). La seule source d’étonnement et de renouvellement vient des changements d’environnements, apportant avec eux leur lot de nouveaux ennemis, très souvent drôles.

Pour conclure…

Finalement, Doug’s Nightmare est un jeu extrêmement simple, court, ramassé mais diablement efficace. Pour un prix très abordable, vous vous amuserez réellement le temps de quelques heures, voire plus si vous aimez les modes difficiles. Avec un gameplay pragmatique mais sans erreurs, il “roule tout seul” sous vos doigts et vous fait passer un réel bon moment. La direction artistique est amusante, à la fois craspec, naïve et spontanée et l’univers présenté n’est ni très fouillé, ni très intéressant, mais assez caractérisé pour permettre une chouette petite immersion dans la tête du protagoniste. Quelques bonus viennent enrichir périodiquement l’expérience de jeu comme des possibilités de customisations ainsi que des références culturelles amusantes. 

La  note  de la  rédaction

3-5/5

Les notes de la rédaction

Les points positifs

Gameplay efficace

Prix

Direction artistique assumée

Références en tous genres

Les points négatifs

Durée de vie

Direction artistique osée

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