Six ans après avoir révolutionné le genre open world avec The Legend of Zelda : Breath of the Wild et offert un second souffle bienvenu à cette saga mythique, Nintendo remet le couvert avec sa suite directe : The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom. Annoncé en grande pompe en clôture du Nintendo Direct du 11 juin 2019, le titre a dès le départ suscité une forte attente chez les fans, en même temps qu’une pointe d’inquiétude. Comment reproduire l’exploit du premier épisode ? L’équipe de développement ne risque-t-elle pas de s’endormir sur ses lauriers ? Autant de questions auxquelles Nintendo a apporté sa réponse le 12 mai 2023, avec la sortie sur Switch de The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom. On s’est lancé à l’assaut du test et l’exploration s’est très vite transformée en randonnée.
Ce test a été réalisé sur une version Nintendo Switch.
Link ? Hyrule the game !
Comme je l’ai déjà dit, The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom est la suite directe de Breath of the Wild et prend place seulement quelques années après les événements du premier. On y retrouve Zelda et Link, arpentant de sombres galeries anciennes qui se trouvent sous le château. Ils cherchent à déterminer la source d’une étrange propagation de miasmes, rendant malade les habitants du royaume, exception faite de notre duo qui ne semble pas y être sensible. Au cours de leur exploration, ils découvrent des vestiges d’une ancienne civilisation, celle des Soneaus ainsi que des bas reliefs retraçant l’histoire de la grande guerre des siècles auparavant.
Poussant plus avant leur exploration, les deux hyliens tombent sur une momie (nous rappelant étrangement quelqu’un) qui se réveille à leur approche. Après un laconique échange, le mort-vivant déclenche une attaque dévastatrice qui va corrompre le bras de notre héros et envoyer Zelda faire un vol plané dans un ravin. Tandis que la princesse se volatilise dans une lumière dorée, le jeune chevalier perd connaissance et se réveille sur une île céleste, dépouillé de ses vêtements et un bras étrange greffé à la place du sien. C’est alors que l’esprit d’un Soneau se matérialise devant notre héros et lui explique que la corruption de son bras était telle qu’il a été obligé de le remplacer par le sien et que la Master Sword est désormais inutilisable, car complètement corrodé par le pouvoir de l’ennemi.
Pire encore, Hyrule a subi de plein fouet la libération de l’énergie maléfique de la momie, ce qui a eu pour effet de transformer radicalement la géographie du monde. C’est donc avec un nouvel appendice que le héros va partir à la recherche de la princesse, dans un voyage qui promet d’être long et compliqué. Voilà pour le pitch de base, et je n’irais pas plus avant dans l’intrigue afin de ne pas vous en dévoiler trop, d’autant que le plaisir de la découverte est ici une part importante de l’appréciation du titre.
L’apparition des Soneaus et toute la mythologie qui leur est associée font de Tears of the Kingdom un titre à l’intrigue tentaculaire parfois difficile à suivre, mais possédant indubitablement le meilleur casting de toute la saga. Même les divers PNJ peuplant Hyrule ont fait l’objet d’un soin particulier dans leurs interactions avec votre avatar et dans leurs dialogues très travaillés et souvent savoureux. Rien que pour ça le titre de Nintendo est déjà une réussite.
Monde ouvert ou rouge
Pour ceux qui ont déjà eu entre les mains Breath of the Wild, on s’aperçoit très vite que toute la formule n’a pas été changée non plus dans The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom. Ainsi, si le monde terrestre d’Hyrule a vu sa géographie légèrement remanié, apocalypse oblige, il reste assez semblable et ouvert que celui du premier, même si sa taille a été revue à la hausse avec l’ajout de nombreuses îles célestes flottants dans les airs et d’une carte souterraine, elle aussi titanesque. De quoi passer de longues heures à explorer en marchant, courant, escaladant, planant (via la paravoile qui est toujours de la partie), etc. Bien sûr, sprinter ou escalader videra de nouveau votre jauge d’énergie, votre arsenal sera toujours destructible au fil des combats et venir à bout des sanctuaires et des boss vous permettra d’augmenter votre nombre de cœurs ou votre endurance.
On retrouve également la superbe direction artistique du précédent volet, ainsi que les principaux thèmes musicaux parfois subtils et souvent épiques, venant toujours sublimer l’aventure sans être trop présents non plus, à l’instar du sound design du jeu. Un équilibre parfait qui accorde au joueur de longues heures d’émerveillement aussi bien visuelles qu’auditive. Toutefois, la comparaison s’arrête là puisque le monde de Tears of the Kingdom est encore plus fourmillant de vie que le premier épisode. La topographie des lieux a été pensée avec une telle minutie que, quel que soit l’endroit où l’on se trouve sur la map, on découvre à chaque fois des points d’intérêts intelligemment placés et autant vous dire que le nombre de quêtes annexes a été revu à la hausse dans cet opus.
Bonne nouvelle pour ceux qui avaient regretté l’absence des traditionnels donjons dans Breath of the Wild, ils font ici leur grand retour et ils ont été extrêmement bien pensés, tout comme les sanctuaires disséminés sur toute la carte d’ailleurs.
I’ve Got The Power
Si le Gameplay de base de Tears of the Kingdom reprend les ficelles du premier épisode, Link se contrôlant de la même manière, c’est véritablement l’apparition des pouvoirs qui fait entrer le titre dans une tout autre dimension. Grâce au bras greffé provenant d’un Soneau, notre héros peut désormais utiliser des pouvoirs spéciaux tout au long de l’aventure qui redéfinissent littéralement notre appréhension du genre, de l’espace même d’un jeu d’aventure. Il y en aura cinq au total, mais le dernier étant assez difficile à obtenir et avec un nom assez suggestif nous vous laisserons la surprise de la trouvaille. Commençons avec “Emprise” qui va nous permettre de déplacer et d’assembler divers matériaux pour créer des constructions, des véhicules, des robots et autres créations complètement folles.
Il y a également “Amalgame” qui permet de faire fusionner des armes avec d’autres éléments afin d’obtenir un arsenal surpuissant, “Rétrospective” qui fait remonter le temps à un élément de son choix (lui faisant faire son parcours en sens inverse) et enfin “Infiltration” qui vous permettra de traverser n’importe quel plafond – ou presque -, pour ressortir tranquillement de l’autre côté (une idée géniale qui transcende totalement le concept de verticalité dans un jeu vidéo).
L’expérimentation qu’impliquent ces pouvoirs est addictive, car le moteur physique du jeu est ultra-permissif et impressionnant, et, tout comme avec Breath of the Wild, on trouvera encore de nouvelles possibilités d’utilisation bien des années après la sortie du titre. Ici la seule limite sera celle de votre imagination, certaines constructions demandant parfois des trésors d’ingénierie afin que l’ensemble fonctionne. Certes, si vous n’avez pas d’appétence pour la construction ou la création, vous risquez fort de passer à côté d’une grande partie du charme de l’aventure.
Attention, chute de terres !
Tears of the Kingdom fera également la part belle à l’emploi de vos neurones, ne serait-ce que dans les énigmes proposées dans les sanctuaires, les quêtes annexes qui seront bien souvent basées sur des rumeurs, dont vous devrez remonter à la source, ou même encore lors des affrontements. En effet, les ennemis sont désormais bien plus intelligents et plus nombreux que dans Breath of the Wild et il vous faudra faire des choix stratégiques tant pour combiner vos armes, que pour bien les choisir en les adaptant au mieux à l’ennemi, chaque type d’arme (à une main, à deux mains, lance et arc) possédant ses avantages et ses inconvénients à prendre en compte pour triompher.
Bien entendu, vos autres pouvoirs pourront aussi vous servir en combat si vous êtes assez rusé pour leur imaginer une application martiale. Sans parler des guerriers que vous pourrez invoquer et qui dispensent des actions et attaques spéciales bien pratiques. Mais chut, là encore on vous laisse la surprise ! Tant de possibilités a porté de main, il faut bien avouer que ça donne le tournis, Tears of the Kingdom récompensant sans cesse votre curiosité et votre capacité à innover. Comme avec son aîné, on ne se retrouve jamais coincé ou entravé par le jeu, ce qui fait que chacun mènera sa quête comme il l’entend et qu’aucune d’entre elles ne sera pareille à une autre.
Cheers of the Fandom
Fan de la première heure de la franchise Zelda, il est tout de même arrivé un moment où je trouvais que la licence ne se renouvelait pas assez et je déplorais constamment le manque d’originalité des derniers épisodes (exception faite de A Link Between Worlds, encore que…). Mais ça, c’était avant… Avant de découvrir Breath of the Wild et sa révolution. Aussi quand Nintendo a annoncé la suite de ce titre culte, je me suis enjaillée comme tout un chacun à l’idée de retourner arpenter le vaste monde des hyliens. Aucune inquiétude d’aucune sorte de mon côté, puisque je me serais parfaitement contentée d’un titre faisant aussi bien que son prédécesseur.
Puis The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom a déboulé et j’ai allumé ma Switch pour me prendre un gigantesque coup sur la tête, tant je n’étais pas prête pour la magnificence de ce jeu. Bon je dois quand même reconnaître que de prime abord, et au vu des performances des consoles de nouvelle génération, j’ai été gênée par les contours scintillants ou “en escalier”, les diverses baisses de framerate (alors même que Tears of the Kingdom tourne en 30 FPS au mieux de sa forme) et les différents petits bugs d’affichages qui montrent clairement les limites techniques de la console hybride de Nintendo (un exemple concret : certaines zones du village Cocorico mettent vraiment à mal la machine et engendrent de très gros ralentissements).
Toutefois, et c’est là que réside le génie d’Eiji Aonuma (le producteur de la série) et de son équipe, devant la proposition forte, l’intrigue passionnante, la topographie dantesque du monde à découvrir et la direction artistique sublime, j’ai très vite passé outre ces quelques petites imperfections, que je ne voyais même plus au bout d’un certain laps de temps. Je dirais même plus, c’est grâce aux contraintes techniques imposées par la Switch, et que l’équipe de développement a dû contourner, que le rendu cell-shading a été utilisé, donnant cette direction artistique et cette couleur si particulière aux jeux.
Pour le reste, vous l’aurez compris depuis bien longtemps (environs la fin de mon introduction, je pense), je suis conquise par ce nouvel épisode qui n’a pas encore fini de me livrer tous ses secrets. Je vais donc vous abandonner séance tenante pour aller retrouver Link. Bah quoi ? Il y a des priorités dans la vie !
Un nouveau coup de maître, une leçon pour toute l’industrie. On ne vous parle que de la surface, pour vous laisser le plaisir – indispensable – de la découverte, que ce soit en termes de Gameplay ou encore de scénario. De toute façon, il est encore trop tôt (même avec plus de 100 heures au compteur) pour appréhender ce que le titre a à nous offrir dans sa totalité et il va être intéressant de voir comment la concurrence va digérer les nouveautés de cet opus, comme elle l’avait fait avec Breath of the Wild, l’un des jeux les plus influents de ces 10 dernières années, rappelons-le. Les joueurs ne s’y sont pas trompés, faisant de Tears of The Kingdom un raz de marée commercial avec 10 millions de copies vendues en trois jours, sans parler d’un record au Japon pour la série avec le plus gros démarrage enregistré jusqu’ici par un Zelda (2,24 millions de ventes sur l’archipel) détrônant largement par la même Ocarina of Time. De quoi avoir la tête dans les nuages pour Nintendo.
La note de la rédaction

Les notes de la rédaction
Les points positifs
Un monde ouvert gigantesque sur trois niveaux et savamment conçu
Les différents pouvoirs octroyés permettent une infinité d’utilisations dont la seule limite est notre imagination
Une bande son absolument sublime
Une direction artistique somptueuse avec un casting qui ne l’est pas moins
Un nombre de quêtes annexes absolument colossal
Les points négatifs
On ressent très vite les limites techniques de la Nintendo Switch
Les journées ne durent que 24 heures, hélas