Pour son deuxième jeu, Creatures of Ava, le studio espagnol Inverge Studios nous propose un monde ouvert où, une fois n’est pas coutume, nous devons sauver des créatures d’une planète, plutôt que les vaincre. Armé de notre appareil photo et de notre flûte, nous allons découvrir les coutumes locales, ainsi que la faune et la flore de cette jolie planète qu’est Ava.
Ce test a été réalisé sur une version Xbox Serie X via le Xbox Game Pass.
Zoo Trauma
Creatures of Ava nous met dans la peau de Victoria Hamilton, dite Vic (dans le meilleur des cas…), une exploratrice dont la mission est d’étudier la faune et la flore locale d’Ava, mais également de sauver les espèces animales qui la peuplent. Nous reprenons la mission d’une précédente équipe, déjà venue explorer cette même planète il y a des années de cela. Accompagnée de notre binôme, Tabitha, et de Nim’ar, un autochtone, nous allons à notre tour explorer cette planète, rencontrer ses habitants (appelés les Naam), retrouver les bases d’études de nos anciens collègues et en apprendre plus sur le mal qui ronge la planète et qui menace toute forme de vie, le dépérissement.
Voyage à Flût’opia
Creatures of Ava est un jeu vaste et pacifiste. En effet, en guise d’arme, nous aurons un appareil photo qui nous permettra de “capturer” les animaux, les habitants et les collectibles en image, nous possèderons également une flûte, afin de pouvoir interagir avec ces animaux, et enfin, nous utiliserons le Nafitar, un bâton construit par un peuple ancestral d’Ava et possédant des pouvoirs capables de combattre le dépérissement. Ce fameux bâton pourra être amélioré grâce à une pierre de sagesse par région. Il nous sera alors demandé de résoudre un petit puzzle pour le débloquer.
À chaque amélioration, un nouveau pouvoir nous sera octroyé, nous permettant de multiplier les possibilités et le gameplay. Par exemple, le pouvoir de base nous permet de “nous connecter” afin d’assainir les créatures ou la flore infectées. À cela s’ajoute la possibilité de faire planer divers éléments, ou encore de s’équiper d’un bouclier pour traverser des zones dangereuses. Pour utiliser le pouvoir en question, il faut en premier lieu “se connecter” à l’animal ou l’élément sur lequel on souhaite interagir, puis activer le pouvoir souhaité en simultané.
En plus de l’exploration et de l’amélioration, le jeu se dote également de moments de plateformes ou de petits puzzles pour atteindre certaines zones. Toutes nos recherches et découvertes seront consignées dans une encyclopédie interactive, l’Avapédia. Ainsi, tous les animaux de la planète vont être pris en photo et référencés, à la façon d’un pokédex. Nous aurons également quelques petites missions propres à chaque espèce afin d’obtenir une fiche 100% complète pour chacune d’elles. Mais ce qui fait réellement l’originalité de Creatures of Ava, c’est la possibilité de se connecter avec les animaux afin de les contrôler et de bénéficier de leurs compétences. Les zones avec lesquelles il sera possible d’interagir, selon l’animal utilisé, seront surlignées de couleur bleue.
De plus, chaque partie de la planète possède sa propre mélodie. Cette dernière permet aux bergers de chaque zone de faire écouter leur troupeau. Il faudra donc apprendre la mélodie propre à un biotope, grâce à notre flûte, afin de pouvoir interagir avec les animaux qui y vivent. Mais ce n’est pas tout. Chaque espèce possède également sa propre mélodie, qu’il faudra jouer, sous la forme d’un mini-jeu façon “Simon”, à savoir une suite de notes à reproduire dans le bon ordre. Nous aurons également la possibilité de crafter à l’aide des différentes plantes récoltées sur la planète. Chacune possède sa spécificité selon la potion concoctée. Les recettes “coûtent” des consommables pour être apprises avant de pouvoir les utiliser.
Dis comme cela, le jeu peut paraître boursouflé de mécaniques diverses et donc un peu brouillon, mais en réalité, tout est très bien ficelé et les apprentissages se font progressivement, ce qui permet de bien les maîtriser, et surtout de varier le gameplay. La prise en main concernant la possibilité de switcher entre les différents pouvoirs manque cependant de clarté au niveau du tutoriel. Heureusement, cette mécanique reste assez simple à appréhender sur le long terme.
Bien que l’idée d’utiliser les compétences de la faune locale m’ait beaucoup plu au début, j’ai par la suite trouvé dommage que les pouvoirs des différents animaux soient plus ou moins les mêmes d’une zone à l’autre. Une fois que l’on a pu tester chaque mécanique, cela devient rapidement répétitif et il y a peu de nouveautés sur le long terme. Par exemple, on se retrouve trop souvent face à un pont que l’on doit débloquer grâce à un animal pour accéder à une nouvelle zone, ou encore face à des barrières à briser, grâce à un autre animal. Excepté l’une ou l’autre mécanique qui finisse par s’ajouter, comme un saut amélioré ou des chaudrons aveuglants à détruire, le jeu offre peu de variété.
En plus de cela, nous avons des points de compétence qui nous permettent, entre autres, d’améliorer ces pouvoirs. Concernant les améliorations, nous trouverons çà et là des kits, tant pour notre inventaire, que pour notre endurance ou notre vie. Plus nous avancerons dans le jeu, plus nous aurons besoin de kits. Je le répète, Creatures of Ava est vaste, car, en plus des éléments cités précédemment, il y aura également des collectibles à trouver, tels que des carillons à photographier, des zones où jouer de la flûte afin de méditer, ou encore des pierres de savoir à étudier.
Ces collectibles vont nous permettre de gagner des points de compétence (tout comme chaque gain de niveau). Petit bémol, pour peu que l’on soit complétiste, nous nous retrouvons avec tous nos points, et de fait, toutes nos compétences activées et upgradées au maximum assez tôt dans le jeu. Personnellement, dès la troisième zone (sur quatre), j’avais déjà obtenu la quasi-totalité des compétences, excepté celles liées au dernier pouvoir à acquérir, mais que j’ai pu upgrader en une fois grâce à tous les points de compétence que j’avais accumulés. Autant vous dire que cette mécanique a rendu la progression de Victoria moins prenante et sans réel intérêt.
Concernant la durée du jeu, j’ai trouvé que quatre zones, c’était un peu beaucoup. Les longueurs ont commencé à se faire sentir dès le troisième biotope où les pouvoirs des animaux restent les mêmes. Ce qui est dommage étant donné les créatures atypiques de la zone suivante qui auraient permis bien d’autres possibilités avec un peu de créativité. En parlant de choses répétitives, il faut savoir que chaque “monde” est ponctué de quêtes Fedex, qui sont cependant assez courtes et faciles à faire (en quelques minutes seulement), excepté une ou deux qui sont étalées sur toute la map.
Ce manque de complexité peut être pratique, mais pose également la question de l’intérêt de ces dernières, mis à part allonger le jeu artificiellement et, éventuellement, développer légèrement le lore et les personnages, mais sans plus. Heureusement, elles sont facultatives, et les seules quêtes obligatoires sont celles de l’histoire principale, ainsi que les quêtes de sauvetage propre à chaque région. En effet, Tabitha, notre collège va envoyer à différents endroits des petits robots qui auront la faculté de téléporter des animaux sains dans notre base de recherche. Pour chaque zone, un certain nombre sera imposé par espèce.
La Mélodie des Couleurs
J’ai bien apprécié le fait que les cinématiques de début et de fin soient faites à la façon d’un dessin animé, et que l’on passe à la 3D seulement au moment de commencer à jouer Victoria. Cela apporte une personnalité au jeu et crée un certain dynamisme. Hormis le bouton pour accéder au menu qui ne se déclenche qu’une fois sur quatre, et, beaucoup plus de bugs dans la dernière zone, comme des lags, des problèmes de clipping, certains moments où la manette ne s’arrête pas de vibrer, des soucis de sous-titres, les créatures volantes toutes saccadées, ainsi que les textures moins fournies et fines que dans les zones précédentes, le jeu parvient à rester tout à fait jouable et donne l’impression d’être plutôt bien fini (cela semble paradoxal, j’en ai bien conscience, mais c’est pourtant l’impression que j’en ai eue).
Ava-cadabra
De manière générale, j’ai trouvé que l’immersion au sein du jeu était cohérente et se ficelait bien. On se sent vraiment l’âme d’une exploratrice archéologue à la recherche de réponses. Le jeu pousse à l’exploration et c’est super agréable. Nous ne nous sentons jamais réellement en danger, ce qui rend l’œuvre très cosy et relaxante. La difficulté (toute relative) de Creatures of Ava va augmenter au fur et à mesure des différentes zones. On ressent vraiment une liberté lorsque l’on visite cette belle planète, en particulier grâce aux différents systèmes mis en place, très astucieux au demeurant, comme les tyroliennes par exemple, qui nous permettent de voyager rapidement entre 2 lieux plutôt que d’emprunter le long chemin.
Également très immersifs, les classiques déplacements rapides, qui ici prennent la forme de portails entre les différentes bases créées par nos prédécesseurs, et faisant donc partie du lore du jeu. Cependant, malgré le fait que nous soyons sur une autre planète, il n’y a pas de réelle prise de risque quant au design des personnages, des animaux ou même de la topographie des lieux (excepté dans les couleurs, très criardes). On peut très facilement dresser des analogies avec la terre, ce qui est toujours dommage lorsque l’on nous emmène sur une autre planète.
Tout aussi décevants, les différents messages du jeu qui nous sont proposés de façon grossière et insistante, tantôt à portée écologique de préservation de l’environnement, tantôt une critique des expérimentations animales faites par les humains, tantôt le manque de respect pour les autres formes de vie et de civilisations, mais également des messages de paix entre les différents peuples. Malheureusement du vu, revu et rerevu. Entendons-nous bien, ces problématiques restent importantes à traiter, mais il y aurait eu moyen de faire passer le message de manière plus délicate et subtile. Concernant la musique, cette dernière est composée de flûte de pan et autres instruments à bois, qui donnent une dimension exotique au lieu.
Avec un message écologique sur la préservation d’une planète et de sa faune, bien que la conclusion m’ait… fort surprise et laissée sur ma faim, Creatures of Ava est une chouette aventure sans prise de tête que j’ai terminée en 15h. Les animaux sont variés et mignons (et en plus on peut les caresser !), et les habitants ne manquent pas d’humour… Bien que certaines tâches soient répétitives, j’ai beaucoup aimé parcourir cette planète colorée. Les différents biotopes se parcourent au moyen d’un nombre conséquent de pouvoirs et d’interactions possibles. Beaucoup de mécaniques différentes ponctuent le jeu (interaction avec l’environnement, interaction avec la faune, interaction avec les autochtones, création de collections et d’une encyclopédie conséquente sur la planète), et permettent de dynamiser ce jeu qui peut sembler long et répétitif à certains moments. Quelques bugs irritants et une DA chouette mais pas complètement aboutie risquent d’en rebuter certains, ce qui est dommage, car Creatures of Ava a beaucoup à offrir.
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Une œuvre pacifiste
Variété du gameplay
Interactions avec les animaux
Les points négatifs
Long et répétitif
Bugs à patcher