Nous y sommes, le tome 4 de Bungô Stray Dogs : BEAST voit la conclusion de ce spin-off qui a su nous captiver jusqu’à son dénouement. Sorti en boutique le 23 février 2024, Kafka Asagiri, Harukawa Sango et Shiwasu Hoshikawa lèvent le voile sur le destin des deux frères ennemis dont les places ont été échangées pour l’occasion. Levant enfin nos ultimes interrogations, ce volume nous offre un point final en apothéose tandis que la série principale continue sur sa lancée et vient d’atteindre son tome 23. C’est parti pour l’ultime critique de cette œuvre en clair obscur.
Cette critique a été réalisée avec un exemplaire fourni par l’Éditeur.
Tigre et Rashomon
Ryūnosuke Akutagawa vit avec ses amis dans les bas-fonds de Yokohama, tentant tant bien que mal de survivre. Mais un jour, un groupe de criminels fait irruption dans leur refuge et les décime tous. Fou furieux, il décide de partir les venger, et au bout d’un périple sanglant il rencontre un homme mystérieux au manteau noir, qui kidnappe sa sœur et le défie de venir le battre.
Quelques années plus tard, Akutagawa, à moitié mourant, se voit proposer par un homme du nom d’Oda, de travailler avec lui dans une agence de détectives…
Ototo
Bungô Stray Dogs : BEAST se déroule dans un univers parallèle à la série principale où le héros n’est pas Atsushi mais Akutagawa. Enfant des rues, Ryūnosuke mène une vie de pauvreté en compagnie de sa sœur, Jin, et d’autres enfants abandonnés qu’il considère comme sa famille. Cette existence rude, mais pourtant paisible, aurait pu se prolonger si un des compagnons du héros n’était un jour rentré avec un diamant ramassé sur les lieux d’une transaction de mafieux. Malheureusement, les malfrats ont suivi la trace du petit et déciment toute la troupe sous les yeux d’un Akutagawa impuissant et blessé, qui ne doit son salut qu’à Jin qui réussit à s’enfuir avec lui.
Doté d’un pouvoir destructeur, le jeune homme ivre de rage abandonne sa sœur, elle aussi blessée, pour aller assouvir sa soif de vengeance. Une fois les criminels châtiés, le manipulateur de pouvoir se retrouve face à un mystérieux homme en noir qui lui explique que sa soif de vengeance incontrôlée, qui le pousse à devenir une bête sauvage, l’empêche de le recruter. Ayant enlevé Jin, l’homme en manteau noir disparaît.
Quatre ans plus tard, Akutagawa toujours sans nouvelles de Jin est sur le point de mourir de faim quand il rencontre Oda, un membre de l’Agence des Détectives Armés. Devant la promesse de pouvoir utiliser les informations en possession de l’Agence pour retrouver sa sœur s’il les rejoint, Ryūnosuke accepte de rejoindre l’équipe. Mais son intégration risque de ne pas être de tout repos, d’autant qu’Osamu Dazai, le boss de la Mafia Portuaire et ennemi des détectives, semble avoir un intérêt tout particulier pour la jeune recrue.
Découvrez notre critique de Bungô Stray Dogs : BEAST – Tome 1 ici !
Dr Atsushi et Mr Akutagawa
Personne ne sait de quoi demain sera fait. Combat final et désespéré entre Akutagawa, à la recherche de sa sœur disparue, et Atsushi, dont le seul but est désormais de tenir la promesse qu’il a faite au directeur de son orphelinat. Deux destins opposés qui s’affrontent, et un combat dont le dénouement va révéler la vérité sur tout leur univers.
Ototo
À la fin du tome 3 de Bungô Stray Dogs : BEAST, nous avions laissé Atsushi en plein flashback sur son passé à l’orphelinat, c’est alors que la Faucheuse Blanche de la Mafia Portuaire comprend enfin les véritables intentions du directeur de l’orphelinat que s’ouvre ce quatrième et ultime volume du manga. Dorénavant rongé par la culpabilité, Atsushi réagit vivement aux provocations d’Akutagawa et la bataille devient plus violente que jamais, aucun des deux adversaires ne voulant s’avouer vaincu. C’est alors que la voix de Jin s’élève sur le champ de bataille…
De leur côté, Oda et Dazai se retrouvent autour d’un verre, le but pour le premier étant de sauver son allié, quand le second veut juste profiter d’un moment d’échange avec celui qui est pourtant son pire ennemi. Désorienté par les manières amicales du chef de la Mafia, le détective est sur ses gardes, mais il ne s’attend pas une seule seconde aux révélations que va lui faire son interlocuteur…
Oda la littérature : Bungô Stray Dogs
Après trois tomes passés à vous crier mon amour pour ce spin-off, il est évident que mes attentes en ce qui concernait ce dernier volume étaient très élevées, notamment en ce qui concernait un éventuel rattachement à la série originale, que j’appelais de mes vœux depuis ma critique du tome 2 de Bungô Stray Dogs : BEAST. Bien entendu, je ne vous dévoilerais rien du fond de l’affaire, préférant vous laisser la surprise, mais sachez que je suis toujours aussi estomaqué de la facilité avec laquelle Kafka Asagiri se joue de son lecteur pour l’amener exactement où il veut et lui porter l’estocade finale avec une révélation aussi logique qu’évidente, mais que nous n’aurions jamais pu soupçonner.
Dans ma critique du tome 3 de Bungô Stray Dogs : BEAST, je déplorerais le format court de cette aventure parallèle tout en m’interrogeant sur les plans réels du boss de la Mafia Portuaire. Je revois désormais mon jugement devant l’efficacité avec laquelle le manga se conclut et qui n’aurait pu qu’être affadi en rallongeant l’intrigue. Au final, on s’aperçoit que malgré le cours différent qu’ont pris leurs existences dans cet univers, Atsushi, Akutagawa et même Dazai restent fidèles à leurs modèles de base. Prendre des chemins différents n’a donc eu que peu d’influence sur leur personnalité, même si dans le monde de BEAST, Akutagawa s’interroge sur une possible bête féroce tapie au fond de lui et le rendant inhumain, ce qui ne lui effleure même pas l’esprit dans Bungô Stray Dogs.
Il est ainsi le parfait reflet d’Atsushi, car il craint sa violence cachée qui le pousse à relâcher la bête sauvage tapie au fond de lui, quand Atsushi craint de se transformer littéralement en fauve, sa bestialité étant alors totalement apparente. L’un et l’autre cherchant dans le combat un moyen de mettre fin à leurs regrets, excluant le reste de l’humanité de leur duel. C’est pourtant par l’intervention de leurs alliés qu’ils vont pouvoir ouvrir les yeux et choisir d’avancer. Dazai, de son côté, se pose en chef d’orchestre, orchestrant en sous-main toute l’intrigue du manga.
Paradoxalement, il est le personnage qui m’a paru avoir la personnalité la plus changée au départ de l’histoire et qui s’avère en fait étonnement fidèle à lui-même. Je pense que vous l’aurez compris, Bungô Stray Dogs : BEAST m’a enchanté tout au long de ses quatre volumes et si je suis un peu triste de devoir tourner la page de cet univers parallèle, je n’aurais pas pu espérer une meilleure fin.
Après quatre volumes, Bungô Stray Dogs : BEAST s’offre ici un final à sa hauteur, avec un tome exclusivement centré sur deux duels, celui, guerrier, d’Akutagawa et d’Atsushi ainsi que celui, oratoire, de Dazai et Oda. Le premier se concluant avec une révélation pour les combattants de ce qu’ils sont réellement au fond d’eux, quand le deuxième nous permet de lever les derniers doutes et interrogations quant aux liens entre le spin-off et la série principale. Une justification parfaite qui inclut BEAST dans le lore de Bungô Stray Dogs, tout en lui laissant sa propre timeline. Simple, mais malin, et nous n’en attendions pas moins de Kafka Asagiri, que nous sommes pressés de retrouver pour la sortie du prochain volume de la série principale.
