Alors qu’il avait fallu huit ans avant que Nintendo et PlatinumGames accèdent à la requête des fans avec la sortie de Bayonetta 3, c’est seulement cinq petits mois après que sort un nouvel opus de la série : Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon. Un choix qui en a étonné plus d’un et qui a immédiatement focalisé l’attention des joueurs sur cette préquelle. Sortie le 17 mars 2023 uniquement sur Switch, Cereza and the Lost Demon change radicalement son fusil d’épaule par rapport à ses prédécesseurs. Pour le pire ? Ou pour le meilleur ?
Ce test a été réalisé sur une version Nintendo Switch.
Du démon, de la sorcière et de la forêt magique
Dans Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon, tout commence par “Il était une fois”. Et pour cause, puisqu’il s’agit d’un conte qui nous narre une histoire des origines : celle de la plantureuse Bayonetta. Rosa, éminente membre des sorcières de l’Umbra, s’éprend d’un sage de Lumen. Le couple amoureux donne naissance à un enfant, une petite fille nommée Cereza. Ayant enfreint toutes les règles, le sage est banni et la sorcière emprisonnée dans un cachot. Du fait de son sexe, l’enfant est prise en charge par les sœurs de sa mère qui la traitent en paria.
Ses seuls moments de réconfort sont quand elle arrive à se glisser jusqu’à la cellule de sa mère, petits moments de tendresse maternelle trop peu fréquents. Afin de réconforter sa fille, Rosa lui fabrique alors un chat en peluche que Cereza va nommer Chouchou et qui ne la quittera plus. Mais ce bonheur fugace devait arriver à son terme quand les sorcières décidèrent d’enfermer Rosa dans les oubliettes où même la lumière du jour est proscrite. Séparée de sa mère, Cereza est recueillie par Morgana, une puissante sorcière vivant en marge de sa communauté, qui entreprend de la former aux arts magiques
Bien entendu, la jeune apprentie, qui garde dans un coin de sa tête l’idée d’aller sauver sa chère mère, se lance à corps perdu dans l’entraînement. Mais le temps passant et le niveau de Cereza ne s’améliorant pas, elle commence à perdre espoir. C’est alors qu’elle fait un rêve étrange où un jeune garçon lui promet de lui donner un grand pouvoir si elle suit le loup blanc dans la forêt d’Avalon. Faisant fi des interdictions de sa maîtresse quant à la dangerosité du bois infesté de fées maléfiques, Cereza se lance dans l’exploration de la forêt d’Avalon, sans savoir qu’elle va changer son destin !
Retrouvez notre test de Bayonetta 3 ici !
Les quatre noyaux
Comme vous l’aurez compris, nous sommes ici en présence d’une préquelle à Bayonetta qui nous narre l’enfance de la sorcière quand celle-ci n’était encore que Cereza. Exit donc les poses lascives et sexy d’une Bayonetta adulte sûre d’elle et de ses pouvoirs. Ici, nous découvrons une jeune Cereza timide, maladroite et un peu peureuse, qui se repose sur le démon qui a investi sa peluche Chouchou pour combattre ses ennemis. Il n’était ainsi pas possible pour PlatinumGames de rester sur le style graphique des trois premiers épisodes, et ils ont eu l’idée assez géniale de placer l’aventure de Cereza au centre d’un univers qui évoque le conte enfantin.
Le style graphique naïf et coloré fait des merveilles ! Tout, entre la forêt, les fées et les Tír na nÓgs respire l’onirisme et la poésie. La musique n’est pas en reste et, sans pour autant être inoubliable, habille le tout avec des accents clairs et doux renforçant l’ambiance. On pourra ainsi se régaler de ce parti pris visuel, et sans aucun accroc puisque le titre est extrêmement fluide et ne souffre d’aucun ralentissement. Ajoutez à cela un sound design convaincant et des doublages parfaitement exécutés (mention spéciale au narrateur de l’histoire dont la voix posée est juste un régal pour les oreilles) et vous aurez une bonne idée de la magie qui s’opère quand vous entrez dans Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon.
Les Contes de mon père le chat
En parlant de magie, une fois lancé à l’assaut de la forêt d’Avalon, Cereza va très vite se dégotter un partenaire en la personne de Chouchou, ou plus exactement du démon, invoqué par la petite sorcière, qui a pris possession de sa peluche adorée. Vous pourrez donc incarner et déplacer simultanément les deux protagonistes via le stick du Joy-con gauche pour Cereza et celui du Joy-con droit pour Chouchou. Vous avez un peu de mal à coordonner les mouvements du duo ? Chouchou pourra être ramené à l’état de peluche et porté par la fillette par un simple appui sur la gâchette L. Et si un combat se profile ou que vous avez besoin des compétences spéciales du démon, redonnez-lui sa forme de monstre en appuyant sur R.
Soyons clairs, que ce soit lors des combats ou des phases d’explorations, la magie de Cereza tiendra plus du soutien qu’autre chose. En maintenant ZL devant un ennemi, elle pourra l’immobiliser avec ses ronces pour permettre à son chat en peluche de lui asséner des coups de griffes en toute quiétude pendant un certain laps de temps. Elle pourra également faire pousser des plantes qui débloqueront des passages ou donneront des cristaux nécessaires pour acheter des améliorations à nos héros. Chouchou, quant à lui, déclenche ses attaques en appuyant sur ZR, mais il pourra aussi compter sur des compétences spéciales qu’il acquerra au fil de l’aventure par la destruction des 4 noyaux élémentaires (végétal, roche, vent et eau).
Chaque noyau détruit conférera au démon une apparence et un pouvoir spécial qui vous permettra de débloquer des zones inaccessibles jusqu’alors. Bien entendu, certains ennemis seront plus faciles à battre avec un certain type de pouvoir et vous pourrez passer de l’un à l’autre facilement via la croix directionnelle du Joy-con droit, quand la croix du Joy-con gauche sera dévolue à l’utilisation des potions.
La petite fille aux amulettes
Tout au long de votre promenade dans les bois d’Avalon, vous trouverez nombre de coffres au trésor, de pages de journal, des perles lunaires, des fruits démoniaques et même des Wisps à collecter et / ou à sauver. Les Wisps sont les esprits des enfants qui ont disparus et qui sont morts dans la forêt. Seulement, même décédés, ils ne trouvent pas la paix puisqu’ils sont traqués par les fées qui les font prisonniers. C’est lors de sa rencontre avec Colm, un Wisp, que notre apprentie sorcière va se voir investie de la mission de sauver ses amis, au grand dam de Chouchou qui se moque royalement de leur sort.
S’ensuivra une mission annexe où vous devrez collecter les Wisps tout en retournant régulièrement voir Colm pour avoir votre récompense. Je vous rassure, vous ne serez pas obligé de refaire la route pour retourner à la base des petits fantômes, puisqu’un de ces esprits vous permettra de faire des voyages rapides en vous téléportant d’un sanctuaire à l’autre. Car oui, dans Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon, vous ne pourrez pas sauvegarder n’importe quand, vous ne le pourrez que lorsque vous trouverez un sanctuaire.
Si vous y aurez la possibilité de concocter des potions (avec les ingrédients glanés en cours de route dans les buissons et autres pots), il vous faudra trouver des sanctuaires plus conséquents pour avoir accès aux arbres de compétences du duo et leur acheter des techniques avec les cristaux collectés (les plus puissantes nécessitant également des perles lunaires pour Cereza et des fruits démoniaques pour Chouchou), ainsi que pour refaire les Tír na nÓgs déjà terminés. Comme on peut s’en douter, les fées ont posé un certain nombre de pièges et de maléfices dans la forêt et les Tír na nÓgs sont les centres de ces illusions qu’il sera nécessaire de détruire pour dissiper le mirage et continuer à avancer. C’est donc un sacré programme qui vous attend tout au long des quelques quinze heures nécessaires pour en venir à bout.
La brêle et la bête
Grande fan de Bayonetta devant l’éternel, je ne pouvais absolument pas passer à côté d’un titre, une préquelle qui plus est, estampillée du nom de la sorcière de l’Umbra. Si je comprends que le changement drastique de gameplay et de direction artistique de Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon puisse être clivant parmi les fans, j’ai, pour ma part, complètement accroché à la proposition et je me suis laissée porter par ce conte doux-amer qui traite d’émancipation, de prise de confiance en soi et de quête de pouvoir.
Les interactions entre nos deux héros sont savoureuses et amènent une évolution de leur relation au fil du temps. Ils sont unis par un but commun, trouver un pouvoir immense pour Cereza, même si pour la jeune fille cela signifie sauver sa maman et pour le démon pouvoir rentrer chez lui. Je dois avouer toutefois que contrôler les deux protagonistes demande un entraînement certain et que la maniabilité n’est pas toujours au rendez-vous, notamment quand on est victime, comme moi, du Joy-con drift. Si cela ne m’a pas franchement handicapée lors des premières heures de jeu, c’est devenu plus gênant avec la montée en puissance des ennemis.
Mais cela étant dû à un défaut de la console, je ne sanctionnerais pas le titre de PlatinumGames, auquel je pourrais juste reprocher un léger manque de visibilité lors des affrontements. Cela étant dit, la potion fonctionne plus que bien et j’ai énormément apprécié le côté plus posé et réflexion de Cereza and the Lost Demon qui tranche totalement avec le côté action débridée d’un Bayonetta classique. À ce niveau-là, ce n’est plus du génie, c’est de la sorcellerie !
En proposant aux joueurs une aventure assez contemplative au design évoquant un livre de contes, PlatinumGames réussit l’exploit de renouveler la formule Bayonetta sans en perdre les joueurs en cours de route. Avec ses deux personnages attachants que l’on pourra contrôler simultanément, et son histoire touchante et poétique qui nous embarque d’entrée de jeu, Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon est une petite bulle de fraîcheur et de fantaisie qui fait du bien sur la quinzaine d’heures que dure le titre. Il ne reste qu’une question en suspens à la fin de ce test : Chouchou est-il le même démon qui accompagne Viola dans Bayonetta 3 ? On a bien une petite idée, mais cela est une autre histoire, qui sera contée une autre fois.
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Une direction artistique magnifique qui nous transporte dans un livre de contes
La possibilité de contrôler simultanément Chouchou et Cereza via les deux sticks des Joy-Cons
Une difficulté parfaitement dosée et un bon équilibre entre exploration et combats
Le duo Chouchou et Cereza qui saura vous captiver jusqu’au terme de l’aventure
Les points négatifs
Un léger manque de lisibilité durant les combats