Sorti le 8 septembre dernier, Steelrising est le “Soulslike” du moment qui fait couler pas mal d’encre. Reprenant les mécaniques de ses inspirations tout en y apportant quelques correctifs, prenez les armes sur fond de Révolution française sur PlayStation 5, Xbox Series X | S et sur PC. Le test est ici effectué sur PS5.
Après GreedFall en 2019, le studio français Spiders revient sur consoles next-gen avec Steelrising, leur projet le plus abouti jusqu’ici. Qui de mieux placé pour faire un jeu sur la Révolution après tout ? Dans cette version alternative de notre Histoire, le roi Louis XVI a déversé une horde d’automates sanguinaires et infatigables sur Paris. Nous incarnons l’un de ces automates, Aegis, qui va se dresser contre le tyran horloger à la demande de la reine Marie-Antoinette. Mais Aegis n’est pas une automate comme les autres, et de nombreuses révélations sur cette sombre affaire d’armée mécanique jonchent l’aventure…
Mécanique testée et approuvée
Les comparaisons avec les jeux de type Souls vont revenir très souvent dans ce test, et cela dès les premières minutes de jeu. Après une séquence de personnalisation de l’apparence de notre héroïne automate, Steelrising nous fait traverser une partie des jardins du château de Saint-Cloud en guise de tutoriel. Les mécaniques y sont relativement identiques à celles des titres de FromSoftware : attaques légères et lourdes qui se chargent, endurance qui baisse à chaque action, ennemis qui frappent relativement forts…
Quelques petites subtilités cependant : Aegis peut sauter, et même effectuer de petits combos aériens ; mais surtout, son endurance est en fait une jauge de surchauffe. Reprenant l’idée de recharge manuelle de Nioh, Steelrising exige une vigilance accrue de cette ressource : il faudra presser triangle au bon moment pour récupérer l’usage des actions de notre automate. Trop tôt, et la recharge prendra encore plus de temps ; trop tard, et la barre générera moins d’endurance.
Non seulement surchauffer au mauvais moment peut déjà être une punition en soi, mais toute recharge manuelle inflige aussi une accumulation de statut Gel sur notre automate ! Plutôt logique et facile à éviter – il suffit de laisser l’opportunité de recharge rapide passer pour que la barre remonte toute seule naturellement – mais qui peut faire très mal. Se retrouver gelé sur place face à un boss à cause de nos propres actions est un des moyens les plus simples de retourner au dernier check-point… De quoi rester vigilante à chaque instant.
Aux armes citoyens !
Toujours dans la veine des jeux Soulslike, Steelrising est parsemé de check-points nommés vestales qui permettent de restaurer Aegis, d’effectuer des achats en boutique et de l’améliorer. Six statistiques sont au menu, à améliorer en fonction de notre manière de jouer. On y retrouve les simples augmentations de vie, endurance et robustesse, mais aussi les trois types de dégâts principaux du jeu : force, dextérité et dégâts élémentaires.
Steelrising reprend bien entendu le système d’affinité des différentes armes avec certains attributs : une masse lourde sera plus efficace entre les mains d’une Aegis forte en puissance plutôt qu’en souplesse. Cependant, aucune restriction de niveau de statistique n’est présente ; toutes les armes sont utilisables à tout moment, même si moins efficaces en fonction de votre build.
Ne vous attendez cependant pas à une variété d’équipements similaire à un Souls, puisque Steelrising compte finalement assez peu d’archétypes d’armes. En revanche, chaque archétype a des variantes, qui se manifestent par des affinités et des coups spéciaux alternatifs. Déclenchables via la gâchette R2, ces attaques varient du simple bouclier au déluge de coups à placer au bon moment. Aegis peut équiper deux armes et en changer à la volée pendant l’affrontement, idéal donc pour s’adapter à toute situation de combat.
Haute couture
Malheureusement, je dois avouer ne pas avoir vraiment eu envie de varier les plaisirs une fois mon arme de prédilection trouvée : des lames doubles avec en coup spécial une parade incendiaire et glaciale en même temps. Équipée de modules pour augmenter les dégâts de parade, ma Aegis était tout simplement trop meurtrière. Il est donc tout à fait possible de build un personnage très fort, très tôt dans Steelrising.
En plus de ces modules, Aegis va aussi trouver bon nombre de tenues à porter qui changent ses statistiques. Outre le côté esthétique très réussi de chaque tenue, c’est surtout la meilleure manière pour ajouter des résistances élémentaires ou même un peu d’endurance pour notre automate. Par ailleurs, une mise à jour récente du jeu a rééquilibré ces tenues : là où certaines n’octroyaient parfois aucun point de défense, il semblerait que Spiders ait revu sa copie et ait renforcé chaque tenue de manière significative.
Ces féroces soldats
Fort de son gameplay, Steelrising est également fort d’un bestiaire assez réduit mais efficace. Dans la mesure où Aegis affronte ce qui s’apparente à une armée, il n’est finalement pas choquant de croiser les mêmes unités – et leurs variantes – en boucle. Se dresseront sur notre chemin chiens mécaniques, robots bûcherons, troubadours meurtriers et quelques autres machines de cauchemar, aux designs steampunk très réussis. Tous ont leurs points faibles et leurs patterns, à étudier et à retourner contre eux.
Bien entendu, comme tout Soulslike qui se respecte, Steelrising mettra aussi sur notre chemin des boss. Certains ne sont que des versions plus costaudes du bestiaire de base qui gardent certaines vestales ; mais les vraies stars sont les boss de zone. Leurs designs sont vraiment réussis, et leurs attaques mettront Aegis à rude épreuve. Vaincre les trois premiers nous permet d’ailleurs d’obtenir des capacités supplémentaires : une ruée glacée, un grappin électrique et un coup de pied incandescent. Ces ajouts à notre panoplie sont utilisables en combat comme en exploration.
Grand Paris
Steelrising opte pour une approche similaire à Nioh pour ses niveaux. Au lieu de proposer un seul grand niveau interconnecté, chaque zone de Paris est son propre niveau. On y trouve bien sûr raccourcis et objets à chaque recoin, mais également des personnages historiques et des missions secondaires. Aider le général La Fayette à retrouver la presse clandestine qui le calomnie, ou encore retrouver la trace d’un alchimiste de légende à la demande d’Antoine Lavoisier : Aegis aura du pain sur planche en marge de sa mission principale.
Mission qui l’amènera à traverser la capitale à feu et à sang, en passant par les Invalides, la Bastille, le Marais et même jusqu’à Versailles. Spiders a réussi à rendre chaque zone assez intéressante à parcourir, là où je craignais un peu d’arpenter les mêmes rues en boucle. Village rural, mines, somptueuses bâtisses et bords de Seine sauront livrer leurs secrets à celles et ceux qui prendront le temps de les explorer de fond en comble. Le jeu propose d’ailleurs un objet boussole complètement optionnel pour ceux qui se perdraient dans ce labyrinthe parisien.
Visuellement, Paris comme ses automates sont très réussis. De nombreux effets de lumière très jolis viennent accentuer certaines scènes de manière impressionnante. Le jeu propose plusieurs modes de rendu, dont un favorisant la résolution, mais j’ai préféré y jouer en privilégiant la fluidité. Les animations mécaniques sont cependant un peu mitigées ; certaines sont très propres, d’autres très brouillonnes. Et je ne parlerais même pas des visages des personnages humains, qui semblent tout droit tirés de la génération PS360… Steelrising sait se montrer époustouflant par moments, mais reste inégal dans sa présentation.
Retrouvez notre Test complet de Soulstice ici !
Du sable dans les engrenages
Il y a beaucoup à apprécier dans Steelrising, et le jeu reste l’un des Soulslike les plus aboutis que j’ai pu tester. Cependant, comme mentionné plus haut, le jeu est vite devenu très facile. Les ennemis se répétant énormément, les parer est devenu une seconde nature, et les boss frappent parfois moins fort que certains ennemis standards. Le gameplay reste prenant, mais cette répétition et les enjeux qui ne semblent finalement jamais s’envoler coupent un peu les ailes de l’ambition du jeu.
De même, là où le postulat initial du scénario de Steelrising est incroyable, il ne prend jamais de vitesse. Les révélations majeures sur la nature des automates sont prévisibles dès les premiers instants, et je ne me suis jamais sentie investie dans l’intrigue. Le jeu propose une narration et des cinématiques beaucoup plus directes que ce qu’on peut voir dans les jeux du genre, mais là encore très plats dans leurs enjeux. J’ai cependant apprécié le fait que certaines quêtes optionnelles aient un petit impact sur le dénouement. À noter qu’un mode nouvelle partie + sera disponible en fin de mois, et qu’un DLC est d’ores et déjà prévu.
Dernier point, compréhensible mais dommage : l’absence de doublage français. Spiders a préféré opter pour un doublage anglais jalonné de mots français pour toucher un plus grand public international. C’est plus que compréhensible, un doublage coûte beaucoup d’argent. Mais pour un jeu se déroulant lors de la Révolution française, je ne peux pas m’empêcher de regretter cette omission.
Steelrising est un bon héritier des jeux Souls, en particulier Bloodborne pour son esthétique. Le jeu a conscience des failles du genre et tente d’y pallier au maximum. Cependant, certains travers crèvent les coutures d’un habillage autrement réussi. Un bon premier Soulslike pour les néophytes, une expérience appréciable pour les autres, mais le tout manque tout de même de finition.
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Direction artistique sublime…
Gameplay classique mais efficacement remanié
Des options de qualité de vie bienvenues
Un Paris intéressant à explorer
Les points négatifs
… mais parfois inégale
Difficulté qui stagne au lieu d’évoluer
Pas de doublage français
Certaines quêtes secondaires un peu trop axées “fetch”