Lies of P

Sorti le 19 septembre dernier sur PlayStation 4 & 5, Xbox One & Xbox Series ainsi que sur PC, Lies of P est ce qui s’approche le plus d’un “Souls-like”. Amatrices d’univers sombres et d’actions impitoyables, la ville de Krat n’attend plus que vous !

Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur avant la sortie du jeu. Les points de Gameplay discutés ici reflètent donc la sortie initiale du jeu, sans patch d’équilibrage particulier.

« Je suis un vrai petit jeu de l’année ! »

Si on m’avait dit qu’un de mes jeux de l’année 2023 aurait pour prémisse une version revisitée à la sauce FromSoftware de Pinocchio, je n’y aurais pas tout de suite cru. Et pourtant, avant même de conclure ce test, je dois bien le reconnaître : Lies of P est phénoménal. Les Sud-Coréens de NEOWIZ frappent fort avec l’un des jeux “Souls-like” certainement le plus proche de la formule originelle. Mais cela veut aussi dire que certains points noirs de l’expérience sont également au rendez-vous.

Avant de parler de son Gameplay, attardons nous sur cette fameuse intrigue de Lies of P. Reprenant les points clés et les personnages de l’histoire d’origine de Carlo Collodi, on est ici face à une réinterprétation tout à fait intéressante. La ville de Krat, réputée pour ses marionnettes très douées, est subitement frappée par deux fléaux. D’un côté, la pétrification tue à petit feu ses habitants qui la contractent, sans aucun remède en vue. De l’autre, les marionnettes s’insurgent subitement contre toute forme de vie ! C’est au sein de cette ville en proie au carnage que se réveille notre protagoniste, qui ne sera jamais nommé, mais qui n’est autre que Pinocchio lui-même.

Un papillon bleu mystique vient éveiller notre marionnette, dont la tâche est claire : gagner l’hôtel Krat, la seule zone sûre de la ville, et sauver son concepteur Gepetto. Une tâche qui n’est bien sûr que le début d’un long périple. Car Gepetto va demander à sa création de venir à bout du fléau des marionnettes ! Une mission qui nous emmènera faire le tour de Krat, et surmonter de nombreux obstacles. En cours de route, cette épopée va vite prendre une tournure inattendue pour notre ami marionnette…

Bons baisers de Krat

L’obstacle le plus évident de Lies of P est donc ses marionnettes. Ces ennemis mécaniques occupaient différentes fonctions avant leur frénésie, et certaines seront des menaces plus conséquentes que les autres. D’autant plus que le jeu propose rarement des affrontements en 1v1. Il faudra donc se méfier en permanence de ne pas finir submergé, surtout que certaines marionnettes aiment bien se cacher pour surprendre le joueur.

Un autre obstacle un peu moins prévisible : les êtres humains, vivants comme morts. Pour les vivants, Pinocchio est une marionnette, et donc une menace. Bien qu’il soit suffisamment réaliste pour tromper le jugement de ses pairs, certaines factions sont ouvertement hostiles. En outre, les victimes de la pétrification ont tendance à devenir des zombies hostiles ! De quoi varier le bestiaire, et mettre à mal notre marionnette.

Enfin, comme tout jeu inspiré des Souls, les boss sont les stars de Lies of P. Ces affrontements exigeants nous mettent face à des ennemis colossaux, et souvent terrifiants. Nombre d’entre eux disposent de deux phases distinctes, mettant à l’épreuve les joueurs sur la durée. Il faudra donc patience et expertise pour venir à bout de certains affrontements, quitte à utiliser chaque outil à notre disposition. Certains boss m’ont vraiment donné du fil à retordre, et d’autres m’ont légitimement marqué comme l’ont fait certains d’Elden Ring ou de Sekiro.

En terrain connu

Car on y vient inéluctablement : Lies of P est un jeu fait par des amateurs de Soulslike, pour les amateurs de Soulslike. Plus spécifiquement, pour ceux qui voulaient un cocktail Bloodborne et Sekiro. La comparaison avec les jeux FromSoftware est fréquente ces dernières années, parfois à tort. Mais l’inspiration ici est poussée à son maximum, à tel point qu’on se demande parfois si FromSoftware n’a pas secrètement développé le jeu. Tous les éléments de la formule y sont : les connaisseurs retrouveront très vite leurs marques. Un énième marais empoisonné notamment…

Le Gameplay de Lies of P est plus proche d’un Sekiro que d’un Dark Souls. L’accent est mis sur les parades et les parades parfaites, au timing très exigeant. Les parades classiques nous font prendre des dégâts, qu’il est ensuite possible de récupérer en frappant l’adversaire en retour. Très proche de ce que Bloodborne incitait à faire avec son Gameplay agressif donc. Attention cependant : prendre une attaque directe d’un ennemi fait instantanément perdre cette vie récupérable.

Parer reste la meilleure stratégie défensive de Lies of P

Réglé comme une horloge

Les parades parfaites sont donc nettement plus intéressantes. Elles ne coûtent au joueur que de l’endurance pour parer, et font même regagner de la vie récupérable. Mais surtout, elles font monter la jauge de stupeur de l’ennemi en face, et abîment son arme. Car il est possible de casser les armes des adversaires dans Lies of P ! Quelques parades parfaites suffisent à réduire leur portée et leur force de frappe. Une fois pris de stupeur, une attaque lourde chargée bien placée viendra les mettre à terre. 

Faire monter la jauge de stupeur doit s'accompagner d'un coup lourd chargé

C’est là l’occasion d’effectuer une belle attaque critique, qui viendra d’ailleurs retirer la jauge de vie récupérable de l’ennemi. Car oui, les choses marchent dans les deux sens dans Lies of P. Les ennemis aussi ont de la vie récupérable, qui remonte doucement avec le temps. Mais surtout, notre propre arme peut être cassée ! Il faudra prendre le temps de l’aiguiser, parfois en plein combat, pour éviter le drame. Perdre sa lame en plein combat de boss étant le pire scénario envisageable…

Une fois l'ennemi à terre, un coup critique vient récompenser le joueur

Machine de guerre

Lies of P propose un arsenal très respectable d’armes de tous types, avec une composante clé fascinante. À l’exception des armes de boss, chaque arme trouvée peut être décomposée en sa poignée, et sa lame. La poignée dicte le type d’arme et son équilibrage par rapport à nos statistiques ; la lame, elle, détermine la puissance de frappe. Un système génial, qui encourage le joueur à tester des combinaisons folles. Je dois avouer ne pas en avoir assez profité : j’ai vraiment beaucoup aimé une des armes de boss du jeu, et je ne l’ai pas quittée une fois obtenue… 

En plus de ces aspects, chaque poignée et lame dispose d’un art de fable. Ces techniques spéciales se déclenchent avec un bouton dédié, via une jauge qui se charge en infligeant des coups. Du simple buff temporaire au déluge de coups spectaculaires, il y a de quoi se sortir de bien des pétrins. Là encore, le mélange d’armes permet de concevoir son kit personnalisé. On ne le dira jamais assez : Lies of P est un jeu à la profondeur de Gameplay véritablement aboutie.

C’est le bras de notre Pinocchio qui sert d’aiguisoir dans Lies of P, mais également de prothèse de combat. Baptisés bras de légion, ces équipements rappellent un peu les prothèses shinobi de Sekiro. Décharge électrique, grappin pour se rapprocher des ennemis, bouclier supplémentaire, la sélection est complète. Chaque bras peut ensuite être amélioré pour multiplier son efficacité au combat. Des aiguisoirs spéciaux peuvent aussi être utilisés en progressant dans le jeu.

Du côté des objets, Lies of P reprend ce que font les Souls, mais propose quelques changements pertinents. Il y a deux sacoches d’objets actifs, qu’on peut alterner en appuyant sur haut et sur bas de la manette. L’utilisation d’objet se valide avec Carré, ou X sur Xbox. Une troisième sacoche est accessible en restant appuyé sur Croix / A, et en utilisant les quatre flèches directionnelles. Une manière maligne de garder une rotation d’objets urgents en accès rapide.

Révision technique

C’est d’ailleurs une thématique qu’on retrouve souvent dans Lies of P. Plus qu’une copie carbone de la formule Soulslike, on a ici souvent droit à des changements qualité de vie tout à fait bienvenus. Par exemple, en cas de mort face à un boss, notre expérience nous attend à l’entrée de l’arène. L’écran de voyage rapide indique clairement où sont les PNJ qui ont une quête annexe en attente. On sent que les développeurs aiment le concept, mais ont aussi pesté sur certains petits écueils des jeux From Software ! 

Comme précisé un peu plus haut, chaque outil compte dans Lies of P. Que ce soit les objets à lancer, particulièrement forts, ou les pierres à aiguiser, il ne faudra lésiner sur aucun aspect face à ce que Krat a en réserve. Car le jeu est souvent sans pitié. Les pics de difficulté sont parfois un peu trop soudains à mon goût, et les boss à deux phases peuvent vite être décourageants. À noter d’ailleurs qu’aucun multijoueur n’est possible : seul un spectre contrôlé par l’IA peut être invoqué pour nous aider contre les boss.

Mentir ou Mourir ?

Autre point un peu négatif pour certains, le jeu est très linéaire. Il n’y a pas de zone cachée à la manière d’une Haute Cathédrale de Bloodborne, par exemple. Finir une zone et battre son boss nous met tout de suite sur le chemin de la zone et du boss suivant. En toute franchise, cela ne m’a pas du tout déçue ; le jeu m’a quand même occupée une trentaine d’heures pour le boucler à peu près dans son intégralité. Chaque zone se démarque d’ailleurs suffisamment pour marquer l’expérience à sa manière.

Si je dis à peu près, c’est parce qu’il faut faire au minimum deux fois le jeu complètement pour explorer toutes ses facettes. Notre marionnette Pinocchio est effectivement un peu unique : il peut mentir. Le jeu nous propose donc régulièrement de choisir entre dire la vérité ou mentir à nos interlocuteurs, affectant ainsi la fin du jeu. La bonne voie n’est pas forcément évidente… L’intrigue du jeu reste beaucoup plus explicite dans sa narration qu’un jeu FromSoftware, mais a su me captiver. Mention spéciale d’ailleurs au travail de doublage anglais, très convaincant.

Pour conclure…

Lies of P attend de ses joueurs d’être assidus et experts pour être apprécié. C’est à vous de voir si l’effort en vaut la chandelle. Pour ma part, j’y ai trouvé l’un des hommages à FromSoftware les plus aboutis, et un jeu véritablement qualitatif. Quelques ajustements sont sans doute nécessaires pour en faire une réussite parfaite ! Cependant, pour une première tentative, NEOWIZ réussit brillamment là où beaucoup d’autres sortent des expériences à peine mémorables.

La  note  de la  rédaction

5/5

Les notes de la rédaction

Les points positifs

Du très bon FromSoftware, sans que ce soit FromSoftware

Des twists de formule intéressants

Visuellement propre, même en mode performances

La bande-son et le doublage fantastiques

Rejouable

Les points négatifs

Certains écueils de la formule Soulsborne restent présents

Des pics de difficulté mal dosés

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