Les Griffes du Gévaudan – Tome 1

Si il est bien un mystère qui fascine les hommes depuis près de quatre siècles, c’est bien celui de la bête du Gévaudan, dont l’origine et l’identité ont fait couler beaucoup d’encre. De la littérature au cinéma, nombreux sont les artistes à nous avoir proposé leur vision de cette affaire sanglante et c’est désormais au tour de la bande dessinée de s’emparer de l’Histoire devenue légende avec la parution aux éditions Glénat de l’album Les Griffes du Gévaudan tome 1, disponible en librairie depuis le 10 janvier 2024. Il est dorénavant temps pour nous de voyager à travers le temps et l’espace jusqu’au nord du diocèse de Mende où la population vit dans la terreur.

Cette critique a été réalisée avec un exemplaire fourni par l’Éditeur.

Une bête qui a les crocs

La traque peut commencer : sur les traces d’une bête terrifiante aux multiples visages !

Été 1765. Quand François Antoine arrive dans le Gévaudan avec son fils pour enquêter sur une série d’exactions, la population est traumatisée. Depuis un an, on décompte dans cette région des dizaines de victimes, avant tout des femmes et des enfants, tuées dans des conditions atroces au bord des chemins. Les survivants décrivent tous une créature terrifiante, un animal inconnu, un fauve à moins que ce ne soit un loup-garou ? Pour l’Eglise, nul doute, c’est un fléau envoyé par Dieu ! Missionné par le roi pour mettre fin à ce carnage, François Antoine préfère écarter ces élucubrations… Selon le porte-arquebuse du roi, il est simplement question d’un loup. Mais pour son fils, plusieurs indices troublants laissent à penser qu’il s’agit d’autre chose, de bien plus terrible… Quelle sorte d’animal décapite, démembre et parfois déshabille ses proies ? Et comment expliquer, que les témoins des attaques n’arrivent pas à identifier l’animal, dans une région où le loup est un animal que l’on rencontre régulièrement ? Ni les balles des chasseurs ni les battues ne seront d’un grand secours et tandis que père et fils s’affrontent sur la nature de cette « Bête » insaisissable, la traque devient une affaire d’État… La tension monte, les attaques redoublent d’intensité et une sombre rumeur ressurgit du passé… une histoire où vengeance et loi du silence se mêlent aux crocs et aux griffes. Pour nos deux enquêteurs, l’adversaire sera pluriel, féroce et animé d’une haine sans limites…

Glénat

Les Griffes du Gévaudan s’ouvre sur le premier meurtre de la bête, celui de la petite Jeanne Boulet le 30 juin 1764. Un et plusieurs victimes plus tard, François Antoine, porte-arquebuse de Louis XV et chasseur émérite, est convoqué à la cour par le roi qui a envoyé son premier ministre, le comte de Choiseul, chercher le soldat. Durant le trajet jusqu’à Versailles, le gentilhomme explique au sous-lieutenant de la Capitainerie Royale qu’une bête sévissant en Gévaudan met à mal l’autorité du souverain français et en fait la risée des autres royaumes. Arrivé au château, Monsieur Antoine est mandaté par le roi pour aller traquer et occire cette bête qui échappe pour l’instant à tous les pièges qui lui sont tendus.

C’est donc accompagné de son fils Jean François Antoine, âgé de 17 ans, que le célèbre chasseur prend la route pour le pays Auvergnat, mais ce qui l’attend là-bas n’est que désolation et désespoir. Après plus d’un an de battues incessantes sans aucun effet, les paysans du cru ont perdu tout espoir que leur rend l’arrivée du porte-arquebuse sur les traces de la Malbête. Tandis que la traque commence entre l’émissaire royal et l’envoyée du démon, Jean François Antoine s’interroge sur la réelle nature de ce qu’ils pourchassent. Comment son père peut-il rester aussi aveugle à ces indices qui pourtant indiquent bien qu’il ne peut s’agir d’un simple loup, fusse-t-il énorme ? De poursuite en complots, Jean François va devoir rester prudent pour espérer résoudre le mystère de la Dévorante. 

Découvrez un extrait de Les Griffes du Gévaudan – Tome 1 ici !

Loup y es-tu ?

Le mystère de la « Bête du Gévaudan » jamais élucidé, a marqué l’Histoire et inspiré le cinéma. Sylvain Runberg et Jean-Charles Poupard s’emparent d’un mythe connu de tous, et réinventent l’histoire de la « Malbête » pour mieux brouiller les pistes et entraîner le public dans une enquête mystérieuse et terrifiante. Basé sur des faits réels, ce thriller résolument moderne où l’horreur dépasse la fiction, formera un diptyque dont les 2 albums seront accompagnés d’un dossier historique de 8 pages qui reviendra sur les faits réels survenus en Lozère au XVIIIe siècle.

Glénat

Enfant de Provence, Sylvain Runberg est un scénariste talentueux reconnut pour sa capacité à rendre vivant et crédibles tous les types d’univers, du plus fantasque au plus actuel, avec un souci constant de coller à la réalité historique quand cela est nécessaire. C’est en 2016 qu’il rencontre Jean-Charles Poupard, illustrateur et dessinateur de BD, avec qui il va collaborer sur la série Le Chant des Runes. C’est donc quatre ans après la fin de leur dernière saga commune que les compères se retrouvent autour d’un être devenu mythique : la Bête du Gévaudan. Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur association fait des merveilles, entre une intrigue parfaitement documentée sur les faits survenus dans le Languedoc au 18ᵉ siècle et les dessins très détaillés et réalistes de l’illustrateur.

D’ailleurs, dans le but de montrer au lecteur la base historique dont s’est servi Sylvain Runberg pour poser son scénario, l’album se termine par quatre pages dans lesquels les auteurs reviennent précisément sur les événements réels décrits au cours des pages de la bande dessinée, le tout accompagné de gravure d’époques assez connues pour ceux qui se sont un tant soit peu intéressés à cette affaire historique. Ils partagent ainsi les diverses théories qui ont accompagné les meurtres de la Bête. Mais à ce jour, une seule certitude, c’est que nous n’en avons aucune quant à la véritable nature de cette dernière et c’est là que le duo entre en jeu pour nous proposer sa propre version de la vérité.

Un récit qui trouvera son épilogue dans le prochain tome, Les Griffes du Gévaudan étant déjà annoncé comme étant un diptyque, même si la date de sortie du volume deux n’est pour l’instant pas annoncée.

Nom d’une arquebuse !

En tant que passionnée de légende et d’Histoire, la Bête du Gévaudan m’a toujours fascinée, d’autant que le mystère reste entier sur ce qu’il s’est réellement passé au fin fond de l’Auvergne dans les années 1760. Je ne suis d’ailleurs pas la seule que la Malbête intéresse, puisque nombre de romanciers et autres cinéastes ont proposé leur version des événements. Je vous en avais parlé lors de ma critique du premier tome de la Perfect Edition de Crying Freeman, je suis une grande fan de Christophe Gans et il se trouve qu’il a également travaillé sur le sujet avec Le Pacte des Loups sorti en 2001.

Si je vous évoque ce film que j’ai toujours grand plaisir à revoir, ce n’est absolument pas par hasard puisque j’ai noté un certain nombre de similitudes entre la bande dessinée et le film. Je suppose que c’est parfaitement normal quand on traite de faits avérés et mettant en scène des personnages historiques ayant existé, mais je n’ai pas réussi à m’empêcher de jouer au jeu des comparaisons, et à me départir d’un léger sentiment de déjà-vu. Que ce soit avec Jean François Antoine qui m’évoque beaucoup le héros campé par Samuel Le Bihan aussi bien dans ses réactions que dans son entêtement à vouloir revenir pour découvrir la vérité, ou encore par Jean-François-Charles de Morangiès qui, bien qu’ayant ces deux bras, se révèle avoir peu ou prou les mêmes travers que son homologue de cinéma.

Ce ne sont certes pas les seuls détails qui m’ont fait penser au film de Gans, mais pour autant j’ai eu beaucoup de plaisir à me plonger dans cette énième vision concoctée par Runberg et Poupard et j’attends la suite avec impatience, espérant que le dénouement saura me surprendre. Mais pour cela, il me faudra patienter un peu, l’occasion de me replonger un peu plus dans les archives d’époques pour creuser de mon côté le mystère de la Bête qui a endeuillé le Gévaudan … Même s’il y a tout de même peu de chance désormais que la lumière soit faite sur cette affaire.

Pour conclure…

Bien que la Bête du Gévaudan soit devenue une légende, Les Griffes du Gévaudan s’inspirent de faits historiques bien réels qui limitent la part d’improvisation de ses auteurs. Gageons que, Maintenant que les bases sont parfaitement posées, Poupard et Runberg se laissent aller à un peu plus de fantaisie dans le deuxième tome de la bande dessinée. Malgré tout, la précision des dessins de Jean-Charles Poupard alliée à la documentation du scénario de Sylvain Runberg forment une alchimie plus que prenante qui nous emporte sur les sentiers du Gévaudan dans une traque où le chasseur risque bien de devenir la proie. J’avoue être impatiente de savoir quelle hypothèse ils auront choisi d’explorer et quelle sera leur “vérité”. Réponse à la sortie du tome 2 !

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