Crying Freeman Perfect Edition – Tome 1 & 2

Après Sanctuary, c’est au tour de Crying Freeman, autre manga de Ryoichi Ikegami, cette fois scénarisé par Kazuo Koike de faire l’objet d’une Perfect Edition de la part de Glénat. Une publication qui sonne comme une revanche pour l’éditeur, qui après avoir arrêté la publication française au bout du deuxième tome dans les années 1990 avait laissé les fans du tueur sur leur faim. Ce n’est qu’en 2006 que les éditions Kabuto avaient permis aux lecteurs de découvrir enfin l’intégralité des aventures de Io et Emu, avant de faire faillite deux ans plus tard, rendant les précieux volumes introuvables dans le commerce. C’est donc dans le souci de rendre accessible au plus grand nombre l’œuvre la plus connue de Ryoichi Ikegami que Glénat se lance dans cette Perfect Edition qui promet au lecteur une adaptation en grand format de ce récit mêlant amour, violence, sexe et… mafia !

Cette critique a été réalisée avec un exemplaire fourni par l’Éditeur.

Cœur de Dragon

Le tueur aux yeux de pluie

Tueur japonais au service de la mafia chinoise des 108 dragons, il a pour nom de code “Freeman”. Après chaque meurtre commis, il laisse couler des larmes. Quel secret dissimulent-elles ? C’est au travers de sa rencontre avec une jeune femme en quête d’amour que Freeman découvrira qui il est vraiment…
Après Sanctuary, Ryoichi Ikegami revient avec une autre de ses séries emblématiques : Crying Freeman. Cette saga en cinq volumes avait déjà eu les honneurs d’une adaptation cinématographique par Christophe Gans, le réalisateur du Pacte des loups. Avec cette édition Perfect, l’œuvre mythique revient en grand format et avec des pages couleurs. Vous n’aurez plus aucune raison de passer à côté de ce monument.

Glénat

Crying Freeman nous fait faire la connaissance d’Emu Hino, une jeune peintre japonaise qui s’attend à être abattu après avoir été témoin d’un assassinat. Une fois son méfait accompli, le tueur, un beau jeune homme, se met à pleurer en silence poussant Emu à lui donner son mouchoir. Après lui avoir avoué s’appeler Io, l’assassin disparaît, laissant l’artiste désemparée. Quelque temps plus tard, Io qui est en fait un assassin à la solde des 108 Dragons (une branche de la mafia chinoise) et dont le nom de code est “Crying Freeman”, arrive au Japon dans le but de tuer Shudo Shimazaki un des leaders des yakuzas empêchant l’implantation des 108 Dragons sur le sol japonais.

C’est à sa sortie de la Préfecture de Police que Io, masqué, parvient à descendre Shimazaki, tandis qu’Emu qui est là par hasard, le reconnaît à ses larmes et laisse échapper son nom. Entendue par l’inspecteur Nitta comme témoin, elle refuse de dénoncer l’assassin, dont elle connaît le visage, et rentre chez elle alors que les yakuzas et la police espèrent s’en servir comme appât pour attraper l’exécuteur de la triade. Mais ce dernier les a devancés chez la peintre, qui accepte son sort en échange d’une requête pour le moins particulière. Désespérément seule, Emu veut connaître l’amour et ne pas mourir vierge, souhait que Io accepte d’exaucer. Mais pourra-t-il vraiment accomplir sa mission et la supprimer après ça ? C’est loin d’être évident.

Lisez un extrait de Crying Freeman Perfect Edition – Tome 1 ici !

Tigre et Dragon

Avec près de 60 ans de métier au compteur, Ryoichi Ikegami est un mangaka à la carrière prolifique et dont la spécificité est de ne jamais avoir dessiné ses propres histoires. En effet, le dessinateur s’est toujours adjoint un scénariste afin de créer des mangas aux sujets divers et variés, ce qui donne à son travail un aspect assez éclectique, suivant les auteurs avec lesquels il travaille, avec un sujet de prédilection cependant : la vie et les mœurs de la mafia asiatique. C’est dans les années 1970 qu’il fait la connaissance de Kazuo Koike avec lequel il collabore sur pas moins de cinq mangas, Crying Freeman étant le troisième d’entre eux.

Cette collaboration fructueuse permettra à Ryoichi Ikegami d’affiner son style tout en comprenant les mécanismes du manga de divertissement, ainsi que les subtilités de la mise en scène. Kazuo Koike de son côté, est surtout connu pour ses productions à la violence exacerbée et sexe omniprésent, ce que l’on retrouve dans Crying Freeman qui est un manga à ne pas mettre entre toutes les mains et surtout pas devant tous les yeux. Cela étant, c’est aussi une histoire d’amour passionnante avec pour toile de fond la pègre chinoise et ses règles pour le moins particulières.

C’est Emu-vant !

Mon histoire avec Crying Freeman a commencé lors de ma découverte de l’excellent film de Christophe Gans avec Mark Dacascos dans le rôle-titre. Au-delà de la découverte de l’un de mes cinéastes préférés, je dois avouer que le récit mis en scène a su me toucher, dans la réunion par l’amour de ces deux âmes de milieux différents. Quelques années plus tard, j’ai pu découvrir la série de 6 OAV de la Toei qui m’a montré à quel point le film, qui a popularisé mondialement ce héros torturé, avait également beaucoup édulcoré son propos. Cependant, je n’ai jamais eu l’occasion de lire le manga original, occasion qui m’est aujourd’hui donnée par la sortie de Crying Freeman Perfect Edition qui devrait trouver sa conclusion en cinq tomes.

Il faut bien avouer que Ryoichi Ikegami a le don de dessiner des corps superbes et que l’intrigue de Crying Freeman lui offre un terrain de jeu fantastique, a tel point que l’on se demande parfois ce que cache l’impudeur de certains personnages. J’aime beaucoup le personnage de Io, tueur malgré lui, obligé d’obéir aux 108 Dragons à cause d’un conditionnement profond orchestré par l’organisation mafieuse. Sa rédemption, sous forme de larme, a quelque chose de poétique dans ce qu’elles représentent pour le héros : la seule liberté qu’il lui reste, celle de pleurer la perpétration d’un acte qu’il ne voulait pas commettre. Le personnage d’Emu est également très intéressant, dans la façon dont elle se révèle dans sa relation avec l’assassin. D’artiste banale, elle s’avère être rusée, déterminée et d’un courage sans faille qui lui vaut l’admiration en tant que femme du chef des 108 Dragons.

Une seule chose m’a un peu interpellée, c’est Bai Yashan sorte de femme enfant à la puissance destructrice dont les différentes réactions ont le don de me désarçonner tant je ne les comprends pas du tout. En effet, elle apparaît comme l’une des premières à remettre en cause l’accession de Io à la tête de l’organisation, mais un seul combat suffit à ce qu’elle se range aveuglément derrière lui, devenant l’une de ses protectrices les plus zélées (mais certes pas la plus efficace). Elle devient ainsi une sorte de faire-valoir, souvent ridicule, ne servant plus qu’à mettre en lumière l’intelligence et l’agilité au combat des autres protagonistes gravitant autour d’elle.

Cela étant, après la lecture de Sanctuary, j’ai apprécié retrouver des femmes fortes et dangereuses ayant un rôle plus important que celui de figurantes. Il ne me reste plus qu’à attendre la sortie du tome 3 pour continuer mon voyage au sein des 108 Dragons et compagnie du Freeman et de ses alliés.

Pour conclure…

On commence à en avoir l’habitude dans le cas des Perfect Edition, Glénat réalise un travail absolument superbe de réédition et Crying Freeman Perfect Edition tomes 1 et 2 ne fait pas exception à la règle. Quel plaisir de redécouvrir l’histoire d’amour entre le tueur prodige des 108 Dragons et l’artiste qui deviendra sa femme, dans un format plus grand, permettant de profiter au mieux de la composition de chaque case dessinée par Ryoichi Ikegami, dont le style très réaliste est parfait pour illustrer cette intrigue se déroulant au sein de la triade. Popularisé au cinéma par le film de Christophe Gans, le manga original s’avère bien plus cru et violent que son adaptation, ce qui en fait un récit à ne réserver qu’à un public averti et surtout adulte. En deux tomes, Crying Freeman Perfect Edition a su prouver sa valeur de classique intemporel et on attend avec impatience la sortie du volume 3 prévu pour une parution le 17 avril 2024.

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