Il y a peu, nous avions découvert un nouveau héros, Joseph Laflamme qui s’était retrouvé confronté à Jack l’éventreur dans le Montréal de la fin du XIXᵉ siècle. À cette occasion, l’éditeur Hugo Publishing nous avait envoyé n’ont pas un, mais bien deux volumes de ses aventures et c’est ce volume 2 que nous allons traiter aujourd’hui. Dans Les Enquêtes de Joseph Laflamme – tome 2 : Jeremiah, paru le 3 juillet 2024, le romancier Hervé Gagnon met son héros et ses proches sur les traces d’un objet laissé par John Wilkes Booth qui attise nombre de convoitises. Joseph, Emma, Arcand et McCreary devront retrouver le trésor avant leur adversaire, alors que la ville est en proie à des meurtres perpétrés par le Ku Klux Klan. Ça va sentir la poudre !
Cette critique a été réalisée avec un exemplaire fourni par l’Éditeur.
La guerre de Sécession a cessé, c’est sûr !
Avril 1865. La guerre de Sécession tire à sa fin, et les membres d’une société secrète confédérée, les Knights of the Golden Circle, sont réunis au St. Lawrence Hall Hotel, à Montréal. Leur but : planifier la reprise des hostilités. Parmi eux, John Wilkes Booth, futur assassin du président Abraham Lincoln, a en sa possession un objet précieux.
Février 1892. Des Noirs montréalais sont sauvagement torturés et assassinés à la manière caractéristique du Ku Klux Klan. Le journaliste du Canadien Joseph Laflamme se lance sur l’affaire en compagnie de l’inspecteur Marcel Arcand, du Département de police de Montréal. Ils croiseront la route d’un personnage légendaire qui ne reculera devant rien pour retrouver ce que Booth a caché à Montréal.
Hugo Publishing
Les Enquêtes de Joseph Laflamme – tome 2 : Jeremiah commence en 1865 alors que John Wilkes Booth, alors sur le point d’assassiner le président Lincoln, confie une clé, garantissant la victoire prochaine des sudistes, à son amante Lola avant de partir réaliser son forfait. À peine trois semaines plus tard, Lola se retrouve dépossédée de cet objet primordial pour les Knights of the Golden Circle, une organisation secrète dont elle et Booth sont membres. Mais ce à quoi mène cette clé est assez important pour que 17 ans plus tard, un homme voit sa mort mise en scène et son identité lui être retirée pour consacrer sa vie à retrouver l’objet dérobé.
Dix ans plus tard, quelques mois après les événements cauchemardesques les ayants, lui et sa sœur Emma, confrontés à Jack l’éventreur, Joseph se reconstruit doucement. Désormais journaliste indépendant, il voit Emma devenue une couturière et modiste reconnue, faire fructifier le magasin acheté avec la récompense de Scotland Yard. McCreary, dorénavant établi à Montréal lui fait une cour aussi discrète que passionnée, à laquelle la jeune femme ne semble pas réfractaire. Joseph est introduit chez les Francs-maçons par l’inspecteur Arcand, dont l’amitié lui est désormais acquise, mais son intronisation tourne court et Arcand est appelé en urgence hors de sa juridiction.
Un meurtre a été commis par des membres du Ku Klux Klan et la victime, battue à mort et torturée, est retrouvée pendue dans une église. Ayant suivi l’inspecteur sans se faire remarquer, le journaliste sent le scoop arriver et s’empresse d’écrire un article sur le sujet. Mais il ignore encore que cette histoire va le mener sur la trace de la clé de John Wilkes Booth et combien sont nombreux ceux qui sont prêts à tout pour s’en emparer. Alors que les meurtres de Noirs se multiplient à Montréal, Marcel Arcand et Joseph Laflamme décident de faire front commun afin de résoudre l’affaire.
Découvrez un extrait des Enquêtes de Joseph Laflamme – Tome 2 : Jeremiah ici !
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Étonnament, dans Les Enquêtes de Joseph Laflamme – tome 2 : Jeremiah, les sociétés secrètes et autres organisations sont bien plus présentes et pléthoriques que dans le premier épisode. En effet, en choisissant comme point de départ la guerre de Sécession et les retombées de la victoire des Nordistes, Hervé Gagnon a pu multiplier les références à ces organisations mystérieuses qu’il affectionne tant. Bien entendu, les francs-maçons sont toujours de la partie et l’on continue notre exploration de la hiérarchie et des symboles qui leur sont propres, initiée dans le premier roman. De cette base vont découler les rites et le symbolisme en place chez les Knights of the Golden Circle, qui à l’inverse de leur puissant aîné cherchant le perfectionnement moral de l’Homme libre, n’existe que pour augmenter le pouvoir des classes esclavagistes des États du Sud.
D’où leur implication pour tenter de faire remporter la victoire aux états sudistes alors sur le point d’être vaincus. De même, s’ils ne pouvaient rejoindre une loge classique de la Franc-maçonnerie, il n’est pas étonnant que les esclaves libérés à la suite de l’armistice soient pour certains devenus maçons et aient créés des obédiences spécifiques pour leurs pairs. En ce qui concerne le Ku Klux Klan, sa fondation est, elle aussi, une conséquence de la Guerre de Sécession, les suprémacistes blancs voulant par l’action contrer l’application des amendements signés à la fin du conflit garantissant l’abolition de l’esclavage et la citoyenneté pour toute personne né ou naturalisée sur le sol américain. Cela se traduit par des meurtres, des viols et autres persécutions à l’égard de la communauté des Afro-américains.
Enfin, la Pinkerton National Detective Agency, dont les agents sont surnommés les “Pinkertons” est une agence de détectives privés américaine, dont le rôle a été d’espionner les Sudistes, pour le compte d’Abraham Lincoln, lors de la Guerre de Sécession. Et je ne parle pas bien sûr de « Jeremiah » dont l’identité en laissera plus d’un sans voix. C’est donc tout ce petit monde qui va se télescoper en plein Montréal, à la recherche de l’héritage de Booth, le tout comme toujours extrêmement bien documenté par l’écrivain, qui connaît son sujet sur le bout des doigts. Un vrai régal pour les amoureux d’Histoire.
Retour de Laflamme
Il est toujours difficile de faire plusieurs tomes d’une série à même de captiver également les lecteurs. Surtout quand le premier roman est aussi excellent que Les Enquêtes de Joseph Laflamme – Tome 1 : Jack. D’autant que le synopsis de ce deuxième opus des aventures du journaliste canadien m’a tout de suite moins parlé que la présence de Jack l’éventreur émigré au pays du sirop d’érable. Cela dit, je savais pouvoir compter sur la plume incisive d’Hervé Gagnon pour arriver à m’accrocher à son récit, mais cela ne s’est pas fait aussi naturellement que pour Jack et j’avoue que la page que j’avais réalisée dans Mon Carnet de lectures pour Les Enquêtes de Joseph Laflamme – tome 2 : Jeremiah m’a beaucoup aidée à remettre de l’ordre dans mes idées.
Ainsi, annoncer d’entrée de jeu, sur la quatrième de couverture, la présence d’un “personnage légendaire” était à mon sens une erreur, car j’ai passé toute la durée de ma lecture à attendre son apparition qui n’a en fait réellement lieu qu’à dix pages de la fin, même s’il est aux manettes depuis le début du récit. Je me doutais que le sous-titre du livre “Jeremiah” aurait pu me donner un indice quant à son identité, mais là encore, je ne risquais pas de trouver puisque la légende en question n’a absolument jamais été connue portant ce patronyme. Et c’est sans doute ce qui m’a le plus interpellée. Comment un romancier versé dans l’Histoire comme Hervé Gagnon a pu faire une erreur pareille, si tant est que c’en soit une.
Afin de construire un scénario intéressant, il est parfois nécessaire de changer la réalité, mais quitte à utiliser des personnes ayant existé, il m’apparaît important de garder un socle de faits le plus véridique possible. Certes, je ne suis pas une experte en ce qui concerne l’Histoire américaine, mais j’en sais suffisamment pour savoir aussi qu’affubler son mastermind d’un index gauche amputé n’est pas véridique non plus. Je pense que vous aurez compris que je n’ai pas l’intention de vous gâcher la surprise et si vous souhaitez savoir de qui je parle, il ne vous reste plus qu’à passer par la case lecture. D’autant que, malgré cette légère déconvenue, il apparaît que Mr Gagnon nous offre une fois encore un aperçu de son brio pour maintenir un suspens à couper le souffle, et ce, jusqu’au mot “Fin”.
Comme avec le premier épisode, je dois plébisciter la couverture réalisée par Hugo Publishing (Dark Moon : The Blood Altar – Tome 1, Un Été pour te Retrouver, etc), tant celle-ci est assez superbe, donnant de petits indices sur le contenu des pages qui suivent sans trop en dévoiler non plus. Étant moins familière avec les sujets abordés ici, je reconnais que j’ai eu du mal à suivre entre les différentes factions à l’œuvre, leurs motivations et leurs implications dans le récit. Entre les Francs-maçons, les Knights of the Golden Circle, le Ku Klux Klan et l’agence Pinkerton, il est parfois difficile de s’y retrouver et je pense qu’un second passage me sera nécessaire pour vraiment tout appréhender correctement.
Ce que j’adore dans les romans qui font appel à des faits réels, c’est qu’ils donnent souvent envie de se documenter par la suite, ce que j’ai déjà commencé à faire dès le livre terminé et c’est forte de nouvelles informations que je relirais avec entrain Les Enquêtes de Joseph Laflamme – tome 2 : Jeremiah. Cela étant, la joie de retrouver nos héros et les conséquences que l’affaire de Jack l’éventreur a eu sur leur vie suffit largement à sauter le pas et à tourner la première page. Une petite mise en garde cependant, si vous le faites, sachez que vous ne pourrez pas vous arrêter avant les ultimes lignes des Enquêtes de Joseph Laflamme – Tome 2 : Jeremiah. Vous voilà prévenus !
Les Enquêtes de Joseph Laflamme – tome 2 : Jeremiah est donc une suite directe au roman qui a vu le journaliste aux prises avec Jack l’éventreur. Si la qualité littéraire et le sens du suspens ne se démentent pas, il était difficile de passer après une légende telle que celle du tueur en série de Whitechapel et nous avons été moins attirés par le pitch de ce deuxième opus. Entre la multiplication des forces en présence et leur quête de l’héritage de John Wilkes Booth, il n’est pas toujours évident de s’y retrouver, mais retrouver le clan Laflamme et leurs alliés vaut bien de tenter l’aventure. Il est désormais évident que je n’en finirai avec les aventures de Joseph que quand j’aurai lu tous les tomes de la série. Qui m’aime me suive !