Au vu des autres titres du studio Flying Wild Hog (Trek to Yomi, Shadow Warrior 3, Space Punks, Devolverland Expo…), on ne l’attendait pas sur un jeu en TPS (Third Person Shooter) et encore moins se déroulant dans un Far West que les colons doivent partager avec des vampires et leurs serviteurs, tous plus belliqueux les uns que les autres. L’annonce d’Evil West aux Game Awards 2020 avait donc de quoi intriguer les amateurs de beat’em up, dont je fais partie. Deux années de développement plus tard, le 22 novembre 2022 plus précisément, nous voilà rendus à la sortie du titre. Pour l’occasion, nous avons sorti le Stetson et les éperons, en espérant que ce soit bien la chevauchée sauvage qui nous attende une fois les rênes d’Evil West en main.
Wild Child West
L’action d’Evil West prend place dans l’Ouest américain au XIXème siècle, sauf qu’ici la ruée vers l’or a été remplacée par la ruée vers le sang. Dans cet univers typique du genre Weird West, les humains sont constamment menacés par les vampires et leurs hordes de suivants, qui semblent s’être donnés pour mission de faire du monde un enfer à leur image. Devant ce fléau immortel, l’Institut Rentier, mené par le héros de guerre William Rentier, se pose en bastion de la résistance.
Alors que le père coordonne les troupes, les missions et développe de nouvelles armes, nous incarnons Jesse Rentier, le fils et l’héritier de William, plus préoccupé par la chasse aux monstres, avec son comparse Edgar Gravenor (ami de longue date de Rentier père), que par ses responsabilités à l’Institut dont il ne veut d’ailleurs pas. Tandis que tous les membres de l’organisation sont rassemblés au manoir Rentier pour la présentation d’une nouvelle arme capable de détruire les goules et leurs sortilèges, la demeure est attaquée par des vampires menés par Felicity d’Abano, venue récupérer la tête de son père, Peter d’Abano.
Ce puissant Nosferatu, abattu et décapité par Jesse juste avant la réunion, a été ramené en trophée au quartier général. Les seuls survivants du génocide orchestré par Felicity sont Jesse, Edgar, le secrétaire d’état à la Guerre James Harrow et William, gravement blessé lors de l’attaque. Alors que le petit groupe trouve refuge à Calico, Jesse doit faire face à deux problèmes : réparer son gantelet électrique (la fameuse nouvelle arme dont dépend le sort de l’humanité) et empêcher la transformation de son père en vampire. Tic, tac, tic, tac, le compte à rebours est lancé !
Mon nom est Rentier
Nous allons donc nous lancer sur les routes pour protéger le monde du destin funeste qui semble l’attendre au tournant. Durant les quelques 9 heures que dure un run, nous allons traverser 16 chapitres, chacun possédant sa propre identité, que l’on se trouve dans les rocheuses, dans une mine, dans des marais ou même sur un sommet enneigé. Si les personnages semblent taillés à coups de serpe, il faut avouer que les environnements ne manquent pas de magnificence, rendant frustrante l’impossibilité de se balader où l’on veut dans les niveaux. En effet, nous apprendrons très vite à repérer les éléments clignotants nous indiquant le chemin et les passages par lesquels notre avatar peut passer.
Au moins c’est visible, mais cela manque singulièrement de subtilité pour un jeu de 2022, et cela souligne d’autant plus les limitations du level design, qui se révèle plat dans sa conception, avec une alternance couloir, arène, couloir, arène… Cependant, on se laisse vite porter par les successions de combats, avec une musique qui nous rappelle les grandes heures du western spaghetti et qui renforce admirablement l’ambiance du jeu. D’ailleurs à ce propos, et comme on s’y attend d’un cow-boy, Jesse possède un certain nombre d’armes à feu dans son inventaire (colts, carabines, fusils à canon scié…) qui lui permettent d’attaquer ses adversaires à distance.
Mais le jeu n’est absolument pas centré sur le tir aux chauves-souris, non ! Jesse devra surtout se servir de ses poings (et de son gantelet) pour rectifier le portrait des monstruosités qui l’assaillent. Ainsi, le gant électrique de l’Institut va donner au héros la possibilité de se téléporter près des ennemis ou de les amener à lui, mais aussi de contrer certains coups des adversaires grâce à un bouclier électrique (ce qui électrocute les goules, les laissant immobiles et à la merci de nos poings).
Il était une fois dans le West
Si les vagues de monstres se succèdent aussi vite que les arènes, le système de combat ne prend pas pour autant le joueur par la main, puisqu’il n’y a pas de système de lock des adversaires lors des tirs à distance. Pour toucher les points faibles des ennemis, et regagner de la vie dans l’opération, vous devrez être rapides et précis. Attention toutefois à ne pas rester statiques, ce qui ferait de vous une cible facile. Tout se joue sur l’esquive, quitte à ce que le joueur se retrouve vite désorienté et coincé dans un coin de la zone de combat, ce qui arrive plus souvent qu’on ne croit. Heureusement, différents bidons de TNT et les cages aux piques acérés qui parsèment les stages nous aideront à faire du nettoyage par le vide.
Enfin, une fois la jauge de vie des opposants vidés, un finish aussi gore que jouissif pourra être déclenché avec le bon timing, ce qui accordera au joueur un regain d’énergie vitale qui sera souvent bienvenu. En fouillant bien dans les niveaux, vous trouverez un bon nombre de documents expliquant le background de l’univers mais également de nouvelles armes à feu. Bien entendu, diverses améliorations et arbres de compétences sont déblocables au fur et à mesure du récit (que ce soit avec l’argent collecté ou l’expérience), étoffant encore un peu plus la panoplie de coups de ce cher Rentier junior.
Autre bonne idée d’Evil West, offrir aux joueurs la possibilité d’arpenter les plaines sauvages de l’Ouest à deux en coopération. Cela ne sera possible qu’en ligne, quand on aurait préféré le faire en local, et seul celui qui invite profitera de l’expérience et des richesses accumulées dans son propre run, l’invité ne conservant même pas sa progression dans le jeu lorsqu’il relancera sa propre partie. Cela étant dit, et même si les deux comparses incarnent tous les deux Jesse (donc avec les mêmes coups), le fait de défourailler du démon en duo apporte un petit plus à l’aventure qui peut donner envie de relancer le soft une fois son run solo terminé.
L’homme qui tua Félicity d’Abano
Si j’ai pu être déçue dernièrement par un autre jeu qui me promettait un beat’em up brutal et jouissif, j’ai pu me rattraper avec Evil West qui, heureusement pour moi, tient toutes ses promesses en matière de défouloir. Je dois bien dire qu’après la douche froide GunGrave G.O.R.E, j’étais plus que méfiante en lançant Evil West, mais dès les premières minutes j’ai été harponnée par Jesse et son arsenal. Ici, pas de parlotte inutile. Le tutoriel est efficace et limité au minimum, l’action commence très vite et l’histoire nous est racontée par petites touches sans jamais nous sortir de notre envie d’en découdre.
Même si, en ce qui me concerne, j’aurai bien aimé mettre un peu plus mon cerveau à contribution au cours de l’aventure, avec quelques énigmes un peu corsées, je comprends parfaitement que ce n’est pas ni son but ni sa finalité. Evil West m’a rappelé par certain côté Devil May Cry, même si là le but n’est pas d’être stylé ou de faire des figures dans les combats mais bien d’être précis dans ses exécutions. Cela ne m’a pas gênée dans la mesure où le fun du jeu réside justement dans ses combats aussi sanglants qu’outranciers.
Jesse répond aux ordres au doigt et à l’œil, mais le fait de pouvoir sauter aurait pu donner encore plus de maniabilité au héros, même si, encore une fois, il répond très bien aux injonctions du joueur. Moi qui ai une grosse tendance à bourriner les boutons erratiquement sur ce genre de jeux, j’ai dû apprendre l’esquive et les patterns des boss pour passer certaines zones. Ce qui d’habitude me rebute profondément ne m’a pas posé de problème tant la chose est bien amenée et de façon naturelle. Un vrai bon kif pour ma part et je relancerai volontiers un new game +, malgré une difficulté corsée, pour aller dénicher les moindres secrets d’Evil West.
Avec ses grosses santiags, Flying Wild Hog débarque dans le game du beat’em up à l’action débridée et très franchement ça vaut le détour. Bien bourrin, avec un panel d’armes de destructions massives conséquent, Evil West vous permettra de régler vos comptes, comme à O.K. Corral, dans un univers gothique à souhait rempli de goules, vampires et loups garous. C’est basique, c’est bestial, mais ça marche du feu de dieu. Alors tous en selle !
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Des décors grandioses
Une action débridée et des combats jouissifs
Un musique digne d’un western
Des ennemis impressionnants et variés
Un mode coop bienvenu
Les points négatifs
Un jeu extrêmement dirigiste
Quelques énigmes trop simplistes
La possibilité de faire des sauts aurait donné une meilleure maniabilité à l’ensemble