Alan Wake 2

"Alan Wake" 2 affiche

Il était une fois… Un studio finlandais nommé Remedy Entertainment et dont la plus grande ambition était de raconter des histoires où la fiction s’entremêle à la réalité. Voilà un début qui aurait parfaitement pu convenir pour ce test d’Alan Wake 2, si le véritable commencement n’était pas à chercher du côté de l’année 2010. Cette année-là, les joueurs ont pu faire la connaissance d’un écrivain de best-seller, victime du syndrome de la page blanche, qui voit l’un de ses romans (dont il ne se souvient pas avoir écrit une seule ligne) prendre vie sur les bords de Cauldron Lake. Ce romancier, c’est Alan Wake, et ses aventures horrifiques vont marquer profondément ceux qui auront eu le courage de s’y lancer. Treize ans (et six jeux) plus tard, Remedy remet le couvert et retrouve son auteur dans une suite directe qui prend place… treize ans après les événements du premier opus. La boucle est bouclée, alors qu’Alan Wake 2 a débarqué sur PC, Xbox Series et PS5 le 27 octobre 2023, pour le plus grand bonheur de ses admirateurs. Après s’être réveillé de ce cauchemar, on a pris la plume pour vous détailler tout ça.

Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par Epic Games et Remedy Entertainment.

Alan Lake

Dans le jeu on retrouve "Alan Wake"

Comme nous l’avons déjà évoqué, Alan Wake 2 prend place treize ans après les faits survenus dans le premier épisode. On y découvre Saga Anderson, un agent du FBI, et son collègue Alex Casey (et oui, du même nom que le célèbre héros de roman créé par… Alan Wake), qui se rendent dans la petite ville de Bright Falls secouée par une vague d’homicides rituels basés sur les romans de Wake. Arrivés sur place, les deux agents du FBI sont confrontés au dernier cadavre en date, celui d’un de leur collègue, qui s’est volatilisé depuis plusieurs années lors de son enquête sur la disparition de l’écrivain. Des témoins de la scène, un couple à la recherche d’information pour l’écriture d’un livre, l’affirment, la victime est sortie du lac avant de se faire capturer, ligoter et exécuter par des hommes portant des masques à tête de cerf.

Les meurtres de la "secte" vont déclencher la venue du FBI
L'arrivée de "Saga Anderson" et de son collègue

Mais l’affaire prend une tournure inattendue quand une page de manuscrit est retrouvée dans le corps du mort, poussant les enquêteurs à s’interroger sur le destin d’Alan Wake. Ils ignorent encore que ce cas non élucidé n’est en fait que la partie immergée de l’iceberg et qu’ils se préparent désormais à passer de l’autre côté du miroir. Comme on pouvait s’y attendre, la découverte de l’intrigue est un des éléments centraux du plaisir de jeu, et je m’en voudrais de vous le gâcher en vous en dévoilant trop. Cependant, on peut tout de suite voir à la lumière de ce pitch que les développeurs ont beaucoup poussé l’aspect enquête dans cette suite, quand Alan Wake était plus axé aventure pure et dure. Mais nous y reviendrons plus avant un peu plus bas, car il me semble important dans un titre tel que celui-là de commencer par le début.

les effets de lumière sont fabuleux dans "Alan Wake"

En effet, dès les premières minutes la beauté des graphismes, l’ambiance oppressante qui se dégage des environnements, rehaussés par un sound design et une musique parfaitement adaptés, font que l’on est embarqué d’entrée de jeu sur les pas de ces fédéraux qui ignorent encore ce qui les attend. Les décors sont bien plus diversifiés et on jouit, dans Alan Wake 2, d’un monde beaucoup plus ouvert que dans son prédécesseur. Le test ayant été réalisé sur PS5, nous ne présumerons pas de la qualité des autres versions, mais il s’avère que, sur la console de Sony, le titre est fluide même s’il souffre de quelques bugs comme un brusque changement de langue dans les dialogues ou des textures qui scintillent, mais rien qui ne soit très vite éclipsé par le récit, ce qui ne peut que mettre le joueur dans de bonnes dispositions pour la suite.

Palais bancal

Le "palais mental" de saga
La "pièce de l'écrivain" d'Alan

Comme dit plus haut, Alan Wake possède un côté enquête bien plus développé qu’auparavant, apporté par la présence des deux agents du FBI. De ce fait, nous aurons accès au palais mental de Saga dans lequel un mur d’enquête nous attend afin de mettre de l’ordre dans nos indices ainsi que dans nos idées. Si la plupart de ces phases ne sont pas obligatoires (le récit continuant sur sa lancée, à de rares exceptions près), pour pousser l’immersion au maximum en suivant le fil de pensée de la policière il faudra s’y rendre assez souvent, ce qui peut, à long terme, casser légèrement le rythme de l’action. Saga pourra également avoir recours au profilage qui lui permettra de “rentrer” littéralement dans la psyché des suspects pour découvrir ce qu’ils lui cachent et orienter son interrogatoire et ses actions en conséquence.

Le "profilage" une activité bien utile de Saga.

Dans le même ordre d’idées, quand on incarne Alan, c’est dans la pièce de l’écrivain que nous serons amenés à interagir avec un tableau d’intrigues dont les changements se répercuteront directement sur les environnements dans lequel évolue l’auteur. Celui-ci sera aussi équipé d’un rupteur, qui à la manière du déluminateur dans Harry Potter lui permettra d’absorber ou d’intensifier la lumière à certains endroits, ce qui aura pour effet de changer le décor et parfois d’ouvrir des passages inexistants jusqu’alors. Si les zones s’avèrent plus ouvertes que dans le premier, elles restent quand même limitées en termes de surface.

Le "rupteur "qui permet à Alan Wake de changer le décor
Saga pourra aller dans l'amalgame dans "Alan Wake"
"L'antre noir" nous dévoile un New York dévasté

Toutefois, l’exploration reste de mise avec la possibilité de trouver des caches de munitions, des boîtes repas avec des morceaux de manuscrits et des comptines pour Saga, mais aussi des échos et spirales de mots pour Wake. Ces dernières permettront au romancier de collecter des mots de pouvoir lui ouvrant l’accès à des améliorations pour lui ou pour ses armes. Saga, quant à elle, pourra améliorer ses armes avec les morceaux de manuscrits retrouvés dans les boîtes repas “Alex Casey”, mais devra trouver des “charms” pour obtenir des améliorations d’état.

les mots de pouvoir pour augmenter l'état d'"Alan Wake"
les caches de munitions dans "Alan Wake"
Les comptines dans "Alan Wake"

L’angoisse de la page blanche

Si Alan Wake 2 brille par sa mise scène cinématographique, il n’en reste pas moins un jeu dans lequel le joueur peut (au bout d’un certain temps) passer à la volée du personnage d’Alan à celui de Saga, via le seau du concierge présent dans les salles de sauvegarde. Avec l’agent Anderson nous allons enquêter dans le monde réel, entre Bright Falls et Cauldron Lake, et nous rendre parfois dans l’amalgame (sorte de version light de l’antre noir). Wake de son côté va évoluer dans une version pervertie de New York la nuit, tout y étant détruit, taggé, jonché de détritus et peuplé d’ombres menaçantes. Bien évidemment, pour pouvoir avancer efficacement nous tomberons sur des énigmes, occasionnellement retorses, à résoudre, mais on ne reste jamais coincés bien longtemps pour peu que l’on observe attentivement les indices présents autour de soi.

Un jeu incluant des "FMV"

Savoir où se rendre cependant est plus compliqué, et en l’absence de mini-carte à l’écran, les aller-retours sur la carte principale seront incessants et nombreux, surtout si comme moi vous avez un sens de l’orientation défaillant au dernier stade ! En ce qui concerne les affrontements, on ne change pas la formule du premier épisode, les ennemis devenant sensibles aux balles seulement une fois leur manteau d’ombre anéanti par la lumière. Cela vous coûtera une barre de batterie à chaque fois, obligeant le joueur à bien choisir ses combats, tant le nombre de piles dispensées en cours de jeu est limité, tout comme les munitions, ce qui donne à Alan Wake 2 un aspect survie renforçant encore le stress manette en main.

Les ennemis ombres dans "Alan Wake" 2
Certains ont besoin de balles en plus dans "Alan Wake" 2

Toutefois, il y a plusieurs types d’adversaires entre les ombres et les possédés, certains se désagrégeant juste avec la lumière, et j’avoue ne pas avoir encore compris comment les différencier. Un petit manque de lisibilité est à déplorer sur ce point, d’autant que dans l’antre noir les ennemis reviennent systématiquement dès que vous quittez la zone. L’esquive et la fuite seront donc vos atouts principaux pour éviter de griller toutes vos munitions d’entrée de jeu.

Saga-cités

Certains "décors" sont somptueux

Comme vous le savez, moi et les jeux d’horreur, nous ne sommes pas vraiment copains. Néanmoins, en vue de la sortie alors prochaine d’Alan Wake 2, j’ai décidé de rattraper mon retard avec le remaster d’Alan Wake premier du nom. Bien m’en a pris, car je ne suis pas certaine que j’aurais été capable d’appréhender le scénario compliqué d’Alan Wake 2 sans avoir joué à l’épisode précédent. Cela m’a également permis de mieux apprécier les améliorations apportées à ce deuxième épisode, notamment la présence des palais mentaux et l’aspect enquête apporté par Saga. La thématique de l’écrivain qui voit son histoire prendre vie est un sujet qui a toujours particulièrement résonné en moi, et j’ai trouvé particulièrement génial que Remedy ait poussé le concept jusqu’à doter Alan de la capacité de modeler l’antre rien qu’en écrivant.

On retourne à "Bright Falls" dans cet épisode

De plus, les destins croisés du romancier et de l’agent du FBI m’ont passionnés d’un bout à l’autre du scénario. Cela étant, j’ai eu un peu plus de mal à combattre mes adversaires, ne sachant jamais vraiment comment je devais m’y prendre pour les éliminer, ni si je m’en étais bien débarrassé. Pareillement, je me suis souvent perdue dans les environnements, même en suivant la carte, car cette dernière ne prend pas en compte la verticalité des décors et place tous les indices au même niveau. J’ai donc fréquemment passé un temps fou à chercher un item indiqué sur la carte, mais se trouvant au-dessus ou en dessous de ma position.

La fameuse "carte" compliquée pour s'y retrouver

Autre petit point noir : parfois, même en ayant compris les actions à mener et trouvé l’emplacement des indices à récupérer, tant que les bons liens ne sont pas effectués dans les palais mentaux vous serez dans l’incapacité d’agir. Non, pour cela il faut au préalable avoir permis aux héros d’étoffer le fil de leur pensée. Cela est singulièrement frustrant, surtout quand vous êtes bien lancé dans le récit. J’ai également été cueilli par certaines petites surprises incluses dans le titre comme un passage musical de haute volée, que j’aurais adoré pouvoir refaire en boucle.

L'atmosphère est inquiétante dans "Alan Wake" 2
Les "Old Gods of Asgard" un groupe de métal à la musique géniale

Autre point fort d’Alan Wake 2, la fusion par endroit du moteur du jeu avec des séquences en prise de vue réelles (FMV pour les intimes), un procédé absolument bluffant de naturel, même si ce travail sur la mise en scène et les transitions est un peu gâché par la synchro labiale, optimisée pour l’anglais, mais absolument pas pour le français. Il aurait été agréable que les dialogues en VF soient adaptés en conséquence, ce qui aurait renforcé encore plus l’immersion. Au lieu de quoi je suis vite repassée en VO et tant pis pour la performance, très bonne au demeurant des doubleurs français.

Les "échos" déclenchent des scènes en rapport avec les écrits du romancier

D’ailleurs, j’ai trouvé l’utilisation trop fréquente des screamers un peu facile, d’autant que l’ambiance pesante et malaisante instillée dans le titre suffisait amplement. C’est donc un grand oui pour ce Alan Wake 2 qui a également eu le mérite d’ajouter un nouveau groupe à ma playlist tellement je suis devenue fan des morceaux des Old Gods of Asgard. The end ?

Écran de fin de chapitre pour "Alan Wake" 2
Pour conclure…

Il semblerait que le studio Remedy ait bien fait d’attendre treize ans avant de proposer au monde la suite d’Alan Wake, tant Alan Wake 2 éclipse par bien des aspects son aîné. Entre les trajectoires parallèles de Saga et d’Alan dans un univers où la réalité se heurte à une fiction littéraire qui s’anime, la mise en scène magistrale et l’inclusion de phases d’enquêtes dans les palais mentaux, il est peu probable que vous ressortiez impavide de l’expérience tant celle-ci est intense. Si on ne comprend pas toujours tout dans cette intrigue ultra-complexe, une chose est sûre, soit on adore, soit on abhorre. Nous, nous avons choisi notre camp, et ce, malgré quelques défauts qui viennent un peu ternir l’expérience. Cependant, même le manque de lisibilité de la carte, la difficulté de savoir quand et comment on a abattu ses ennemis et les phases dans les palais mentaux qui peuvent nuire au rythme de l’action, n’ont eu raison de notre enthousiasme. La seule chose que l’on espère désormais, c’est qu’avec Alan Wake 2 Remedy n’a pas mis un point final à cette série.

La  note  de la  rédaction

4/5

Les notes de la rédaction

Les points positifs

L’inclusion de la FMV à la 3D qui tient du grand art

Une intrigue haletante de bout en bout à la mise en scène magistrale

Des passages malaisants et une ambiance horrifique comme on les aime

Les moments d’enquête et d’écriture dans les palais mentaux qui sont très bien pensés

La faculté d’Alan d’influer sur les environnements pour débloquer des indices ou des nouveaux passages

Les points négatifs

Un manque de lisibilité dans les combats

Les phases assez longues dans les palais mentaux qui peuvent casser un peu le rythme de l’action

L’utilisation assez facile et répétée des screamers

La carte qui ne tient pas compte de la verticalité des lieux et est donc compliquée à lire

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