Annoncé par surprise le 23 février 2023 pour une sortie en septembre, Mortal Kombat 1 vient tout juste de sortir sur PS5, Nintendo Switch, Xbox Series et PC. À peine quelques mois après la sortie d’un nouvel opus de la saga Street Fighter, NetherRealm Studios a mis toutes les chances de son côté pour faire repartir de plus belle la rivalité entre les fans des deux licences. Avec cet épisode qui sonne comme un reboot tout en restant dans la continuité de Mortal Kombat 11, les développeurs ont pris des chemins différents pour apporter au titre la touche de modernité qui lui manquait. Le pari s’est-il avéré gagnant ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.
Ce test a été réalisé sur une version PS5 fournie par l’Éditeur. Mortal Kombat est un titre connu pour la violence gore de ses images, il n’est donc pas à mettre devant tous les yeux !
Continuum épatant
Le moins que l’on puisse dire c’est que la licence Mortal Kombat en a fait du chemin depuis sa conception par Ed Boon et John Tobias sur bornes d’arcade en 1992. Si Ed Boon est toujours à la tête de ce nouvel opus, celui-ci est d’ores et déjà considéré par beaucoup comme un reboot de la série, mais gardant tout de même de nombreux liens avec ce qui a été fait jusqu’alors, comme la violence exacerbée des fatalités (encore plus impressionnantes avec la vision X-Ray), le casting des personnages qui bien que rajeunit reste toujours emblématique, ou encore son intrigue qui est en fait une suite directe aux événements de Mortal Kombat 11.
Si vous n’avez pas joué à ce dernier, ne vous en faites pas, malgré les nombreuses références à l’intrigue de son DLC Aftermatch, il n’est pas obligatoire d’y avoir joué pour comprendre et apprécier ce qui se trame dans cette nouvelle timeline. Qui dit renouveau dit grands changements et ces derniers risquent parfois de faire grincer les dents des fans de la première heure avec la disparition des épreuves de type Test your Luck, Tours des défis ainsi que de la krypte emblématique, remplacée au profit d’un Sanctuaire qui délivrera une récompense aléatoire par tranche de 1000 crédits classiques.
Il faut vous dire qu’il existe pas moins de trois monnaies en jeux : les Krédits classiques, les Krédits de saison (gagnables en mode Invasion et utilisable pour des récompenses saisonnières) et les Kristaux du dragon (pour des récompenses premium et donc acquérable avec des espèces sonnantes et trébuchantes uniquement), de quoi s’y perdre un peu. De même, l’absence de certains personnages du pack de base, comme Shang Tsung dispo en bonus de précommande ou encore Quan Chi et Ermac prévu dans un premier DLC, n’est pas du goût de tout le monde, rappelant un peu trop brutalement le virage jeu service pris par la saga depuis quelques années et qui est visiblement toujours d’actualité. Des choix qui auraient pu causer une levée de bouclier fatale pour le titre, mais c’est sans compter avec ce que propose Mortal Kombat 1 si on fait abstraction de tout cela.
La Baraka du Kombattant !
Pour commencer dans le jeu, et si vous n’avez pas précommandé Mortal Kombat 1, vous aurez accès à un set de 21 personnages (Havik étant disponible une fois le mode histoire terminé), ce qui est plutôt confortable pour se lancer dans l’aventure, d’autant que chaque combattant a son style de combat et des caractéristiques propres. Ainsi des personnages comme Sindel, Mileena ou Kitana seront rapides et aériens, mais peu puissants en termes de force de frappe, quand le général Shaoh ou Reiko par exemple seront beaucoup plus lourds à manier, mais bien plus puissants niveau force brute. Certains guerriers seront également plus axés magie quand d’autres seront sur une technique martiale plus efficace, mais globalement tout ce petit monde est assez équilibré et aucun n’est réellement cheaté.
Il vous faudra donc passer par la phase de tutoriel si vous souhaitez tirer parti au mieux du potentiel de chacun d’entre eux, ou si vous êtes un débutant. De ce point de vue là, le mode Apprentissage est extrêmement détaillé et très bien expliqué, assez accessible au commun des mortels. Toutefois, arriver à sortir certains combos vous demandera de la patience et de la persévérance, tant certaines manipulations s’avèrent parfois complexes à réaliser. La grande nouveauté de cet épisode se situe dans les Kaméos, ces personnages de soutien qui viendront vous filer un coup de main pour abattre vos ennemis.
Très utiles pour vous sortir d’une mauvaise passe, ils demanderont cependant de la dextérité pour être utilisés, car il est nécessaire d’attraper ses adversaires (et donc de s’approcher au plus près) pour déclencher leurs attaques. Au nombre de 10 au début du jeu, leur nombre montera à 15 après avoir débloqué les cinq partenaires optionnels présents. Ces Kaméos nous permettent ainsi de retrouver Sonya Blade, Jaxx, Motaro, Kano ou Kung Lao (pour ne citer qu’eux) et l’on regrettera que ces derniers ne soient dispos qu’en soutient et que les combattants principaux ne puissent quant à eux pas vous assister également à la demande (comme dans le mode histoire par exemple).
Liu Kang contre le reste du monde
Mais revenons un instant en arrière, des millénaires en arrière en fait, quand Liu Kang, alors dieu du temps, a décidé de réinitialiser le monde à ses tout débuts, en influant sur le destin de ces personnages que nous connaissons bien afin de forger une paix durable, Shang Tsung et Quan Chi devant n’être que des magiciens de pacotille et le général Shaoh aux ordres de la reine Sindel. Une fois les bases de son univers posé, il décida de renoncer à ses pouvoirs divins afin de ne redevenir que le dieu du feu et le gardien du Royaume Terre. C’est à ce moment que commence le mode histoire, alors qu’un énième tournoi de Mortal Kombat s’apprête à avoir lieu entre la Terre et l’Outre-Monde.
Après avoir recruté ses futurs champions (en la personne de Johnny Cage, Raiden, Kung Lao et Kenshi) et les avoir formés, toute la petite troupe est accueillie par L’impératrice Sindel et ses filles, pour un tournoi qui voit la victoire des terriens. Mais ce qui devait constituer une fin n’est en fait que les prémisses d’un complot capable d’ébranler toute la création de Liu Kang et il aura besoin d’alliés pour contrer cette menace qui les amène inextricablement vers la guerre. C’est donc avec ce pitch que commence l’intrigue du mode histoire de la Kampagne de Mortal Kombat 1 et il est indéniable que dès le départ on en prend plein les yeux tant les cinématiques sont soignées, les protagonistes charismatiques et les environnements chatoyants.
Ce mode est en fait un gigantesque film à grand spectacle dont on ne prend les rênes que durant les combats. Tournant en 60 FPS tout du long, l’image et les combats sont extrêmement fluides, et les transitions entre les deux arrivants de façon naturelle et invisible. L’avantage de commencer par ce mode est qu’il permet d’appréhender tranquillement chaque guerrier au détour de quelques affrontements, ce qui oblige le joueur à expérimenter même des héros qu’il n’aurait sans doute jamais utilisés sans cela. Bien entendu, sans rien savoir de Mortal Kombat 11 on ne comprend pas toutes les références du récit, mais celui-ci reste tout de même assez clair pour que ce ne soit pas gênant. On est scotché durant les quelque six heures que dure le scénario, celui-ci s’achevant dans un énorme foutoir bien jouissif et ouvrant la porte pour faire entrer Mortal Kombat dans une nouvelle dimension.
Test your Fight
Mais la Kampagne de Mortal Kombat 1 ne se résume pas au seul mode histoire, car il contient également le mode Tours, l’équivalent du mode arcade bien connu, qui, une fois arrivé au sommet vous donnera accès aux fins des divers personnages, ainsi qu’un mode Invasion, autre nouveauté de cet opus. Se présentant comme une sorte de jeu de plateau sur lequel on progresse, à coup de combat et autres épreuves (tutos, Test your Might…), sur des cases dans le but de traverser des environnements, la fin du parcours nous emmenant systématiquement dans un nouveau monde. Chaque combat possède son propre défi, que ce soit avec les dégâts élémentaires infligés par les adversaires (obligeant parfois à changer de combattants pour vaincre) ou les modificateurs rendant les ennemis plus puissants.
Invasion fonctionne sur un système de saison durant 60 jours et au cours de laquelle vous pourrez acheter des skins ou des palettes de couleur exclusives à celle en cours. De quoi assurer une belle rejouabilité au titre de NetherRealm, la première saison disponible mettant en scène Scorpion qui cherche à se venger de l’assassin de sa femme. À chaque affrontement, vous gagnez de l’expérience, des cosmétiques et des pièces à dépenser dans les boutiques saisonnières où vous pouvez investir dans des améliorations permanentes ou temporaires, des talismans conférant des pouvoirs spéciaux et des clés permettant d’ouvrir des coffres fermés pour accéder à leur contenu.
Vos guerriers, principaux comme Kaméos engrangent, eux aussi, de l’expérience qui augmentent leurs stats, conférant à ce mode un aspect RPG assez sympa, même si les voix françaises en sont absentes et que ce mode tourne en 30 FPS (sauf pour les combats), ce qui occasionne pas mal de ralentissements. Comme vous pouvez vous en douter, ces améliorations ne sont effectives que dans le mode Invasion, inutile donc d’espérer compenser un manque de technique par des personnages boostés. Évidemment Mortal Kombat 1 possède LE mode incontournable de ce genre de titre, je veux bien sûr parler du mode Versus. Celui-ci vous proposera, sans grande originalité, un mode local pour jouer contre amis et famille, ainsi qu’un mode en ligne et même un mode tournoi pour vous mesurer à des joueurs du monde entier.
Appelez-moi Jean-Claude Mandale !
La première et la dernière fois que j’ai posé les mains sur un Mortal Kombat, il s’agissait de Deadly Alliance sorti en 2002 sur GameCube. Autant dire que cela remonte à un paquet d’années et la déception de l’époque, face à un gameplay trop complexe et des personnages lents et lourds, fut assez marquante pour me tenir éloignée de la licence depuis. Vous comprendrez aisément mon manque d’enthousiasme quand le test de Mortal Kombat 1 m’est échu, tant je craignais de devoir reprendre la manette sur ce nouvel opus. Toutefois, le nombre d’épisodes sortis depuis 2002 m’a fait douter de ma certitude que Mortal Kombat n’était vraiment pas pour moi, et j’ai engagé le kombat, certes pleine de réticences, mais également avec une lueur d’espoir.
Après avoir lancé le mode histoire, la petite étincelle s’est embrasée et je n’ai pas pu m’arrêter de jouer jusqu’au terme de l’intrigue qui m’a réservé son lot de surprises, tout en constituant une porte d’entrée assez efficace sur l’univers de la saga. Même si je ne suis pas une adepte de la représentation des visages des personnages (notamment en ce qui concerne les femmes), les décors et leur niveau de précision m’ont littéralement bluffée, tout comme là désormais fluidité et explosivité des affrontements qui m’avaient tant manqué dans Deadly Alliance.
Malgré tout, j’ai parfois ragé contre les cinématiques en combat (ou en fin de combat) qu’il est impossible de passer alors même qu’on les a vues et revues et je trouve un peu dommage que les développeurs aient choisi d’axer leurs modes de difficultés sur la réactivité des IA plutôt que sur la simplification de certains coups qui ne sont vraiment pas aisés à réaliser, encore plus quand, comme moi, vous souffrez d’un manque de synchronicité dans les doigts. Cela étant, avec de l’entraînement et de la pratique, on progresse tout de même tant bien que mal, l’avantage étant que quand on se frotte aux joueurs en ligne, on se sent pour le coup moins ridicule, même si cela ne m’a pas empêché de me faire battre à plate couture à chaque fois.
C’est donc une excellente surprise que m’a réservé ce Mortal Kombat de la renaissance, et je compte bien pousser plus loin mon investissement dans mon entraînement martial afin d’en profiter un maximum. Et puis certaines rumeurs faisant état de l’arrivée potentielle de Conan le barbare en tant que personnage jouable m’étant arrivée aux oreilles, je me dois d’améliorer mon niveau… Juste au cas où !
Mortal Kombat 1 souhaitait offrir un renouveau à sa franchise et c’est passablement réussi que ce soit par la mise en place du système de Kaméos, le mode histoire qui est loin d’être anecdotique et le mode invasion qui offre, via son fonctionnement en saison, une belle rejouabilité au titre. Si tout n’est pas parfait non plus (le mode invasion qui tourne en 30 FPS et souffre de ralentissements, les nombreuses cinématiques durant les affrontements qu’il est impossible de passer, etc.) ce Mortal Kombat 1 aura de quoi vous réconcilier avec la série, si vous êtes prêts à vous y investir un minimum et que la violence chirurgicale des fatalities n’est pas rédhibitoire pour vous. Un bon cru pour les assidus des jeux de baston, peut-être encore un poil aride pour les nouveaux arrivants, mais que voulez-vous, devenir le champion du Mortal Kombat ne se fait pas sans quelques efforts. Alors Ready ? Fight !
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Des graphismes superbes et le tout en 60 FPS
Un mode histoire loin d’être anecdotique
Le contenu dantesque à débloquer qui assure une belle durée de vie
Des kombats dynamiques et toujours aussi brutaux
Un grand nombre de personnages présents dès le départ
Le mode tutoriel, indispensable, est bien amené et assez complet
Les points négatifs
Un mode facile qui aurait simplifié les commandes des coups plutôt que d’agir sur la force et l’IA des ennemis aurait été le bienvenu
Certaines cinématiques assez longues et redondantes qu’on aurait voulu pouvoir passer après quelques visionnages
Un gameplay assez technique qui risque de décourager les débutants les moins patients/habiles