Sorti initialement au mois de mars 2021 sur PC, Loop Hero nous revient dans une version adaptée pour la Nintendo Switch. Disponible depuis le 9 décembre dernier, le rogue-like en pixel art de Four Quarters jouit déjà d’une excellente réputation auprès des joueurs. Il a d’ailleurs raté de peu le titre de « Best Independent Game » aux Game Awards 2021. Guerriers, suivez-moi et pénétrons dans ce monde en désintégration.
Un jour sans fin
À un moment donné, la Liche (sorcier squelette de son état) décide de plonger le monde et ses habitants dans une boucle temporelle. Cela a pour effet d’entraîner la désintégration pure et simple de celui-ci, ainsi que l’amnésie totale de ceux qui le peuple. Vous incarnez donc le dernier espoir de l’humanité, vous qui, à chaque recommencement, gardez les souvenirs des événements et de votre mission.
Le tutoriel commence alors que vous vous réveillez sur un chemin nu entouré de ténèbres. Votre tête est un grand trou noir, mais vous avez vaguement le souvenir qu’un squelette flottant dans les airs est responsable de la situation. Après un apprentissage assez succinct des règles de base, le concept est posé : tourner en rond, sempiternellement, sur le même trajet pour étoffer son environnement et récolter des ressources qui ne disparaîtront pas dès que vous aurez le dos tourné.
Ça s’en va et ça revient…
Si le pitch de Loop Hero est simple, son gameplay en revanche est une autre paire de manches. Le jeu est basé sur un aller et retour, incessant, entre le monde extérieur (illustré par un chemin fermé généré aléatoirement) et le camp de base des survivants que l’on va devoir agrandir en construisant des bâtiments. Les deux phases sont indissociables, car c’est lors de ses pérégrinations dans le monde extérieur que l’on va collecter les matériaux nécessaires aux constructions du camp. Pareillement, la construction des édifices débloque certaines améliorations ou tuiles spéciales qui vont vous aider lors de vos expéditions.
Voyons les choses un peu plus précisément. À chaque sortie du campement, vous vous retrouvez donc catapulté sur un sentier où il n’y a rien à part des slimes (les ennemis de base). À partir de ce moment, les victoires contre vos adversaires vous apporteront des armes et des équipements ainsi que des tuiles pour reconstruire votre environnement. Soyons clairs, vous ne contrôlez pas un personnage. Celui-ci avance tout seul et les combats sont automatiques, ce qui est un peu dommage d’ailleurs. Le gestion du temps est également programmée. Les antagonistes ont leur cycle bien à eux, réapparaissant une fois un nombre de jours écoulé, selon leurs caractéristiques. La seule chose sur laquelle vous pouvez influer, ce sont les statistiques de votre personnage, que vous améliorez via des équipements de plus en plus performants.
Vous obtiendrez également plusieurs types de cartes d’environnements : celles à placer sur le chemin qui vont faire apparaître des ennemis, mais également des ressources particulières, et celles qui permettront de vous améliorer un peu la balade comme la lanterne par exemple (qui limitera le nombre de monstres sur les cases adjacentes à la tuile où ils apparaissent). À vous de combiner ces cartes astucieusement pour en tirer le meilleur bénéfice. Mais attention, à chaque tour complet du chemin (symbolisé par un passage au feu de camp placé sur le niveau), vos opposants grimpent de niveau et deviennent plus forts. Au bout d’un moment, la retraite deviendra inévitable, sachant que suivant où vous en êtes sur le parcours vous laisserez derrière vous plus ou moins des ressources que vous avez collecté. Votre seul espoir pour rentrer avec tout votre butin ? Vous replier quand vous êtes sur la case feu de camp. Et c’est un paramètre important à prendre en compte avant de recommencer une boucle, car la mort peut très vite vous tomber dessus.
Et ça continue encore et encore
Bien entendu, comme Loop Hero a pour thème central la boucle temporelle, vous ne mourrez pas vraiment. Les autres survivants vous ramènent inconscient, en sécurité et délesté de 70% des ressources que vous aviez collecté. Vous voilà obligé de repartir de zéro sur un nouveau trajet dans lequel plus rien de ce que vous aviez avant ne subsiste. Ainsi, vous allez enchaîner exploration après exploration et il faut bien dire qu’au bout d’un moment la lassitude s’installe. D’autant que même en réglant la vitesse de jeu au maximum, revenir à son point de départ s’avère un peu long. Une vitesse supplémentaire n’aurait pas été du luxe. Heureusement, les graphismes en pixel art sont sublimes et la musique ajoute un petit côté chiptune rétro qui contribue bien à l’ambiance.
Ne me demandez pas pourquoi, je ne saurais pas l’expliquer, mais malgré tout il est très difficile de poser sa console et on continue sans relâche son voyage pour apporter toujours plus de ressources et développer le village des survivants. On se surprend même à repousser la pose de la dernière tuile pour que le boss ne fasse pas son apparition tant que notre personnage n’est pas encore assez fort pour l’affronter. Et c’est là le gros point fort de Loop Hero : passer outre ces quelques défauts pour créer chez le joueur une irrépressible envie d’aller plus loin et de construire encore et toujours plus.
De plus, l’arrivée de deux nouvelles classes de personnages (on commence avec un guerrier mais on peut ensuite débloquer le voleur ou le nécromancien) relance considérablement l’intérêt du titre. Chaque classe possédant des différences notables dans sa façon d’interagir avec le monde lors de ses sorties, il conviendra d’adapter ses choix et sa tactique en fonction. Ainsi, le voleur va garder tous les équipements qu’il va gagner en réserve et les proposer en une seule fois arrivé à la fin du tour. Quant au nécromancien, il invoque des squelettes pour se battre à sa place, et possède une protection magique qui lui évitera de prendre des dégâts pendant un certain temps. L’avancée dans le jeu s’améliore considérablement dès qu’il est disponible, rendant malheureusement les autres classes un peu superflues.
On s’est loopé de peu
J’étais partie avec un a priori assez négatif sur le titre, ayant entendu que la version PC avait une difficulté élevée et un gameplay parfois punitif. Arrivé sur Switch, bonne surprise, Loop Hero a revu sa difficulté à la baisse et permet donc à des débutants, comme moi, de s’y investir sans (trop) s’arracher les cheveux. Une fois lancée, je me suis vu enchaîner les boucles, les allers et retours au camp et l’amélioration de ma tactique de jeu, sans voir le temps passer. Je m’y suis beaucoup amusée, malgré que je ne sois pas cliente de ce genre d’expérience habituellement. En ce sens, c’est une réussite. Cela dit, la frustration de ne pas avoir (encore) découvert toutes les subtilités du gameplay (malgré mes nombreuses heures de jeu) et la répétition des actions à mener tour après tour font que je ne pense pas avoir ni le temps, ni la motivation de relancer une partie au-delà de ce test.
Finalement, dans son style, Loop Hero est une excellente production pour peu que l’on soit un adepte des rogue-likes, de la collecte de ressources et du grind. Le principe de boucle temporelle générée aléatoirement fonctionne bien et lui donne un côté stratégique non négligeable. Pour peu que l’aspect redondant (indissociable de ce type de gameplay) ne vous rebute pas, le titre de Four Quarters vous procurera des heures et des heures d’amusements et aussi (sûrement) quelques belles prises de tête. C’est un jeu qu’il est difficile de décrire tant il est riche en subtilités, qu’elles plaisent ou pas, et finalement le mieux pour se faire un avis c’est encore d’y jouer. Alors à vos manettes !
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Un concept prenant drapé de graphismes plaisants.
Construire les environnements au fur et à mesure des boucles est très satisfaisant.
La version Switch est moins difficile à aborder que la version PC pour les néophytes.
Les différentes classes apportent de la diversité et leurs caractéristiques permettent de renouveler les stratégies.
Les points négatifs
Un jeu qui reste très exigeant, à réserver aux plus patients d’entre vous.
Les actions sont hyper répétitives, du moins avant d’atteindre un certain niveau.
Le tutoriel, trop basique, omet certaines mécaniques de gameplay parfois importantes pour la progression.