C’est le 18 juin dernier, lors d’un live Twitch, que l’éditeur Doki Doki a annoncé la publication de deux nouvelles séries : Mushoku Tensei – L’épée d’Eris et La Romancière et le Mercenaire. C’est cette dernière qui nous intéresse puisque nous avons reçu le premier tome du manga pour en faire la critique. Dans cette histoire courte, complète en trois volumes, dont le premier épisode est disponible en librairie depuis le 21 août 2024,nous allons suivre une romancière célèbre qui engage un mercenaire pour l’accompagner dans un lieu maudit duquel peu ont rechapé. Pour lui comme pour elle, la mission va s’avérer à haut risque et on a suivi leur itinéraire avec intérêt.
Cette critique a été réalisée avec un exemplaire fourni par l’Éditeur.
Sword Art Deadline
Une romancière en quête d’inspiration part explorer la noirceur d’un monde oublié…
À une époque de croissance rapide, marquée par les villes ensevelies sous la fumée des locomotives à vapeur après l’achèvement du chemin de fer transcontinental, le métier de mercenaire est devenu obsolète. C’est alors que Sword, un ancien mercenaire au chômage qui a du mal à joindre les deux bouts, reçoit une offre d’emploi de Valderon, une célèbre romancière. Sa mission consiste à l’escorter jusqu’à une chaîne de montagnes maudite non répertoriée sur les cartes. Mais leur voyage les entraînera très vite dans les machinations de l’État et de l’Église. Voici le 1er volume d’une histoire qui met en scène une épée en fer et une machine à écrire.
Doki Doki
La Romancière et le Mercenaire tome 1 commence avec Sword, un jeune mercenaire s’étant pris de plein fouet la crise qui touche sa corporation. Entre le développement du chemin de fer, qui rend les voyages plus sûrs, et l’ordre de l’Eglise de dissoudre toutes les guildes, le métier de mercenaire est désormais voué à l’extinction. En pleine remise en question professionnelle, le jeune homme envisage à contrecœur de passer un examen afin de rejoindre l’Ordre des Chevaliers Cléricaux. En quête de manuels pour se préparer à l’examen, Sword se rend dans une librairie où il rencontre une femme désireuse de se rendre dans les montagnes Maleficio.
Mais ce lieu, dont il n’existe aucune carte, est un repaire de monstres tous plus redoutables les uns que les autres. Devant la dangerosité de ce projet, le mercenaire tente de l’en dissuader, mais ne réussit qu’à provoquer sa colère. C’est à ce moment que la valise de l’inconnue est volée sous leurs yeux ébahis. S’élançant à la poursuite du voleur, Sword arrive à récupérer la valise qui tombe dans l’eau, ce qui rend sa propriétaire d’autant plus furieuse. Après cette fâcheuse mésaventure, Gold un ancien collègue, propose à Sword un contrat d’escorte.
Désireux de reprendre du service, le mercenaire accepte. Mais il se trouve que la cliente n’est autre que l’inconnue de la librairie qui s’avère être la célèbre romancière Valderon Forester. Afin d’écrire son prochain roman, cette dernière souhaite se lancer dans l’exploration des montagnes Maleficio, intriguée par le récit d’un des rares survivants ayant réussi à en revenir. Cependant, elle n’est pas la seule à s’intéresser au témoignage de l’homme et l’Église semble également sur la piste de cette étrange ville déserte perdue dans les montagnes et protégée par un monstre humanoïde et immortel…
Lisez un extrait de La Romancière et le Mercenaire – Tome 1 ici !
Le romancier et le dessinateur
La Romancière et le Mercenaire est en réalité une adaptation d’un light novel écrit par Asovu Minami, dont c’est apparemment la première œuvre, et illustré par Takolegs. Cette minisérie en trois tomes parut entre 2021 et 2023 au Japon, dans le magazine de Square Enix Shônen Gangan, sous le titre Yôhei to Shôsetsuka, est dessinée par Nachiyo Murayama qui reprend à sa façon les personnages créés par Takolegs.
La mangaka est déjà connue dans nos contrées pour son travail de dessinateur sur Le Dévoreur de Souvenirs, paru aux éditions Delcourt/Tonkam (Le Secret de la Souris) dans leur collection Moonlight (Heart Program), qu’il signe avec Kyoya Origami au scénario. On en apprend d’ailleurs un peu plus sur ce trio dans une interview incluse dans le magazine gratuit de l’éditeur, le Doki-Doki Mag N°3. Ainsi, l’auteur cite comme principales inspirations Edgar Allan Poe, Mary Shelley, Robert Louis Stevenson, Arthur Conan Doyle ou encore William Morris, dont on retrouve le goût pour le fantastique, le mystère et une certaine noirceur dans les propos.
Bien que l’intrigue ne soit pas encore véritablement lancée, on ressent les prémices d’une aventure qui risque de nous surprendre par ses développements. De plus, le graphisme de Nachiyo Murayama qui conjugue dessins maîtrisés et planches fouillées, se prête parfaitement pour retranscrire la plume d’Asovu Minami. Pour enfoncer le clou, le papier assez épais de l’édition française est un vrai plaisir sous les doigts, ce qui a une période où l’industrie du papier est en crise est un vrai plus pour le lecteur.
La cité sans nom de la montagne hallucinée
Je viens de remarquer quelque chose, souvent les mangas que je découvre et qui sont adaptés de romans ou de light novel, comme Les Récits d’Obana – Artisan de l’étrange ou encore Bungô Stray Dogs : BEAST ont le don de m’accrocher systématiquement. C’est peut-être une coïncidence, mais il semblerait que ce ne soit pas La Romancière et le Mercenaire tome 1 qui fasse exception à la règle. En même temps, avec son décor Steampunk, son héroïne romancière et l’ambiance légèrement horrifique que n’aurait pas reniée Mary Shelley ou Edgar Allan Poe, il y avait là tous les ingrédients pour me plaire.
Bien entendu, je me suis immédiatement identifiée au personnage de Valderon, dont je partage les valeurs ainsi que la façon de penser. J’aime beaucoup sa vision de la vie et sa relation à ses histoires qui sont autant une manière de donner du bonheur et de l’espoir aux gens, que de dénoncer certaines dérives de la société dans laquelle elle évolue. On ressent qu’elle est une projection d’Asovu Minami, qui explique dans l’interview citée au paragraphe précédent avoir mis beaucoup de sa manière de penser dans miss Forester. Quand on sait que la lecture, lui a permis de sortir d’une grosse période de dépression à l’adolescence et qu’il écrit désormais pour tenter d’apporter le même réconfort aux autres, l’histoire prend alors une nouvelle dimension.
Dans le même ordre d’idée, les implications géopolitiques de l’interdiction des groupes de mercenaires, ainsi que la censure que pratique l’Église, donne une profondeur bienvenue à l’ensemble qui aurait juste pu se contenter d’être une aventure empreint de fantastique et se révèle pour le coup bien plus que ça. Si j’ai beaucoup d’atomes crochus avec la romancière, il est indéniable qu’on s’attache aussi facilement à son partenaire, dont on nous laisse entrevoir un passé tragique qui n’attend que d’être révélé, tout comme les autres mystères des monts Maleficio. C’est donc dans l’attente de la suite du périple de nos deux héros que nous laisse ce tome 1 de La Romancière et le Mercenaire, et j’espère vivement que le prochain volume ne se fera pas trop attendre.
C’est une excellente entrée en matière qui nous est proposée avec La Romancière et le Mercenaire tome 1. On y découvre un monde steampunk, où l’invention du chemin de fer a rendu obsolète l’utilisation de mercenaires pour les longs voyages, ce qui a causé la ruine soudaine de ce métier et de ceux le pratiquant. Combinant le dessin précis de Nachiyo Murayama et la plume aiguisée d’Asovu Minami, qui met beaucoup de lui dans le personnage et les propos de Valderon, La Romancière et le Mercenaire tome 1 est intrigant et on brûle de voir nos héros arriver enfin dans les contrées de la montagne Maleficio. Mais pour cela, il faudra attendre la sortie du volume 2 encore non datée à ce jour.