16 ans après Devil Summoner : Soul Hackers, Atlus a décidé de donner une suite directe à ce titre jamais sorti de l’archipel nippon. Autre branche du baobab Shin Megami Tensei (SMT), Soul Hackers 2 arrive donc en occident pour la première fois, si l’on excepte le portage 3DS relativement solide de Soul Hackers premier du nom. Avec toujours le studio Atlus aux manettes, sa direction graphique que nous avons pu découvrir lors des différentes vidéos trailer et sa musique punchy en diable, il avait de quoi nous faire saliver en attendant sa date de sortie fixée au 24 août 2022 sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series. Puis la date fatidique est arrivée et nous avons allumé la PS5 pour faire ce test…
Piratage mi-Figue Milady
Dans un futur lointain, Aion, une entité informatique énigmatique qui surveille les actions humaines sans interférer et capable de déterminer l’avenir sans aucune erreur, est obligée de créer deux êtres humains issus de ses données : Ringo et Figue. Ceci afin de contrer la fin du monde qu’il sait imminente. Leur mission est de protéger Arrow et un scientifique dont la mort serait le point de départ de l’apocalypse. Malheureusement pour elles, elles arrivent trop tard et ne peuvent que constater le décès de ceux qu’elles étaient censées sauver. C’est alors que Ringo décide de faire appel à une de ses capacités, dangereuse mais au ô combien pratique : pirater l’âme d’Arrow afin de le ramener à la vie.
Aussitôt dit, aussitôt fait, et c’est un Arrow en pleine possession de ses moyens qui explique à Ringo qu’il est un invocateur de démons et également un agent double de Yatagarasu ayant infiltré la Société Fantôme, deux factions importantes en constant combat car aux idéaux opposés (Fantôme rêvant de réduire le monde à néant). Il lui explique qu’il a été découvert alors qu’il tentait de protéger Milady, une autre invocatrice de démons, et que c’est cela qui a signé son arrêt de mort. N’ayant strictement aucune idée du rapport entre le trépas d’Arrow et la fin des temps, la petite équipe nouvellement constituée décide de remonter la piste jusqu’à la jeune femme.
Privé de ses pouvoirs qui sont passés à Ringo lors du piratage d’âme, Arrow n’a pas d’autre choix que de suivre l’humanoïde indispensable à l’utilisation de ses compétences d’invocateur. Encore pris de vitesse par leurs ennemis, les deux acolytes, rejoints par Figue, trouvent le corps de Milady, duquel s’échappe un étrange filament doré qui va trouver refuge dans le corps de Figue. Un petit piratage plus tard, c’est une Milady bien vivante qui explique avoir été abattue par ses propres collègues pour s’approprier le “covenant” qu’elle abritait. Que sont donc ces covenants ? Comment empêcher la destruction du monde ? Quels sont les vrais buts de la Société Fantôme et de Yatagarasu ? Quel est le lien entre tous ces éléments ? C’est ce que Ringo et Figue vont devoir découvrir avant qu’il ne soit trop tard…
Ringo Star and the Hacked
Comme je l’ai déjà évoqué en introduction, Soul Hackers 2 est l’un des nombreux descendants de la généalogie Shin Megami Tensei, tout comme les Persona. Toutefois, comme son nom ne l’indique pas, ce n’est pas vraiment le deuxième épisode puisque le premier opus nommé Devil Summoner : Soul Hackers (sorti en 1997 sur Saturn et en 1999 sur Playstation) est en fait le cinquième épisode de la série des Devil Summoner, commencée en 1995 sur Saturn. En bref, Soul Hackers 2 est la suite d’un seul épisode d’une série de spin-off à SMT, ce qui implique que l’ADN de la licence sera omniprésent dans le titre. Une bonne nouvelle ? Tout dépend… En effet, lorsque l’on lie un jeu avec une licence aussi iconique et comprenant des jeux aussi excellents que Persona 5 ou Lucifer’s Call, on est limite obligé de rester sur un tel niveau de production.
Or, si les similitudes sont fatalement légions, les différences ont de quoi surprendre. Sur Soul Hackers 2, exit les balades dans des zones connectées les unes aux autres pour aller d’un point A à un point B. Non, ici tous les lieux disponibles sont notés sur une carte et on sélectionne dans une liste l’endroit où l’on désire se rendre, occasionnant par là même des temps de chargement assez conséquents, même sur PS5. Et comme il n’y a pas moyen de couper court au passage sur la carte pour se rendre d’un lieu à l’autre… vous n’avez pas fini de ronger votre frein.
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Encéphalo-game plat
Pour les joueurs habitués aux autres titres de l’éditeur, vous devriez vous y retrouver assez aisément tant Soul Hackers 2 reprend toutes les mécaniques de gameplay qui ont fait les beaux jours de la saga SMT. Ainsi, Soul Hackers 2 est sans surprise un RPG avec des combats au tour par tour, où toute la stratégie réside ici en la découverte et l’exploitation des points faibles des ennemis. À chaque fois qu’un de vos avatars lancera une attaque sur un adversaire pour laquelle il possède une faiblesse, votre démon restera suspendu en l’air derrière les ennemis et, avant chaque fin de votre tour, Ringo invoquera tous vos alliés restés en suspend pour lancer une ultime attaque collective. Autant vous dire que suivant le nombre de démons et leur puissance, celle-ci pourra faire un carnage dans le clan adverse.
Pour le reste, rien de très novateur puisque le bestiaire qui nous est proposé est le même que dans les autres opus de la franchise SMT. On retrouve tous les magasins habituels d’items, d’amélioration d’armes et de fusion de démons pour se préparer aux divers donjons qu’il va falloir explorer en long en large et en travers. À ce propos, les diverses boutiques du jeu, hautes en couleurs, sont des exemples de splendeur graphique comparés aux donjons ternes, labyrinthiques et inintéressants où le joueur passera le plus clair de son temps. En guise de comparaison, ces niveaux m’ont beaucoup rappelé le métaverse de Persona 5. Mais si là ils ne servaient qu’à engranger de l’expérience, dans Soul Hackers 2 ce sont de (longs) passages obligés. Bien sûr, comme dans tout Shin Megami Tensei qui se respecte, il est également possible d’augmenter les niveaux d’entente entre vos personnages.
Cela vous donnera accès à un donjon spécial situé dans la psyché de vos compagnons, vous permettant par là même d’en apprendre plus sur eux, leurs motivations ou ce qui les a conduit à se faire éliminer. J’ai trouvé cette idée de départ excellente, mais la somme de détours et d’aller-retours à faire pour dénicher un pauvre petit bout de souvenir tient du sacerdoce. De plus, le fait de développer les relations entre son équipe n’est pas un aspect vraiment fouillé dans le jeu et reste, au-delà de débloquer de nouvelles zones dans la tête des protagonistes, totalement optionnel. Il est à noter que lors de l’apparition des monstres, si vous les frappez, vous les enverrez valser plus loin. Libre à vous de vous ruer sur eux ensuite pour engager le combat ou d’en profiter pour les éviter.
Au vu de la longueur des combats et du nombre d’adversaires apparaissant dans les niveaux (les ennemis normaux sont en rouges, les plus puissants sont en noir et les dorés tenteront de s’échapper mais promettent une récompense faramineuse si battus), on est souvent tenté d’utiliser l’esquive pour progresser. Mais il faut bien reconnaître que très vite on est rattrapé par la différence de niveaux entre les héros et les ennemis.
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Arrow sur le baudet
Habituellement, je suis très cliente de ce que sort Atlus et j’attendais énormément de ce Soul hackers 2, n’ayant jamais pu toucher au premier du nom. Je partais donc sans aucun a priori et je dois bien avouer qu’au-delà de son esthétique superbe qui m’a beaucoup plu, je me suis très vite ennuyée manette en main. L’histoire met énormément de temps à s’installer, l’intrigue est assez convenue et l’on passe son temps dans de longs couloirs à éviter ou à combattre de très nombreux ennemis. À cause de cela, le titre devient très vite redondant et j’ai dû batailler plus d’une fois afin de continuer ma partie, même si j’aime beaucoup les héros. Leur background est intéressant, mais développé au compte-goutte, il ne m’a pas aidé à me passionner pour l’intrigue.
Heureusement, les mécaniques de gameplay qui ont déjà fait leurs preuves sont toujours aussi plaisantes et retrouver le bestiaire commun à toutes les productions Shin Megami Tensei, ainsi que les très bonnes musiques de MONACA, sauvent un peu la production. Sans parler de sa direction artistique magnifique, qui m’attire toujours autant. Avec un rythme très lent et des combats souvent longs, j’avoue avoir abusé du fait de pouvoir éviter les ennemis (ou de la fuite dans certains cas) pour essayer d’avancer un peu plus rapidement dans l’histoire. C’est une stratégie qui s’est avérée peu payante puisque, très vite, je me suis retrouvée avec une différence de niveau trop conséquente entre mon équipe d’invocateurs et les méchants d’en face. Il a donc fallu que je me résolve (et ce ne fut pas de gaieté de cœur croyez-moi) à passer un long moment à rattraper le niveau de mes avatars.
En ce qui me concerne, je préfère relancer une partie de Persona 5 que de reprendre Soul Hackers 2, qui en l’état n’est pas mauvais, mais comme la comparaison est fatale avec les autres ramifications de la série Shin Megami Tensei, le rapprochement le dessert grandement. Soul Hackers 2 manque d’un ou deux concepts forts et il aurait peut-être été intéressant de le doter d’une identité différente, quitte à couper avec la série originale. En tout état de cause, je ne suis même pas sûre que les aficionados du premier épisode y trouveront leur compte. Une belle promesse mais qui ne réussit jamais à tirer son épingle du jeu ou à sortir de l’ombre de ces illustres aînés.
Avec un habillage alléchant, Soul Hackers 2 avait fait forte impression lors de son annonce. Pourtant, avec son intrigue qui peine à décoller et ses donjons successifs qui tournent en rond, il ne deviendra pas encore un grand nom du studio. Pour les habitués des productions Atlus, c’est à tester au moins une fois. Et pour ceux qui souhaitent découvrir le travail du studio, je vous conseillerais plutôt de vous orienter vers Persona 5, un autre spin-off mais autrement plus réussi.
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Le plaisir de retrouver le bestiaire des Shin Megami Tensei / Persona.
Le parti pris graphique est intéressant et attrayant et donne des personnages assez charismatiques.
Les mécaniques de gameplay éprouvées qui marchent toujours et la bonne idée de devoir exploiter les faiblesses des ennemis.
Les points négatifs
Des donjons rebutants et interminables entrecoupés de tunnels de dialogues qui ne le sont pas moins.
Un jeu somme toute très redondant.
Nous n’atteignons jamais la finesse d’écriture ou la profondeur de gameplay d’un Persona ou d’un Shin Megami Tensei.
Beaucoup (trop !) de temps de chargement.