Neeting Life est une toute nouvelle série publiée sous la collection seinen de Ki-oon. Cette série, écrite par Tetsuya Tsutsui, se concentre sur un homme décidé à devenir un NEET. L’histoire tourne donc autour de sa vie en tant que tel, dans une période de confinement au temps de pandémie.
Cette critique a été réalisée avec un exemplaire fourni par l’Éditeur.
Résumé de Neeting Life
En pleine pandémie, les Japonais sont invités à rester confinés. Pour beaucoup, c’est une épreuve difficile, mais pour Kentaro Komori, modeste employé d’une petite entreprise, c’est l’occasion rêvée de réaliser un plan de longue date : passer le reste de sa vie sans sortir de chez lui ! Pour prendre sa retraite anticipée et se retirer du monde, il a économisé et établi un plan au yen près… Après 20 ans de travail comme représentant commercial, Kentaro est épuisé et ne se voit plus que comme un simple rouage d’un système sans pitié. Au fond, ne serait-il pas plus heureux seul à la maison, en vrai NEET, sans emploi, études, ni formation, et surtout sans comptes à rendre à quiconque ?
Il transforme un studio sans voisinage en cocon ultime : au milieu de la pièce trône une tente avec son sac de couchage, son ordinateur et son radiateur. Kentaro peut enfin lire, regarder des films ou écouter de la musique à volonté ! Mieux, il invente un véritable art de vivre, avec un calcul précis des lessives nécessaires, la préparation de la playlist idéale, l’aménagement d’un coin livraison accessible depuis sa fenêtre… Le voilà calé pour au moins deux décennies de tranquillité ! C’est du moins ce qu’il s’imagine, jusqu’à ce qu’un inconnu tente de s’introduire chez lui…
Dans la vie d’un NEET
Le protagoniste de Neeting Life, Kentaro Komori, ne rêve que d’une seule chose… Devenir un véritable NEET. Mais c’est quoi, un NEET ? Le terme, est une abréviation de « Not in Education, Employment or Training », et touche simplement toute personne n’étant ni employée, ni scolarisée, ni en pleine formation.
Contrairement à des hikikomori, les NEET ne sont pas spécifiquement des introvertis, ou des reclus qui ne sortent pas de chez eux. Les NEET peuvent avoir une vie sociale, une volonté de se sortir de cette situation… Les hikikomori sont généralement baignés dans l’anxiété, effrayés de retourner dans la vie active.
On observe de plus en plus de jeunes devenir des NEET. Selon le site du gouvernement, en France, on recensait plus de 963 000 jeunes NEET en 2018. La pandémie liée au Covid 19 n’a malheureusement pas aidé les choses, et c’est une des raisons qui a poussé notre protagoniste Kentaro à se lancer dans cette « voie ».
Tout pour ne pas sortir de chez lui
Pour autant, Kentaro profite de cette nouvelle vie de NEET pour n’avoir aucun contact avec le monde extérieur… Et limiter au maximum les interactions sociales. Cela s’explique notamment par les dizaines d’années de travail acharné dans son ancienne entreprise, et de toutes les règles liées à la vie professionnelle qui lui en donnaient des cauchemars… Au Japon, il n’est pas rare de devoir vouer sa vie entière à son travail, et même si beaucoup sont conditionnés pour cela, cela ne les rend pas moins anxieux ou angoissés à l’idée de retourner au travail, jour après jour.
Avec assez d’argent de côté et un plan détaillé de A à Z, Kentaro saute sur cette opportunité liée au confinement et la pandémie pour prendre sa retraite un peu plus tôt que prévu… et se libérer, enfin, des griffes de l’emploi au Japon. Jusqu’à quand ? Jusqu’à ce que son compte en banque soit vide, ou jusqu’à ce qu’une catastrophe arrive, et qu’il n’ait plus d’autres choix que de se donner la mort pour y échapper. Le plus important désormais, c’est qu’il ne souffrira plus de son sort, et qu’il a toutes les clés en main pour se remettre du burn-out dans lequel il s’engouffrait depuis trop longtemps.
Son appartement est agencé de sorte à ce qu’il n’attrape jamais froid, à ce qu’il soit assez distrait et enjoué pour passer chacune de ses journées dans sa tente et son sac de couchage. Les courses ? Il les fait uniquement livrer chez lui, via un système qui lui permet de les récupérer depuis la fenêtre de sa cuisine… Oui, sa vie n’a peut-être rien d’un luxe, et il se restreint autant que possible pour ne pas utiliser d’argent inutilement. Mais ce mode de vie, il en rêve depuis toujours. Et c’est ce qui le rend enfin heureux, alors il ne le changerait pour rien au monde.
Rien ne se passe comme prévu
Il est vrai que le plan de Kentaro aurait pu fonctionner durant de longues années… Malheureusement, tout n’est pas sous son contrôle. Son antre de paradis se fait aussitôt prendre d’assaut par des forces extérieures.
D’une part, une nouvelle voisine emménage à côté de chez lui. Il avait pourtant choisi son appartement en fonction du bâtiment qui ne possédait pas énormément de locataires… Ce fut donc une grande surprise de constater qu’il n’était désormais plus seul occupant de son étage. Et cette voisine, elle hurle beaucoup. Il comprend rapidement qu’elle est en train de streamer un jeu qu’il apprécie : Waste World. Ni d’une, ni de deux, il devient un viewer sur sa chaîne de streaming et lui offre de l’argent pour qu’elle puisse s’offrir de meilleurs outils pour streamer… Et faire moins de bruit, surtout. De l’argent en moins pour Kentaro, ce n’était absolument pas prévu. Mais cette rencontre va les aider malgré tout à surmonter la crise de l’épidémie… Puisque discuter, et jouer ensemble, est un excellent moyen de lier des amitiés.
D’autre part, l’argent de Kentaro prend un nouveau coup lorsqu’il découvre qu’une personne cherche à s’introduire chez lui… Il met alors tout à disposition pour vivre en sécurité, en se munissant de caméras, ou de nouveaux verrous. Mais cela ne dissuade pas l’intru pour autant. Petit à petit, nous sentons qu’il se rapproche de son but : celui de trouver le moyen de pénétrer le cocon de Kentaro. Pour quelles raisons ? Nous ne le savons pas encore, mais cela représente un certain danger pour notre protagoniste.
Mon avis sur Neeting Life
Neeting Life est un manga intéressant pour découvrir et comprendre la vie d’un NEET. Même si la vie illustrée dans le cas présent est un tantinet excessive. Kentaro souffrait de son quotidien, et cela lui permet de retrouver un peu de contrôle, de sécurité concernant sa santé et son bonheur. Il est devenu NEET car il en avait envie, voire même, qu’il en ressentait le besoin. Il ne l’est cependant pas devenu sans bagage… C’est bien parce qu’il a assez de côté pour survivre qu’il peut se le permettre… C’est assez courageux de sa part, au final, et même admirable. Il peut enfin se concentrer sur lui-même, sur sa santé mentale, et participer à toutes les activités pour lesquelles il n’avait aucun temps libre lorsqu’il était encore salarié.
Ce qui est d’autant plus intriguant, c’est qu’il a beau avoir un programme en béton, il n’a finalement aucun contrôle sur ce qui peut arriver en dehors de chez lui. Rien que le fait d’avoir une voisine bruyante est suffisant pour l’empêcher de dormir et casser son rythme de sommeil… Et hors de question pour lui de mal se reposer. Nous allons voir dans les prochains tomes, comment il compte se débrouiller pour faire face à ces obstacles. Notamment celui de l’inconnu… Qui, jusqu’à preuve du contraire, n’a encore jamais démontré s’il souhaitait faire du mal ou non à Kentaro.
Neeting Life traite d’un sujet qui touche de plus en plus de monde, notamment les jeunes, qui ont du mal à trouver un environnement sain ou motivant pour avancer dans la vie professionnelle. Mais comme nous le voyons dans ce manga, cela peut aussi toucher les plus « vieux », qui sont meurtris ou touchés par les complications dues au travail, les exigences des patrons, la pression… Le NEET est, dans ce cas, une occasion de se recentrer sur soi-même, de se reprendre en main pour ne pas tomber dans le burn-out, ou pire, comme il arrive couramment au Japon, d’en mourir. Kentaro pourra-t-il mener sa vie de NEET comme il l’entend ? Ou devra-t-il continuer à faire face à des obstacles, mettant en péril la vie dont il avait rêvé ? Rendez-vous dans le prochain tome pour le découvrir !