Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City

Il y a de cela 25 ans arrivait sur PlayStation une saga qui allait révolutionner le genre des « horror games » et même donner naissance à un sous-genre à part entière : le « survival horror ». Ce jeu, c’est bien sûr Resident Evil. Fort du succès de la franchise, une adaptation cinématographique est lancée au début des années 2000 par Paul W. S. Anderson. Ce ne sont pas moins de 6 films, qui n’ont de Resident Evil que le nom, qui sortiront entre 2002 et 2016. Suite à cet affront, pourtant très lucratif pour Hollywood, les amoureux des S.T.A.R.S. avaient fait leur deuil d’une adaptation convenable de leur licence préférée au cinéma. C’est alors qu’arriva Johannes Roberts, dont le but annoncé était de réaliser un long-métrage plus fidèle à son modèle original. De quoi créer un réel espoir chez les aficionados de la première heure, et pourtant…

Affiche du film « Resident Evil : Bienvenue à Raccon City »

Synopsis

Septembre 1998. Raccoon City, siège du géant pharmaceutique Umbrella, est une ville morte. La multinationale s’est délocalisée et seuls les habitants trop pauvres pour la quitter y vivent encore. C’est à ce moment précis que Claire Redfield décide de revenir dans la ville où elle a été élevée dans un orphelinat avec son frère Chris. Ayant été alertée sur une mystérieuse contamination des habitants par Umbrella, Claire est bien décidée à retrouver son frère et à mener l’enquête.

Malheureusement, la nuit de son arrivée en ville, tout s’accélère et les survivants de l’épidémie n’auront qu’une nuit pour échapper à la terrible machination orchestrée par la firme. Évidemment, l’histoire du film n’est pas une retranscription exacte de celle des jeux, le réalisateur ayant pris le parti de condenser les événements de Resident Evil 1, 2 et 3 (en grande majorité) en une seule nuit alors que dans la timeline originale de ceux-ci se déroulent sur plusieurs mois. De même, certains événements fondateurs comme le passé de Claire et Chris s’en trouvent modifiés. Un choix qui n’aurait pas posé de problème si la personnalité de certains protagonistes et même leurs motivations n’avaient pas été elles aussi remaniées.

Monstre emblématique du jeu le « zombie »

La genèse du film

Grand adepte du cinéma de John Carpenter et des deux The Last of Us, Johannes Roberts aime les techniques de cinéma à l’ancienne et cela se voit dans son œuvre. De l’aveu même du réalisateur, il n’est pas un joueur de Resident Evil de la première heure, même s’il a grandi avec la franchise en toile de fond. Quand, après la sortie du sixième opus avec Milla Jovovich, les producteurs se demandent quel tournant ils vont faire prendre à la série, ils décident de faire confiance à Roberts. Si ce dernier était excité de travailler sur le projet, il avait également conscience de la pression représentée par l’attente des joueurs. C’est pendant la pré-production de Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City que Capcom a sorti RE2 Remake, auquel l’équipe, et surtout Johannes Roberts, a pu jouer. Ce fut une révélation pour lui. Il avait trouvé la direction et l’atmosphère qu’il souhaitait donner à sa création ainsi que l’envie de revenir aux sources du mythe avec ces angles de caméra pré-calculés. Il insistera d’ailleurs en interview sur le fait d’avoir voulu donner un sens à chaque mouvement de caméra.

La saga vidéoludique VS le film

Comme je le disais plus tôt, il existe de grosses différences entre les jeux et cette adaptation. Sans parler de l’histoire, que nous avons déjà évoquée, avec l’absence d’Umbrella qui a abandonné la ville bien avant le début des événements ou l’histoire commune entre William Birkin et les Redfield. Certains personnages bien connus sont caricaturaux à outrance quand ils ne sont pas totalement absents. Ainsi, n’espérez pas retrouver ce cher Barry ou Rebecca perdus au détour d’un couloir. Non, ils ne font pas partie du casting, Barry ayant été remplacé par Richard Aiken (initialement membre de l’équipe Bravo des S.T.A.R.S). On se retrouve également avec une Jill dépeinte comme une folle de la gachette qui tire sur tout ce qui bouge, un Wesker complètement à l’ouest (ignorant en grande partie ce qui se passe) et qui subit les événements pendant toute la durée du film. Et ne parlons pas de Leon qui passe de bleusaille efficace dans les jeux à un débutant sujet à moqueries, adepte de la bouteille, constamment en train de dormir quand il n’est pas d’une maladresse qui frise le ridicule. La caution humoristique du scénario, certes, mais un blasphème pour les adorateurs du personnage. Cela dit, tous les protagonistes n’ont pas subi le même traitement. Claire et Chris sont assez fidèles, l’interprétation des acteurs étant assez convaincante pour qu’ils relèvent le niveau. Toutefois, s’il existe des différences, la série vidéoludique n’est pas occultée et se trouve citée tout du long sous la forme de références. Il est amusant de traquer tous ces petits clins d’œil à destination des connaisseurs, comme l’évocation des jumeaux Ashford par exemple lors d’une scène savoureuse. Les décors, également, ont été reproduits de façon très fidèle, grâce aux plans des lieux fournis à l’équipe par Capcom. C’est donc avec un frisson de plaisir que nous parcourons le manoir ou le commissariat en même temps que les acteurs. Ici, la minutie est dans les petits détails, ce qui rend le reste d’autant plus frustrant.

Les « S.T.A.R.S. » dans le « manoir Spencer »

Mon avis

Au final, ce reboot cinématographique reste un très bon divertissement, drapé d’une ambiance oppressante et d’une musique efficace. Le sentiment de peur est bien là (surtout si comme moi vous êtes très sensibles aux « jump scares »). On retrouve avec plaisir le bestiaire de la saga : le Cerberus et le Lickers sont les plus beaux jamais vus dans une adaptation live jusqu’à présent, et on se laisse emporter par l’action efficace et menée tambour battant. Pour autant, connaissant bien la série, il est difficile de pardonner les approximations et certaines ré-interprétations du scénario (comme avec le personnage de Lisa Trevor). Surtout, la réécriture du personnage de Leon est pour moi rédhibitoire. Malgré tout, c’est cette connaissance des jeux qui permettra au spectateur de déceler un grand nombre de détails visant à contenter les fans et qui m’ont beaucoup plu car bien choisis et amenés de façon subtile.

« Leon S. Kennedy » et « Claire Redfield » enquêtent sur « Umbrella »

Pour conclure…

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City se pose comme un bon film de série B où la sincérité du réalisateur envers le matériel original se ressent très souvent et fait parfois mouche. Malgré tout, les défauts évoqués plus haut risquent fort de ne pas faire l’unanimité au sein de la communauté des adorateurs de zombies. Définitivement un rendez-vous manqué en ce qui me concerne.

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