Blacktail

Publié par Focus Entertainment, Blacktail est le premier jeu du studio polonais The Parasight. Sorti exclusivement sur consoles next-gen et PC, le jeu reprend le mythe de la Baba Yaga dans un jeu d’aventure en vue à la première personne. Le féérique y rencontre très vite le cauchemardesque…

Plongées dans la peau de Yaga, une jeune paria de 16 ans, Blacktail nous propose une intrigue de conte pour enfants revisitée. Tantôt onirique et enchanté, le jeu a également ses moments sombres, à la limite de l’angoissant. On se laisse très vite séduire par le mystère ambiant qui plane tout le long de l’intrigue. Pourquoi notre héroïne se cache derrière un masque ? Qui est cette terrifiante Baba qu’on nous présente comme un fléau ? Et qui est cette mystérieuse voix qui semble habiter le corps de Yaga ?

Derrière le masque

Blacktail est un jeu d’aventure axé survie, en vue à la première personne. Yaga part à la recherche de quatre enfants disparus, dont sa propre sœur. Seuls son arc et son gantelet magique l’aideront dans sa quête. Elle devra récupérer nourriture et ressources dans son environnement. Chasse, pêche, cueillette : toute trouvaille sera utile ! Entre craft de consommables et compétences à débloquer, on remerciera le délai de respawn des ressources très généreux.

La Nature n’est cependant pas seulement généreuse dans Blacktail, elle peut aussi montrer les crocs. Gnolls, araignées venimeuses, et champignons magiques se mettront régulièrement en travers du chemin de Yaga. En difficulté normale, le jeu ne fait pas de cadeau. Je suis morte un certain nombre de fois, même sur des rencontres simples. Et en cas de game over, retour au dernier checkpoint… Checkpoints qui doivent s’activer manuellement avec des fleurs, une ressource consommable !

En marge de la magie qui peut repousser les ennemis et déclencher des tirs spéciaux, l’arc est la star de Blacktail. Trois types de flèches différents permettent de varier un peu le gameplay. Flèches de miel pour ralentir les ennemis, flèches de cristal pour des dégâts magiques… Les carquois de Yaga sont relativement limités, nécessitant souvent de craft de nouvelles munitions en plein combat. Yaga peut également faire appel à un balais magique, qui distrait les ennemis.

Malheureusement, la variété d’ennemis est assez limitée, on fait vite le tour du bestiaire de Blacktail. Le jeu propose également peu de boss, avec une abondance de mini-boss champignons géants. Intéressants au début, ils deviennent vite redondants, et leurs trésors sont rarement nécessaires pour progresser efficacement dans le jeu.

Un monde de dualités

Blacktail commence sur les chapeaux de roues, avec notre protagoniste complètement déboussolée et contrainte de faire un choix. Lumière ou ténèbres ? Ce choix, pas anodin, ne nous bloque heureusement pas sur un chemin moral particulier. Il amorce juste un système de décisions morales, omniprésent dans le jeu. On pourra ainsi choisir si notre Yaga agit pour le bien de son environnement ou si elle l’exploite cruellement. Certains personnages réagiront également différemment à Yaga selon son choix d’origine, mais aucune quête n’est bloquée d’office.

Faire pencher la balance morale suffisamment loin dans le clair ou l’obscur conférera certains avantages à Yaga. Sa magie sera par exemple vampirique si elle a une tendance cruelle, et les ennemis laisseront des orbes de vie en mourant. Une Yaga bienveillante sera en harmonie avec son environnement et récupérera ainsi plus de matériaux de collecte. De plus, pour certaines interactions avec les personnages du jeu, un niveau de moralité avancé est parfois requis.

Je regrette un peu que ce niveau de moralité n’ait finalement pas plus d’impact sur la fin du jeu. À part le type de magie qui change en fonction de notre alignement, Blacktail ne dispose que d’une seule fin, indépendante de nos choix. Un peu dommage. En revanche, j’ai bien aimé que chaque acte du jeu propose plusieurs manières de les finir. Cueillir une fleur légendaire et priver les plantes locales de leur intelligence, ou la laisser tranquille au détriment d’un personnage mourant ? De quoi varier les plaisirs en Nouvelle partie +.

Au cœur d’un conte pour enfants

Blacktail présente une direction artistique unique qui sait se démarquer. Le design des champignons et des différents personnages a un côté dérangeant mais onirique. Certains décors du jeu, divisé en quatre zones à thème des quatre saisons, sont franchement beaux. Un cycle jour / nuit relativement long intervient également, transformant radicalement certains panoramas. Ce qui était une forêt enchantée peut vite devenir des bois inquiétants, regorgeant d’araignées aux yeux globuleux.

Le jeu brille tout particulièrement dès qu’il s’agit de passer complètement dans les environnements angoissants. Surtout lorsque la présence de la légendaire Baba se fait ressentir. Je dois avouer qu’avant de faire le jeu, je n’étais que très peu au courant de la mythologie derrière le personnage. Blacktail a été une excellente occasion d’apprendre quelque chose sur le folklore d’Europe de l’Est, et surtout d’apprendre à la craindre !

Entre apparitions à la limite des jumpscares de Baba et ton général un peu inquiétant, Blacktail est entrecoupé de séquences d’histoire un peu particulières. On y apprend les circonstances des disparitions d’enfants ainsi que leur relation avec Yaga. L’occasion également de jouer Yaga sous la forme de différents animaux : une chèvre, un corbeau, un lapin et même un serpent. Chaque séquence propose un gameplay un peu différent où il faudra souvent s’enfuir ou traverser des plateformes en vue de côté.

Happy end ?

Blacktail est un jeu que j’aurais aimé apprécier davantage. Les références aux différents contes sont intéressantes, les personnages sont attachants, et je me suis investie dans l’intrigue. Cependant, le jeu s’achève sur une note un peu trop ouverte à mon goût. Je n’ai pas l’impression d’avoir eu la réponse à mes questions, ni d’avoir eu les éléments nécessaires pour y réfléchir. L’épilogue est un peu trop avare en détails, et aurait peut-être gagné à être un peu plus explicite. De la même manière, j’aurais beaucoup aimé en savoir davantage sur les phénomènes visuels qui se produisent quand Yaga retire son masque.

Le gameplay de Blacktail est également vite devenu répétitif. Là où j’ai pris le temps d’écumer les deux premières zones, j’ai traversé les deux dernières presque sans me retourner. Le jeu propose du contenu, et j’en ai sûrement raté une petite partie d’ailleurs ! Il y a beaucoup d’objets annexes et de zones à explorer purement pour leurs ressources par exemple. Certaines améliorations de l’arbre de compétences ne se trouvent ainsi qu’en explorant attentivement le monde. Mais une fois de plus, je ne me suis pas sentie suffisamment investie dans le jeu pour y passer plus de temps que nécessaire. J’ai bouclé l’aventure en une dizaine d’heures ; il est sûrement possible d’en tirer le double, en écumant bien la carte. Pour un jeu qui est vendu presque trois fois moins qu’un AAA moderne, on en a tout de même largement pour son argent.

Pour conclure…

Blacktail est une belle première expérience pour The Parasight, qui m’a permis de découvrir le mythe de Baba Yaga. Les choix de direction artistique sont très réussis et j’aurais aimé qu’ils soient encore plus poussés par moments. Un jeu à essayer si vous êtes à la recherche d’un jeu d’aventure dans un cadre original !

La  note  de la  rédaction

3/5

Les notes de la rédaction

Les points positifs

La direction artistique

L’ambiance mystérieuse au début du jeu

L’exploration des quatre « saisons »

Les points négatifs

On reste sur sa faim niveau dénouement

Les choix moraux, finalement anecdotiques

La boucle de gameplay devient vite redondante

Soit trop dur, soit trop facile

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