Après un peu plus de dix jours d’exploitation commerciale, le nouveau titre des australiens de Massive Monster, distribué par Devolver Digital, a déjà atteint le millions d’exemplaires vendus. Un très beau score pour ce jeu indé qui nous enjoint de créer une secte pour glorifier et délivrer un obscur dieu maléfique. Un sacerdoce que nous avons été ravi d’endosser, en bon prélat du test que nous sommes.
Le Seigneur des agneaux
Cult of the Lamb s’ouvre sur un sacrifice, vous êtes le dernier agneau vivant au monde et quatre divinités de la foi en vogue ont décidés arbitrairement de vous ôter la vie afin qu’un dieu démoniaque, qu’ils ont autrefois emprisonnés, ne puisse pas revenir piétiner leurs plates-bandes. Le bourreau s’approche et votre dernière heure a sonné quand sa hache s’abat. Mais il semblerait que la pendule de votre trépas ait du retard puisque vous voilà transporté auprès de “Celui qui attend”, qui vous propose un pacte.
En échange de votre résurrection, vous vous engagez à monter un culte en son nom et à combattre les quatre hérétiques pour le libérer. Ni une, ni deux, vous sautez sur l’occasion de revenir à la vie pour vous venger de ce sort cruel et du quatuor à cornes, qui vous a injustement condamné sans autre forme de procès. Armé de la couronne du démon banni (qui vous confère des pouvoirs) et avec l’aide de Ratau, un ancien prêcheur qui a jadis rempli votre rôle, vous vous établissez donc dans une petite clairière pour y construire votre religion et y transmettre l’unique bonne parole : la vôtre !
Lambrise du mal
Habitué des productions originales et d’une communication décalée, il n’est pas étonnant que Devolver Digital se soit rapproché du studio Massive Monster (Never Give Up et The Adventure Pals) pour éditer un jeu aussi barré que Cult of the Lamb. Créé en 2016 par une équipe de trois développeurs, le studio mi-australien mi-anglais (et re-mi-australien derrière) compte à son actif un nombre non négligeable de récompenses pour ses précédents titres. Lors de son annonce à la Gamescom de 2021, Cult of the Lamb avait déclenché l’enthousiasme des foules et avait rallié à sa cause un certain nombre de suppôts latent.
Un succès dû au décalage entre une direction artistique kawaii comme pas permis, avec des protagonistes aux grands yeux tout mignons, et des sujets abordés autrement plus noirs avec la possibilité d’adopter des dogmes comme le cannibalisme, le sacrifice rituel ou encore l’extorsion religieuse. La dualité d’un gameplay mélangeant le roguelite et la simulation de vie à la Harvest Moon a également contribué à la renommée du titre avant même qu’une démo, disponible depuis juin 2022, ne soit accessible au public.
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L’hymne à la foi
Comme nous l’avons déjà dit, dans Cult of the Lamb, l’objectif est double : d’une part il va falloir créer et faire prospérer sa secte, et d’autre part il va falloir partir en guerre contre les hérétiques afin de détruire les adeptes de l’ancienne croyance et de se venger de ses prélats mutilés. Le but final et avoué étant de rendre sa liberté au dieu qui nous a redonné vie avec en cadeau de retour un culte florissant fourni clé en main. Ainsi, nous allons passer beaucoup de temps au sein de notre petite clairière, y construisant des lieux de culte, mais également de quoi satisfaire les besoins des adeptes (avec une cuisine, des couchettes, des toilettes, j’en passe et des meilleures).
Toutefois, bien que vous ayez des pouvoirs quasi divins, tous ces ajouts ne s’obtiendront pas par l’opération du Saint Esprit. Non, pour débloquer des constructions toujours plus douillettes et efficaces, il vous faudra dépenser des ressources que vous récolterez dans les donjons, ou que vos adeptes récolteront pour vous dans des mines ou des postes de bûcherons. Il vous appartiendra de donner un rôle à chacune de vos ouailles et de ne pas oublier de maintenir leur foi en vous par la réalisation de sermons réguliers ou de rituels propres à les maintenir sous votre joug.
Au-delà de votre mission de diacre, il vous faudra régulièrement quitter votre communauté afin de partir explorer des donjons générés aléatoirement pour trouver et faire passer ad patres les mécréants de la foi ennemie. On retrouve ici des niveaux de roguelite assez classiques mais efficaces, avec la possibilité de choisir son chemin en fonction des récompenses ou des ressources que l’on espère y trouver. Différents bonus, comme des cartes de tarots, des sortilèges ou des armes fournies en cours de donjons vous permettront de faire face à tous les ennemis. Mais attention, le temps passe inexorablement, pour vous comme pour vos croyants, avec un cycle jour / nuit. Si vous n’y prenez pas garde et restez trop longtemps loin de vos affidés, vous risquez la désertion, l’épidémie, voire la mort de tout votre cheptel.
Trucide-moi un mouton !
Je fais partie de ceux qui étaient déjà conquis par le titre avant même sa sortie. L’idée de mélanger deux styles aussi différents que le roguelite et le jeu de gestion m’avait conquise, de même que la proposition de monter son petit culte personnel. Une fois Cult of the Lamb en main, je dois avouer qu’il n’est pas bon… il est juste excellent ! Avec une durée de vie moyenne d’une trentaine d’heures (en prenant son temps), on navigue avec bonheur entre les différentes quêtes à accomplir, et ce malgré quelques petits bugs et une visibilité pas toujours optimale dans les donjons.
Je ne me suis pas ennuyée une seconde, l’intérêt étant sans cesse renouvelé au cours du jeu. De plus, le gameplay bien pensé et la difficulté progressive en font une expérience accessible au plus grand nombre, même aux débutants. C’est un vrai bonheur de s’occuper de sa petite tribu et de pouvoir la rendre quasiment autonome au cours de sa partie. Le choix des doctrines à adopter est aussi une idée forte, qui vous donnera un bon aperçu de votre relation avec le pouvoir. En ce qui me concerne, en adoptant le cannibalisme et le sacrifice rituel, j’ai pu me débarrasser tranquillement des trouble-fêtes avec en plus la bénédiction de mes protégés. Que demande le peuple ?
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Avec sa proposition originale, Cult of the Lamb entre dans la catégorie très select des titres à essayer absolument, malgré quelques petits défauts persistants qui n’entament en rien la joie de communier au sein d’un culte que l’on a créé. Ni trop long, ni trop court, ni trop dur, ni trop simple, le titre de Massive Monster est un exemple d’équilibre qui s’avère diaboliquement prenant de bout en bout. Cette fois-ci, je me fais l’émissaire du démon : vous devez absolument tenter l’aventure, foi de mouton !
La note de la rédaction
Les notes de la rédaction
Les points positifs
Une direction artistique super mignonne aux antipodes des thèmes abordés.
Un intérêt sans cesse renouvelé.
La prise en main et le gameplay sont instinctifs et faciles d’accès pour les débutants.
La partie simulation de vie et la partie roguelite sont équilibrées et parfaitement complémentaires.
Les points négatifs
Quelques bugs d’affichage et ralentissements à déplorer sur PC.
Des difficultés de visibilité lors des combats quand l’adversaire est trop imposant ou le décor trop chargé.